'est, comme son
nom l'indique, l'Etat de Manipur (Nord-Est de l'Union Indienne) qui est le berceau de
cette danse, considérée comme classique et l'une des plus belles du pays. Elle serait
issue d'une danse ancienne et rituelle, toujours pratiquée : le lai haroba, décrivant la
Création. L'histoire - ou plutôt la légende - dit que c'est un roi nommé Khuyoi
Tompok, grand protecteur des arts, qui développa le manipuri au cours du IIème s. après
J.-C. Plus probablement, cette danse remonte à l'introduction dans la région du culte
des dévots de Vishnou, les Vaishnaves, au XVème s. Un autre roi, Kyamba, semble avoir
joué à l'époque un rôle décisif, prolongé par ses successeurs : Khagemba,
Chairairangaba et d'autres encore. Enfin, au XVIIIème s., le roi Bhagyachandra convia
tous les spécialistes de l'époque à s'attaquer à un travail de codification... ce
qu'ils firent et qui aboutit à l'élaboration des formes actuelles du manipuri. Louis
Frédéric, dans son Dictionnaire de la civilisation indienne, affirme que c'est
le grand poète bengali Rabindranâth Tagore qui le fit connaître au reste de l'Inde.
L'essence de la danse manipuri est sacrée, et des
représentations, en groupe ou en solo, continuent d'avoir lieu dans les temples ou à
l'occasion des festivités religieuses, même si des spectacles sont à présent souvent
donnés en d'autres lieux et d'autres circonstances. Plusieurs formes existent, les unes
délicates et féminines, d'autres masculines et pleines de vigueur. Généralement la
source d'ispiration est la Rasa Lîlâ, la danse cosmique de Krishna, Râdhâ et les
autres gopîs (vachères de Vrindâvan et Gokul). Les danseuses en superbes costumes
forment notamment des sortes de rondes lentes.
Le pung cholam, tirant son nom du pung, un tambour typique de
l'Etat de Manipur, est une forme masculine (mais pas exclusivement) où les danseurs, tout
en jouant de cet instrument, se livrent à des figures époustouflantes comprenant sauts
acrobatiques et pirouettes spectaculaires.
La musique sur laquelle se danse le manipuri est
particulière, dans ses motifs mélodiques et rythmiques, même si elle appartient à la
grande famille de la musique hindoustani. Particulier surtout est le rôle central de
certains instruments, comme le pung dans la forme pung cholam qui vient d'être évoquée.
Ce pung, dont on tire des sons doux comme un murmure ou au contraire tonitruants, est
même un objet de vénération rituelle, pour ce qu'il représente de sacré. D'autres
instruments fréquents sont les cymbales (kartal, manjira), l'harmonium, la flûte, la
conque... Notons également la présence de chants dévotionnels, en sanskrit ou en langue
moderne, tirés souvent de grands poètes vishnouites tels que Chandidâs, Jayadeva ou
Govindadâs. Le costume des danseuses de manipuri est lui aussi remarquable : longues
jupes brodées de forme caractéristique, voiles transparents, plumes de paon... un
spectacle à lui tout seul !