'il est
un élément qui, aux yeux d'un témoin extérieur, constitue une marque d'identité
vraiment caractéristique de la communauté
Z'Arabe,
il s'agit bien de l'appartenance religieuse. Il est bon néanmoins de procéder tout de
suite à quelques rappels et mises au point, afin d'éviter confusions et assimilations
hâtives. Premièrement, le fait que les Musulmans de la Réunion ne sont pas tous
d'origine indienne : il existe un groupe d'immigrants plus récents, et dont le nombre est
en augmentation, originaires de l'archipel des Comores ou de l'île française de Mayotte.
Leur évocation n'entre pas dans le cadre de cet ouvrage.
Deuxièmement, parmi les Indo-Musulmans, on se souviendra qu'à côté de la grande
majorité de Sunnites de rite hanafite, se sont ajoutés dans les années 1970 plusieurs
centaines de Chiites de diverses obédiences, ayant fui Madagascar et communément
surnommés "Karanes".
Nous nentrerons pas dans les détails concernant les différences entre sunnisme et
chiisme. Rappelons seulement que la dichotomie, sinon lopposition, existe depuis la
succession du Prophète Mahomet, au VIIème siècle. En ces temps reculés, les Chiites
ont refusé la destitution dAli, quatrième calife, successeur "naturel",
cousin et gendre du Prophète. Depuis lors, ils gardent fidélité aux descendants
dAli, dont le premier fut son fils Hussein, tué au cours de la bataille de Kerbala
contre les Sunnites, et vénéré encore aujourdhui comme le grand martyr de la
communauté. La fête annuelle en lhonneur dHussein constitue dailleurs
une des principales spécificités de celle-ci, même si elle nest pas célébrée
ici de la façon démonstrative
(a)
que lon connaît dans certains pays. Des Chiites réunionnais mont affirmé
cependant que cette fête est loccasion de dix jours dintense spiritualité
intériorisée.
Autre différence notable : la notion dImam. Chez les Chiites,
Imam est justement le titre attribué au successeur de Mahomet. Il est le maître
spirituel, le "mainteneur du Coran", celui qui est à même den comprendre
les significations profondes et ésotériques. Mais parmi les Chiites, il existe des
Ismaëliens, des Duodécimains (ou Khojas) et des
Bohoras,
qui, pour simplifier beaucoup ! reconnaissent des Imams différents. Chez les Sunnites,
lappellation dImam correspond à celui qui guide la prière. Nimporte
lequel des fidèles peut jouer le rôle de lImam, et il sagit souvent, tout
simplement, du fidèle le plus versé dans la connaissance des textes sacrés. En fait, il
nexiste aucune organisation hiérarchique religieuse, aucun "clergé",
chez les Sunnites. Les mollahs, théologiens de lIslam recrutés ou formés en Inde,
sils assurent des cours à la médersa et peuvent avoir une réelle influence morale
et spirituelle, ne sont investis daucun pouvoir institutionnel.
(a) Les auto-flagellations et autres pénitences des fidèles
sont particulièrement spectaculaires.