e mariage hindou ou kalianon (ou encore vivargom
ou tiroumanom), comme le mariage à l'église
pour les Chrétiens, constitue une cérémonie religieuse majeure. L'Inde a longtemps
connu les mariages arrangés, dans le respect le plus strict des contraintes de caste. La
société réunionnaise moderne est telle que les parents ne jouent plus le rôle
essentiel dans le choix des futurs époux, même si, comme dans tous les milieux, ils
cherchent à peser sur la décision finale et s'efforcent surtout d'éviter ce qui
pourrait passer pour une mésalliance. Les astres, quant à eux, sont bien sûr
consultés, ne serait-ce que pour établir le jour et l'heure propices à la
célébration.
Si le mariage catholique reste le plus courant dans le monde malbar,
il est fréquent qu'il soit, plus ou moins confidentiellement, précédé la veille de
quelques rituels hindous. On remarque cependant une nette progression des cérémonies
strictement "tamoules",
accomplies au grand jour et souvent en présence de centaines d'invités. Les rituels
durent de longues heures, les moments essentiels se déroulant au temple et surtout dans
une salle spécialement préparée pour l'occasion - généralement la grande salle
"polyvalente" construite près des temples principaux.
Comment
la cérémonie se déroule-t-elle ?
On a d'abord pris soin d'installer et décorer un pandel,
couramment appelé "salle verte" en raison des éléments végétaux utilisés
(feuilles de bananier, fleurs...). Il s'agit là d'un petit espace sacré comparable à
celui que l'on utilise pour la présentation publique des images divines, lors de
cérémonies. C'est là que vont prendre place les futurs époux, arrivés sur les lieux
précédés de musiciens et accompagnés des proches. Parmi ceux-ci, sept ou neuf dames
non veuves portant des padel(s),
plateaux chargés de divers produits ou objets nécessaires au rituel (noix de coco,
pâtisseries, vêtements des mariés, bijoux de mariage...).
Vont se succéder alors divers rituels dont nous évoquerons, en respectant
l'ordre chronologique, seulement quelques uns des plus saillants. Il y a bien sûr
l'invocation de Ganesh, le dieu qui lève les obstacles, et différents rites
purificateurs, en particulier Varuna pûjâ (le dieu védique Varuna y est vénéré sous
la forme de l'eau lustrale).
Puis c'est le bain rituel (abishagam ou abishegam
en tamoul) donné par cinq dames en sari
au fagot sacré composé de trois plantes et appelé arasânikâl.
On l'enduit de divers ingrédients (lait, miel, safran, koungon...),
on le décore de guirlandes, on y attache un cordon de coton ou un vesti.
Cette cérémonie attirera sur le couple divers bienfaits (fécondité, longévité,
douceur de vivre).
On honore également Shiva et Pârvatî sous forme de deux koumbam,
puis on consacre les kanganam, cordons attachés aux poignets des mariés (à gauche pour
le garçon, à droite pour la fille) et signes de vu .
Les deux futurs époux rendent ensuite successivement hommage à leurs
parents en leur baignant les pieds de façon rituelle (lait, miel, yaourt, safran pâte de
santal, pétales de fleurs) sur un large plateau. Devant le feu pour lequel le prêtre a
procédé à la cérémonie du yâgam, la jeune fille est offerte par ses parents à son
futur mari.
Suivent le thâli
pûjâ
et le thâli kattudal qui constituent en quelque sorte l'équivalent de la bénédiction
et de l'échange des alliances dans le mariage chrétien. Les invités et la famille
lancent ensuite sur le couple du riz safrané mêlé de pétales de fleurs (akshateï),
ajoutant ainsi leur bénédiction à celle du prêtre. Les mariés font alors sept pas
autour du feu sacré et se déroulent encore divers échanges, notamment celui des marlé,
guirlandes de fleurs, et des anneaux d'orteil (metti
pour l'homme, placé par son beau-frère ; mindji
pour la femme, placé par son mari).
On se rend ensuite au temple pour que le couple y assiste en tant que tel à
sa première cérémonie. De retour au pandel, on enlève les kanganam des poignets des
mariés, qui changent à présent de place : la femme, désormais mariée, s'assoit à la
gauche de son mari, dans la balancelle d'heureux augure où ils recevront les
félicitations et cadeaux des invités.
Au cours du banquet qui suit et dont le menu n'est pas forcément
"indien", le jeune couple circule parmi les convives pour leur adresser ses
remerciements.
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