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Mehndi, henné - L'art du tatouage au henné

Mehndi, henné - L'art du tatouage au henné


Présentation   Technique   Infos pratiques   Vidéo

PRESENTATION ET HISTOIRE

     Le henné est d'abord une plante, répertoriée sous le nom latin de Lawsonia inermis, qui pousse sous les climats chauds et secs, principalement du Maroc à l'Inde, en passant par l'Egypte, la Syrie, l'Iran ou le Pakistan. Mais la culture se pratique aussi, à petite échelle, dans des pays ou régions tels que la Chine, l'Indonésie, les Antilles... L'arbuste, dans les conditions les plus favorables, mesure jusqu'à trois mètres de haut, et c'est sa feuille, séchée et réduite en poudre, que l'on utilise pour pratiquer l'art de la peinture corporelle. La fleur, blanche, rose ou jaune selon les variétés, est petite et parfumée ; son distillat est utilisé dans l'industrie cosmétique.
     Les appellations sont nombreuses : henné, hina, al-henna ; le mot mehndi (parfois mendhi, mehendi ou mehandi) est réservé à la poudre, à la pâte et à la pratique du tatouage temporaire... Les Tamouls, quant à eux, parlent de l'arbuste marudhani, marudhôndri ou aïvanam, mais ils pratiquent sans doute moins que des peuples nord-indiens la peinture corporelle au henné, probablement pour des raisons culturelles et des raisons pratiques dues à la couleur de peau.

    L'histoire du henné et du mehndi est très ancienne et, finalement, assez bien connue. On la fait aisément remonter à plusieurs milliers d'années. Les moins avares, ou les plus aventureux, évoquent l'époque de la vieille cité de Catal Huyuk, il y a quelque 9 000 ans, dans ce qui deviendrait bien plus tard la Turquie. Certaines représentations liées au culte d'une déesse de la fertilité tendent à faire penser que l'on utilisait le henné dans ce contexte religieux.
     Les autres traces ou témoignages sont nombreux : il y a 5 000 ans les Egyptiens coloraient de henné ongles et cheveux des momies, on en a retrouvé des traces sur celle de Ramsès II ; la légende de Baal et Anath, rédigée en Syrie vers 2 100 av J-C., révèle l'usage féminin du henné sur les mains, dans les rites d'épousailles ; les mains de statuettes de divinités féminines minoennes ou mycéniennes (vers 1 700/900 av. JC.) portent des marques typiques de motifs au henné ; les Carthaginois apportèrent la pratique du dessin corporel au henné jusquà l'Afrique du Nord et la péninsule ibérique... Romains, Juifs, Chrétiens et Musulmans d'Arabie et d'ailleurs pratiquaient plus ou moins couramment cet art.

   L'introduction en Inde semble remonter au Vème s., comme pourraient le prouver des découvertes dans les grottes d'Ajanta. En ces temps, hommes et femmes, riches et pauvres, humains, divinités ou démons étaient représentés avec des décorations corporelles au henné. Mais c'est, au XIIème s., l'arrivée des Moghols, musulmans, qui marque le début d'une tradition et d'une véritable culture du mehndi dans le Sous-Continent. Les souverains Râjputs d'Udaipur (ou Mewar, au Râjasthân) utilisaient le henné en applications sur les pieds et les mains, pour ne citer qu'une référence célèbre. Les préparations, les techniques d'application, les motifs, devinrent alors de plus en plus sophistiqués, et les habitudes d'utilisation de plus en plus ancrées dans la vie de chacun, selon des principes esthétiques, religieux, culturels ou médicinaux. Il faut noter qu'une très traditionnelle et typique occasion d'utiliser le mehndi est l'ensemble des cérémonies de mariage : on rejoint là les pratiques les plus anciennes, évoquées plus haut.
   Les motifs du mehndi indien sont variés : entrelacs et figures géométriques chez les musulmans, motifs figuratifs, souvent inspirés de la nature (oiseaux, mangues, feuilles et fleurs...), chez les hindous, tandis que les Tamouls recourent à des dessins circulaires dans la paume de la main et des aplats colorés enveloppant de bout des doigts et le pourtour des pieds (ce sont de telles pratiques qui sont appliquées notamment par les danseuses, à la Réunion par exemple).

    

     
 

   De nos jours le henné, comme le tatouage véritable d'origine polynésienne, connaît une mode qui dépasse de loin les frontières de sa zone traditionnelle de pratique. On peut, dans ce domaine comme dans tant d'autres, parler de mondialisation. Les symbolismes, significations culturelles et autres dimensions religieuses sont généralement bien oubliés, et ne demeure plus qu'une motivation esthétique, souvent très métissée d'ailleurs : les influences se mêlent, puisant leur inspiration chez les Berbères aussi bien que chez les Celtes, dans la tradition indienne aussi bien que dans la modernité occidentale... Des créateurs professionnels et autres spécialistes ont pignon sur rue, prospérant notamment aux Etats-Unis...

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