Brigitte Chataignier, Mohini Attam (Inde 2005)
par
compagnieprana
ohinî-attam
est le nom d'une danse classique - plus récemment que
d'autres classifiée comme telle - du Kerala, féminine
à la différence du théâtre dansé kathâkali, pratiqué dans la même région. La
popularité de cette danse, notamment en dehors du Kerala, est récente et remonte à
quelques décennies à peine, et elle est parfois encore mal considérée dans la
"bonne société".
Historiquement, on trouve mention du mohinî-attam dans des
textes dès le XVIIIème s., mais c'est au Mahârâja Swati Tirunal (XIXème s.) que l'on
attribue la mise à l'honneur de ce style dans son Etat. Débuta alors une codification,
poursuivie au cours du XXème s., qui fit du mohinî attam une danse féminine, en solo,
réputée pour sa grande sensualité. Mot à mot, l'appellation signifie "danse de
l'Enchanteresse". L'Enchanteresse - ou la "Trompeuse" ! - en question
n'est autre que Mohinî, forme féminine prise par Vishnou pour reprendre par ruse aux
Démons le Nectar Divin. Le charme érotique de Mohinî séduisit même le grand dieu
Shiva et ils eurent un fils, Aiyanâr, vénéré dans les villages du Sud de l'Inde. Cette
origine mythologique particulière explique donc l'aspect spécialement voluptueux de ce
style. Mythologique ne signifie du reste pas religieuse : contrairement à la plupart des
autres grandes danses, le mohinî attam n'est une danse de temple et ne se nourrit pas
d'esprit sacré.
Ses caractéristiques chorégraphiques résident
principalement dans les balancements du torse, des pas particuliers, la position
semi-pliée des jambes, la coquetterie des regards, la fluidité et la relative lenteur
des enchaînements, la grâce ouvertement sensuelle de la prestation. Certains
commentateurs évoqueront le spectacle des palmes bercées par le vent, d'autres celui des
barques doucement balancées sur les lagunes du Kerala, d'autres encore le pouvoir
charmeur de Mâyâ, l'Illusion des apparences. La thématique est quant à elle, bien
sûr, inspirée du mythe de Mohinî, mais également des spectacles de la nature.
Le costume de mohinî-attam est traditionnellement simple,
blanc ou blanc cassé, avec une bordure rouge ou dorée. La chevelure est serrée en
chignon sur le côté gauche de la tête, et décorée de fleurs blanches. Les bijoux ne
sont pas oubliés (colliers, boucles d'oreilles...) et un maquillage insistant souligne le
rôle expressif des yeux. La musique, elle, est de type carnatique et fait appel à des
instruments traditionnels tels que le shuddha madalam ou l'edakka (comparable au oulké
connu à la Réunion, mais de plus grandes dimensions).
A lire en complément :
notre
interview de Brigitte Chataignier et celle de
Shyamala Surendran.
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