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'architecture et la
décoration architecturale de la Réunion traditionnelle portent aussi des traces visibles
dune influence indienne que la société créole a intimement assimilées. Déjà le
gouverneur Mahé de la Bourdonnais avait, au XVIIIème, siècle fait appel à des artisans
et ouvriers malbars, chargés de partager leur savoir faire réputé avec leurs confrères
de lîle Bourbon. Cest ainsi, notamment, qua été importée la
technique de fabrication de largamasse.
Nous avons vu, par l'illustration,
lexemple de la demeure de Mme Desbassyns, mais plus éloquente encore est
lutilisation presque systématique de la
varangue
comme élément majeur de la case créole, dès lors que celle-ci se hausse au-dessus de
son expression la plus modeste. La varangue, outre lagrément de son esthétisme, a
pu être une véritable institution dans lart de vivre créole, voire dans le
système des relations sociales, en tant quespace de transition entre le petit
univers privé et la sphère publique.
Deux éléments décoratifs probablement dorigine
indienne sont également très présents : les losanges en bas-relief coloré qui
ornent les frontons des cases de bois, et surtout les
lambrequins.
Ces sortes de dentelles blanches de bois, de métal ou, actuellement, de matière
plastique, festonnent les bordures des toits et donnent immédiatement au logis le plus
ordinaire un petit air pimpant et presque luxueux. Tout un art du paraître qui ne doit
pas faire oublier que beaucoup de Malbars vivent dans des conditions de logement peu
reluisantes.
Des rites particuliers liés à lédification de la
case doivent aussi être signalés. La position de la planète Vénus (Velli en tamoul)
est prise en compte, lentrée doit normalement y faire face ; une importance toute
particulière est accordée au choix du moment précis où les travaux doivent débuter,
en fonction du
pandyagom,
lhoroscope tamoul. La mise en place de la "première colonne" est
aussi déterminante, avec lenfouissement dune offrande de camphre, feuilles de
bétel, eau safranée et surtout pièces de cuivre. Tout au long de la construction et
souvent au-delà, une étoffe rouge écartera les mauvais esprits et autres influences
néfastes. (Photo1,
photo2,
photo3,
photo4,
photo5,
photo6,
photo7).
l est
bien sûr un autre domaine où le paraître revêt une grande importance, cest celui
de lapparence physique et vestimentaire. La différence entre "anciens" et
"modernes" trouve ici une de ses expressions les plus visibles. Conditions
matérielles et nécessité dintégration obligent, lhabillement à
loccidentale sest rapidement imposé et perdure dans la vie de tous les jours,
quels que soient les milieux. Chez les anciennes générations surtout, on met un point
dhonneur à la propreté irréprochable dune chemise, dun pantalon ou
dune robe sans fioritures. Tout aussi irréprochable que doivent lêtre
lhygiène corporelle et le soin apporté à la coiffure, notamment pour
linterminable chevelure des femmes. (Photo8).
Encouragés peut-être par lexemple des
Pondichériens ou des voisins mauriciens, ce sont avant tout les jeunes tamouls des deux
dernières décennies qui, pour les grandes occasions et les célébrations religieuses,
se sont mis à arborer comme signes identitaires éclatants le
sari
pour les femmes et le
vesti
pour les hommes. Létalage dun luxe vestimentaire dans lenceinte des
temples nest dailleurs pas sans choquer certains, qui attendraient plus
dhumilité en ces lieux. Le
langouti,
rudimentaire pièce détoffe que lon attachait autour des reins, fait
désormais plutôt partie des souvenirs. (Photo9,
photo10,
photo11,
photo12).
Composants essentiels de la parure féminine, les bijoux
ont toujours eu un rôle privilégié (thâli,
mangalion,
moukouti,
atiké,
patli...).
Lor de qualité - peu importait le style - était transmis de grand-mère en
petite-fille ; il constituait à la fois une marque de prestige, la richesse dont on ne se
séparait pas et, par son éclat détournant les regards qui auraient pu porter sur la
personne elle-même, une garantie contre le mauvais il. A présent, les jeunes
filles ne sembarrassent guère de ces principes et se plaisent parfois à se
surcharger coquettement de fantaisies plus ou moins indiennes. Pour ce qui est du moukouti
et de la chaînette de cheville, on peut parler dun véritable phénomène de
mode qui touche autant les autres groupes ethniques de lîle que les jeunes
Malbaraises. Certains bijoux masculins traditionnels sont eux aussi encore en usage :
bijoux de mariage ou kalkin
par exemple.
Il en va de même, à un degré moindre, de lusage du
pottu.
Le pottu, ou
koungon,
est la marque de poudre ou de pâte colorée que lon sappose sur le front,
entre les sourcils, au niveau de lâjnâ chakra si lon se rapporte au
Kundalinî-yoga. Symbole de lil de la connaissance, signe protecteur, il
permet accessoirement de savoir si la personne qui le porte est mariée ou non. Dans le
premier cas la marque est rouge, dans le second cest le noir qui est utilisé. Il va
sans dire que ce symbolisme nest pas systématiquement respecté, ni connu. On
retient surtout laspect exotique et décoratif dun objet commercialisé
maintenant sous forme de pastilles autocollantes, de formes et de coloris aussi variés
que voyants. (Photo13,
photo14,
photo15).
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Malbars, Tamouls : pages
1,
2,
3,
4,
5,
6,
7,
8,
9,
10,
11,
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