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Si
l'on faisait une histoire universelle des habitudes vestimentaires, il est probable que le
sari y occuperait une place spéciale, voire exceptionnelle. Si la stola des patriciennes
romaines a disparu depuis belle lurette, si le kimono des Japonaises ne se porte plus que
dans d'assez rares occasions, il existe encore des millions d'indiennes qui, comme leurs
lointaines ancêtres, revêtent quotidiennement le sari. Extraordinaire
longévité pour ce vêtement dont l'origine, obscure, remonte à un lointain
passé ! On a retrouvé des représentations d'un vêtement drapé, très voisin du sari
actuel, datant d'environ 100 av. J.C.
Faut-il en trouver l'explication dans un conservatisme traditionaliste
indien, dans la simplicité de conception de cette large bande de tissu, dans ses
qualités esthétiques ? Peu importe. Le sari a traversé les âges, et c'est très bien
ainsi.
Autant est frappante cette fidélité de la femme indienne à ce vêtement en
particulier, autant peut l'être aussi la grande diversité des manières de
draper le sari. Selon les régions, les castes et les activités, les
religions... la technique du drapé peut varier. Mon propos n'est pas ici d'entrer dans
l'évocation de ces variantes. On pourra avec beaucoup d'intérêt approfondir le sujet en
consultant le site de Chantal Boulanger : Le
drapé des saris.
A la Réunion, le sari est presque
exclusivement porté, par certaines femmes, à l'occasion des fêtes religieuses
hindoues ; mais son usage semble voué à se répandre dans les années à venir. D'autres
femmes ne le portent jamais, pour diverses raisons telles que le coût du vêtement
(élevé dans l'île), le manque d'habitude ou la méconnaissance de la technique du
drapé. Puisse cette page leur être utile ! Notons aussi que le sari est aussi
occasionnellement revêtu par certaines femmes de la communauté indo-musulmane.
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Le
sari, comme je l'ai dit, est une large
bande de tissu, de 1m20 environ sur 5,5 à 10 m de long.
Il se porte sur un jupon, appelé pâvadèï en tamoul, ghagra
en hindi, et un corsage serré laissant une partie du ventre nue (sattèï
en tamoul, choli en hindi). Il semblerait que le port du jupon et du corsage
remonte à la période de la colonisation britannique.
Le sari lui-même est toujours fait d'une seule pièce.
Selon l'hindouisme, tout vêtement cousu, percé par une aiguille était considéré comme
impur. C'est seulement avec les invasions musulmanes que furent introduits et répandus
les vêtements cousus.
Voici à quoi peut ressembler un sari déplié. Je fais figurer ici les
appellations tamoules - non garanties : merci de corriger les éventuelles erreurs ! - des
diverses parties :
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Comment se
draper dans un sari ?
La technique expliquée ici n'est bien évidemment pas la seule...
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1) Comme je l'ai dit, le sari se porte sur deux autres vêtements :
d'une part un corsage court généralement à manches courtes et encolure arrondie,
laissant le ventre dénudé. Ce chemisier peut être très simple ou extrêmement
décoré. D'autre part un jupon resserré à la taille par un cordon à nouer. Ce jupon
restera bien sûr invisible une fois le sari revêtu. |
2) Prendre l'extrémité non décorée du sari et, en commençant au
milieu du ventre, en coincer la bordure supérieure à l'intérieur du jupon. Faire ainsi
un tour de taille complet, dans le sens inverse des aiguilles d'une montre. La bordure
inférieure doit frôler le sol, les pieds doivent rester cachés. Un sari porté trop
court est un signe d'inélégance. |
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3) Il faut à présent former, les uns sur les autres, une
dizaine (plus ou moins) de plis d'environ 12 cm de large, avec la bordure supérieure de
la partie du sari qui suit immédiatement l'extrémité coincée dans le jupon. Ces plis
vont bien évidemment descendre jusqu'à l'extrémité inférieure, avec un très léger
effet d'éventail. Voir le pliage en vidéo :
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4) La partie supérieure de ce pan de sari plié doit être à son
tour étroitement coincée dans le jupon, légèrement à gauche du nombril. |
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5) Se draper dans le pan restant, en passant sous l'aisselle
droite puis sur l'épaule gauche. L'extrémité inférieure pendant dans le dos doit
environ se trouver au niveau des genoux. |
6) Il est recommandé de fixer le pan sur l'épaule
à l'aide d'une épingle (il en existe de spécialement conçues à cet effet).
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Pour
finir, voici quelques éléments pour la compréhension de la valeur
symbolique des couleurs et de certains motifs traditionnels. Bien sûr, la femme qui porte
le sari n'a pas forcément conscience, loin de là, de ces significations.
Commençons par les couleurs :
Blanc : couleur traditionnelle des brâhmanes ou prêtres (la teinture
étant considérée comme impure), c'est aussi la couleur du deuil, portée donc par les
veuves.
Vert : jadis la couleur de la caste des vaishya (marchands). Elle est
aujourd'hui surtout un signe d'appartenance à la communauté musulmane. Des saris verts
sont portés aussi, dans certaines régions de l'Inde, pour le mariage.
Bleu : traditionnellement la couleur de la caste des shûdra
(agriculteurs, artisans, tisserands...). Elle était évitée par les castes élevées (le
procédé d'obtention de l'indigo étant considéré comme particulièrement impur).
Noir : couleur traditionnellement rare, considérée de mauvais augure.
Rouge : couleur de la caste des kshatriya (nobles guerriers). Censée
être de bon augure. C'est également la couleur la plus habituelle des saris de mariage.
Jaune et safran : son symbolisme est lié à la religiosité, à
l'ascétisme. Dans certaines régions de l'Inde, une tradition veut qu'une mère porte un
sari jaune sept jours après la naissance de son enfant.
Voyons à présent quelques motifs :
Mangue stylisée (cf. ci-dessus) : il s'agit avant tout d'un
symbole de fertilité et d'abondance.
Éléphant : il représente, sans surprise, la puissance, le pouvoir, la
royauté mais son symbolisme peut aussi être associé à l'eau et à la fertilité.
Perroquet : il est signe de passion, de séduction.
Poisson : un autre signe de fertilité et d'abondance, mais aussi de
pouvoirs surnaturels.
Conque : elle représente le son divin.
Bien sûr on rencontre aussi divers motifs de fleurs, plus ou moins
stylisées, à valeur purement décorative ou au symbolisme varié...
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