Mayuka Ueno Gayer :
"Par rapport à la danse occidentale, la danse indienne comporte une dimension méditative"
    
  

   La jeune Japonaise Mayuka Ueno Gayer est une danseuse de style Odissi que le public français a pu découvrir à l'occasion des premières Rencontres de la Danse Indienne à Montpellier en 2008. Elle prépare également des créations chorégraphiques personnelles. Elle a bien voulu répondre, en français, à nos questions.


Interview

  • IR : Mayuka Ueno Gayer, pouvez-vous tout d'abord vous présenter à nos visiteurs ?

MUG : Je suis née à Osaka, au Japon. J’ai commencé ma formation de ballet classique occidental à l’âge de 3 ans et je me suis ensuite intéressée à l’art du spectacle. Diplômée de l’université de Keio (Tokyo, Japon), je me suis installée à Paris pour poursuivre des études de philosophie et d’esthétique de l’art du spectacle à l’université Paris 8. Au fil de mes études, j’ai fait plusieurs créations de danse contemporaine avec différents artistes, tels que Geisha Fontaine, Oliver Coste, Shu Okuno , Ray Nakazawa. Avec cette dernière, j’ai co-chorégraphié une pièce « Millilitle », qui a été beaucoup appréciée dans le cadre du festival de danse du Val de Marne, organisé par Michel Caserta. En 2006, je me suis installée avec mon mari à New Delhi, Inde, et j’ai commencé à étudier l’une des danses indiennes classiques « Odissi » avec guru Pratibha Jena, en tant que boursière du gouvernement indien (ICCR).  J’ai découvert le message universel de la danse indienne ainsi que la richesse de ses langages physique et facial. Je poursuis actuellement ma formation en approfondissant ma passion pour l’Odissi et tente également de faire une nouvelle création chorégraphique à partir des vocabulaires physiques différents que j’ai acquis jusqu’à présent, sans ignorer bien sur la beauté de chaque style.

  •  IR : Il n'est pas commun de voir une Japonaise pratiquer une danse classique indienne : la danse indienne est-elle bien connue et appréciée au Japon ?

MUG : Pas vraiment, même si la danse indienne commence à être appréciée dans le pays. Au Japon, il est possible de danser dans les temples, cela ouvre de nombreuses possibilités de dialogue entre traditions.

  • IR : Qu'est-ce qui vous a attirée dans cette danse, en particulier dans le style Odissi ?

MUG : Son côté « sinueux », « ondulant », et l’expression très forte des visages, surtout dans le style développé par mon Guru-ji, par rapport aux autres styles Odissi, plus sobres à cet égard.

  • IR : Quelle formation avez-vous suivie dans ce domaine de l'Odissi ?

MUG : J’ai suivi les cours de Guru Prathibha Jena, la fille de Guru Surendra Nath.

  • IR : On dit que la danse Odissi que vous pratiquez est d'un style particulier que certains qualifient de subversif : pouvez-vous nous en dire davantage ?

MUG : Guru Surendra Nath a développé un style bien particulier, en supprimant certains mouvements (le style gotipuas) tout en développant un nouveau langage chorégraphique inspiré du quotidien. Enfin, il a intégré à ses chorégraphies des influences tantriques jugées « excessives » par d’autres courants.

  • IR : Qu'est-ce que vous apporte personnellement ce style spécial, et la danse en général ?

MUG : Par rapport à la danse occidentale, la danse indienne comporte une dimension méditative. C’est une danse très apaisante, ouvrant sur le spirituel.

  • IR : Votre formation personnelle de danseuse de ballet classique occidental  influence-t-elle d'une manière ou d'une autre votre approche de la danse Odissi ?

MUG : Oui, bien sûr. L’une des postures de l’Odissi (chawk) demande une grande flexibilité. Il en va de même pour certaines postures en suspension. Ma formation à la danse classique à été très utile à cet égard.

  • IR : Comment caractériseriez-vous vos créations chorégraphiques : qu'ont-elles de spécifique ? Quelle est votre inspiration ? Que cherchez-vous à exprimer et à communiquer au public ?

MUG : Pour l’instant, je voudrais me concentrer sur deux créations de ma Guru-ji, « Chaya-Jatak » et « Dasavatar », qui chacune à sa manière apparaît révélatrice du style développé par Guru Surendra Nath Jena. Je voudrais ainsi mieux faire connaître la beauté du style Odissi, et de sa portée méditative. Plus tard, je souhaiterais travailler sur une création personnelle mêlant des influences venues de la danse classique occidentale et de l’Odissi, en particulier en ce qui concerne les expressions faciales.

  • IR : Qu'est-ce qui vous a poussé à participer aux premières Rencontres de la Danse Indienne à Montpellier ?

MUG : J’ai toujours beaucoup compté sur l’ouverture d’esprit des Français… J’ai voulu saisir cette occasion pour mieux faire connaître l’Odissi.

  • IR : Que diriez-vous pour inciter une jeune fille à se lancer dans la danse Odissi ?

MUG : Le plus difficile, pour une jeune Occidentale qui se lancerait dans l’Odissi, tient au rapport au Guru. Il faut se montrer humble, apprendre à servir son maître, lui faire une entière confiance.

  • IR : Quels sont vos projets personnels ?

MUG : Actuellement en France pour quelques mois, je souhaiterais faire de nouvelles connaissances, découvrir de nouvelles danses, de nouvelles musiques, et collaborer avec des artistes maîtrisant d’autres langages corporels.

 

Haut de page


   

Retour à la page précédente

SOMMAIRE