'Etat d'Orissa a
donné son nom à la danse odissi ou orissi. C'est une des plus anciennes formes connues
en Inde. Elle est considérée comme classique par certains spécialistes, ce que
contestent d'autres... Des traces iconographiques, mais aussi des sculptures (à Konârak
par exemple) et divers textes feraient remonter son origine à plus de 2 000 ans et, comme
bien d'autres traditions chorégraphiques, à des pratiques rituelles : celles des
danseuses de temples, les devadâsîs, appelées ausi Mahârîs dans cette région. Il a
aussi existé une forme que l'on pourrait qualifier de danse de cour royale, appelée
nartaki, et également une forme particulière, celle des gotipuas, garçons vêtus de
tenus de femmes. L'odissi a aussi connu ses heures sombres de déclin, d'abord au XVIIème
s., où la réputation des danseuses a pâti de leur assimilation à des prostituées,
puis plus encore à l'époque de la puritaine colonisation britannique. Mais c'était pour
ressurgir culturellement à partir des années 1930 et 1950 sous l'impulsion de plusieurs
maîtres. Les images et sculptures antiques servirent de source pour reconstituer
authentiquement postures, expressions, mouvements et même costumes.
L'odissi est en partie comparable au bhârata-natyam, mais a la
réputation d'être une forme moins athlétique, plus douce, peut-être plus sensuelle.
L'aspect sculptural se retrouve en particulier par des positions corporelles fondées
notamment sur le tribhanga, la triple flexion : de la tête, du corps et des
jambes, au niveau du cou, de la taille et des genoux. L'usage des mudrâs et des autres
expressions mimiques et corporelles (pas, yeux, visage...) rappelle beaucoup le
bhârata-natyam, de même que l'alternance de danse pure (nritta) et de danse
figurative, descriptive (nritya) .
La thématique de l'odissi, où les experts reconnaissent de
lointaines influences bouddhiques et tantriques, est avant tout nourrie par la vie du dieu
Krishna, telle qu'elle est par exemple évoquée dans la Gîtagovinda qui raconte les
amours du dieu et de Râdhâ. Le sens mystique et spirituel du texte comme de la danse qui
s'en inspire est une réalité traditionnelle... que certaines évolutions modernes
estompent parfois. Il faut dire que l'odissi d'aujourd'hui est pratiqué sur les scènes
des théâtres, non plus - ou rarement - dans l'enceinte des temples !
Nous l'avons dit, le costume des interprètes d'odissi est
basé sur l'observation des sculptures antiques. Ici encore, on n'est pas très loin des
habitudes du bhârata-natyam. Ces costumes sont colorés, et les bijoux en argent sont
abondamment utilisés, en particulier des ornements élaborés au niveau de la taille. La
musique, quant à elle, se rattache à la tradition classique hindoustani, avec quelques
spécificités régionales. L'orchestre d'odissi fait bien sûr appel aux percussions
(cymbales manjira et surtout tambour pakhâwaj, comparable au mridangam sud-indien), mais
également à la flûte de roseau (bansuri) ou aux instruments à corde (sitar, tampura).