oursuivons notre itinéraire par un
chemin qui nous fera côtoyer des richesses culturelles plus saillantes. Le chemin des
arts, de la peinture à la danse, de la musique à la sculpture… Comme toujours,
difficile de dissocier complètement tout cela de l’expression religieuse, mais qui
s’en étonnera ?
La musique réunionnaise n’a emprunté pratiquement
aucune inspiration dans le fonds indien. Séga et surtout maloya, les deux styles
traditionnels, plongent essentiellement leurs racines dans la rythmique du continent noir
et dans l’esprit des temps de l’esclavagisme. Certains attribuent aux engagés
indiens un rôle notable dans la conservation et l’évolution du maloya, ce qui
toutefois n’a pas joué sur la forme musicale elle-même. On
(a)
a bien essayé d’adopter occasionnellement l’utilisation de quelques instruments
indiens, mais cela demeure en général assez anecdotique. Les percussions ont été
relativement privilégiées : les classiques
tablâ
d’une part, mais surtout les populaires "tambours
malbars", dont les battements qui hantent les soirs de
cérémonies en s’élevant au-dessus de champs de canne ont fini par devenir
familiers à toutes les oreilles réunionnaises.
L’importation de musiques classique et carnatique est
récente et s’est faite en particulier par l’intermédiaire de Mauriciens. Elle
trouve d’ailleurs autant d’audience auprès des Métropolitains, Créoles ou
autres individualités curieuses de tous milieux que des Malbars eux-mêmes. Des cours
sont dispensés, de rares concerts prennent place dans le calendrier des manifestations
culturelles. Mais, comme davantage d’année en année en Inde même, on peut se
demander si ce type complexe de musique ne va pas se trouver supplanté par des genres
plus "motivants".
A la Réunion, les plus férus de spiritualité ou de
bhakti
peuvent être aussi attirés par les
bhâjan, chants dévotionnels fréquemment
accompagnés à l’harmonium et repris en chœur. On peut les entendre dans les
ashrams ou lors de réunions religieuses chez des particuliers. La musique indienne
moderne, en partie occidentalisée, fait aussi peu à peu son entrée. Elle n’est
diffusée que très exceptionnellement dans les médias, mais elle tend à
s’introduire dans certains spectacles de danse, au grand dam des puristes, et
bénéficie avant tout du véhicule cinématographique, sous forme de cassettes vidéo. (Extrait sonore).
L’occasion d’une expéditive parenthèse sur la
place du cinéma indien, localement : quelques festivals ponctuels, de qualité mais
qui ont du mal a déplacer les masses ; et, pour les cassettes déjà évoquées, un
petit public qui s’évertue tant bien que mal à suivre les méandres
d’intrigues échappant en grande partie à leur univers de référence… et, qui
plus est, dont les personnages s’expriment dans une langue inconnue!
La récente possibilité de capter la chaîne Tamil Oli
(mise en place par la communauté tamoule sri lankaise de Paris) pourrait faire faire un
grand pas vers la familiarisation avec les productions cinématographiques de Chennaï
(Madras) et, de façon plus générale, l’actualité et la culture tamoules.
La danse constitue, quant à elle, un secteur
d’expression artistique d’une très prometteuse et riche vitalité, d’où
le gros plan un peu plus approfondi que j’ai jugé bon de lui consacrer
(b). (Photo1,
photo2).
n ce qui concerne les beaux-arts - dans
certains cas utilisons plus humblement le terme d’artisanat - on perçoit très
clairement qu’ils n’ont de raison d’être que par leur dimension
religieuse. D’une part les petites chapelles rurales comme les grands temples urbains
représentent, pour la statuaire, la décoration, la peinture… des lieux
privilégiés par lesquels se manifeste à la vue de tous un art ici populaire, là
"académique"
(c). (Photo3,
photo4).