Les
documents complémentaires présentés ici correspondent à la
séquence suivante :
SÉQUENCE
L1 :
Pantagruel, prologue et chapitres 1, 2, 4, 5, 8, 9 et
15, de François RABELAIS
Objet d’étude principal :
Vers un espace culturel européen :
Renaissance et humanisme.
Cette séquence
aborde l'œuvre de Rabelais en mettant
en évidence les
valeurs humanistes qu'elle véhicule : en particulier
l'enthousiasme qui caractérise cette période. Les
textes et activités complémentaires permettent d'ouvrir sur
la dimension européenne du mouvement humaniste, notamment en
approfondissant les idées nouvelles sur le domaine de
l'éducation et en proposant une découverte de l'expression
artistique à la Renaissance.
Problématique principale
pour la séquence L1 : En quoi l'œuvre de Rabelais
propose-t-elle des idées représentatives de la Renaissance
et de l'humanisme ?
DOCUMENTS
:
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sur l'Humanisme.
Corrigé de la
lecture
analytique du prologue.
Corrigé de la
lecture
analytique de "Dilemme".
Corrigé de la
lecture analytique de "Education".
Textes
-
Chercher le bonheur sans violer les lois est sagesse ;
travailler au bien général est religion ; fouler au pied
la félicité d'autrui en courant après la sienne est une
action injuste. Au contraire, se priver de quelque
jouissance, pour en faire part aux autres, c'est le
signe d'un cœur noble et humain, qui, du reste, retrouve
bien au-delà du plaisir dont il a fait le sacrifice.
D'abord cette bonne œuvre est récompensée par la
réciprocité des services ; ensuite, le témoignage de la
conscience, le souvenir et la reconnaissance de ceux
qu'on a obligés, causent à l'âme plus de volupté que
n'aurait pu en donner au corps l'objet dont on s'est
privé. Enfin, l'homme qui a foi aux vérités religieuses
doit être fermement persuadé que Dieu récompense la
privation volontaire d'un plaisir éphémère et léger, par
des joies ineffables et éternelles. »
Thomas MORE – De la description de l'île d'Utopie,
second livre – 1516
-
L’art d’instruire consiste en plusieurs parties, dont la
première et la principale est que l’esprit encore tendre
reçoive les germes de la piété ; la seconde, qu’il
s’adonne aux belles-lettres et s’en pénètre à fond ; la
troisième, qu’il s’initie aux devoirs de la vie ; la
quatrième, qu’il s’habitue de bonne heure aux règles de
la civilité. C’est cette dernière partie que j’ai
aujourd’hui choisie pour sujet ; d’autres se sont
occupés des trois premières et moi-même j’en ai traité
maintes fois. Quoique le savoir-vivre soit inné chez
tout esprit bien réglé, cependant, faute de préceptes
formels, des hommes honnêtes et instruits en manquent
parfois, ce qui est regrettable. Je ne nie pas que la
civilité ne soit la plus humble section de la
Philosophie, mais (tels sont les jugements des mortels)
elle suffit aujourd’hui à concilier la bienveillance et
à faire valoir des qualités plus sérieuses. Il convient
donc que l’homme règle son maintien, ses gestes, son
vêtement aussi bien que son intelligence. La modestie,
voilà ce qui convient surtout aux enfants, et
principalement aux enfants nobles : or, il faut réputer
nobles tous ceux qui cultivent leur esprit par la
pratique des belles-lettres. Que d’autres fassent
peindre sur leurs écussons des lions, des aigles, des
taureaux, des léopards : ceux-là possèdent plus de vraie
noblesse, qui pourrait orner leurs armoiries d’autant
d’emblèmes qu’ils ont cultivé d’arts libéraux.
ÉRASME – Traité de civilité puérile – 1530
-
Ensuite, il le soumit à un rythme de travail tel qu’il
ne perdait pas une heure de la journée, mais consacrait
au contraire tout son temps aux lettres et aux études
libérales. Gargantua s’éveillait donc vers quatre
heures du matin. Pendant qu’on le frictionnait, on lui
lisait quelque page des Saintes Ecritures, à voix haute
et claire, avec la prononciation requise. Cet office
était dévolu à un jeune page natif de Basché, nommé
Anagnostes. Suivant le thème et le sujet du passage,
bien souvent, il s’appliquait à révérer, adorer, prier
et supplier le bon Dieu dont la majesté et les
merveilleux jugements apparaissent à la lecture.
[...] Cela fait, était habillé, peigné, coiffé,
apprêté et parfumé et, pendant ce temps, on lui répétait
les leçons de la veille. Lui-même les récitait par cœur
et y appliquait des exemples pratiques concernant la
condition humaine ; ils poursuivaient quelquefois ce
propos pendant deux ou trois heures, mais d’habitude ils
s’arrêtaient quand il était complètement habillé.
Ensuite, pendant trois bonnes heures on lui faisait
la lecture. Cela fait, ils sortaient, toujours en
discutant du sujet de la lecture, et allaient faire du
sport au Grand Braque ou dans les prés, ils jouaient à
la balle, à la paume, au ballon à trois, s’exerçant
élégamment le corps, comme ils s’étaient auparavant
exercé les âmes.
Tous leurs jeux n’étaient que liberté, car ils
abandonnaient la partie quand il leur plaisait et ils
s’arrêtaient en général quand la sueur leur coulait par
le corps ou qu’ils ressentaient autrement la fatigue.
Ils étaient alors très bien essuyés et frottés, ils
changeaient de chemise et allaient voir si le repas
était prêt en se promenant doucement.
RABELAIS – Gargantua, chapitre 23 – 1534
-
A Mademoiselle Clémence de Bourges, Lionnaise
Étant le temps venu, Mademoiselle, que les sévères lois des hommes
n'empêchent plus les femmes de s'appliquer aux sciences
et disciplines: il me semble que celles qui [en] on la
commodité, doivent employer cette honnête liberté que
notre sexe a autrefois tant désirée, à icelles
apprendre: et montrer aux hommes le tort qu'ils nous
faisaient en nous privant du bien et de l'honneur qui
nous en pouvaient venir: et si quelqu'une parvient en
tel degré, que de pouvoir mettre ses conceptions par
écrit, le faire songneusement et non dédaigner la
gloire, et s'en parer plutôt que de chaînes, anneaux, et
somptueux habits: lesquels ne pouvons vraiment estimer
nôtres, que par usage. Mais l'honneur que la science
nous procurera, sera entièrement nôtre: et ne nous
pourra être ôté, ne par finesse de larron, ne force
d'ennemis, ne longueur du temps. Si j'eusse été tant
favorisée des Cieux, que d'avoir l'esprit grand assez
pour comprendre ce dont il a eu envie, je servirais en
cet endroit plus d'exemple que d'amonition. Mais ayant
passé partie de ma jeunesse à l'exercice de le Musique,
et ce qui m'a resté de temps l'ayant trouvé court pour
la rudesse de mon entendement, et ne pouvant de moi-même
satisfaire au bon vouloir que je porte à notre sexe, de
le voir non en beauté seulement, mais en science et
vertu passer ou égaler les hommes : je ne puis faire
autre chose que prier les vertueuses Dames d'élever un
peu leurs esprits par-dessus leurs quenoilles et
fuseaux, et s'employer à faire entendre au monde que si
nous ne sommes faites pour commander, si ne devons-nous
être dédaignées pour compagnes tant ès affaires
domestiques que publiques, de ceux qui gouvernent et se
font obéir. Et outre la réputation que notre sexe en
recevra, nous aurons valu au public, que les hommes
mettront plus de peine et d'étude aux sciences
vertueuses, de peur qu'ils n'aient honte de voir [les]
précéder celles, desquelles ils ont prétendu être
toujours supérieurs quasi en tout.
Louise LABÉ – Épître dédicatoire à Clémence de
Bourges – 1555
-
Je me
ferai savant en la philosophie,
En la mathématique et médecine aussi :
Je me ferai légiste, et d'un plus haut souci
Apprendrai les secrets de la théologie :
Du luth
et du pinceau j'ébatterai ma vie,
De l'escrime et du bal. Je discourais ainsi,
Et me vantais en moi d'apprendre tout ceci,
Quand je changeai la France au séjour d'Italie.
O beaux
discours humains ! Je suis venu si loin,
Pour m'enrichir d'ennui, de vieillesse et de soin,
Et perdre en voyageant le meilleur de mon âge.
Ainsi
le marinier souvent pour tout trésor
Rapporte des harengs en lieu de lingots d'or,
Ayant fait, comme moi, un malheureux voyage.
DU BELLAY – Les Regrets, sonnet 32 – 1558
-
A un enfant de maison qui recherche les lettres, non
pour le gain (car une fin si abjecte est indigne de la
grâce et faveur des Muses, et puis elle regarde et
dépend d’autrui), ni tant pour les commodités externes
que pour les siennes propres, et pour s’en enrichir et
parer au-dedans, ayant plutôt envie d’en tirer un habile
homme qu’un homme savant, je voudrais aussi qu’on fût
soigneux de lui choisir un conducteur qui eût plutôt la
tête bien faite que bien pleine, et qu’on y requît tous
les deux, mais plus les mœurs et l’entendement que la
science ; et qu’il se conduisît en sa charge d’une
nouvelle manière.
On ne cesse de criailler à nos oreilles, comme qui
verserait dans un entonnoir, et notre charge ce n’est
que redire ce qu’on nous a dit. Je voudrais qu’il
corrigeât cette partie, et que, de belle arrivée, selon
la portée de l’âme qu’il a en main, il commençât à la
mettre sur la montre, lui faisant goûter les choses, les
choisir et discerner d’elle-même ; quelquefois lui
ouvrant chemin, quelquefois le lui laissant ouvrir. Je
ne veux pas qu’il invente et parle seul, je veux qu’il
écoute son disciple parler à son tour. Socrate et depuis
Arcesilas faisaient premièrement parler leurs disciples,
et puis ils parlaient à eux. « Obest plerumque iis
qui discere volunt auctoritas eorum qui docent. »
(1)
Il est bon qu’il le fasse trotter devant lui pour
juger de son train, et juger jusques à quel point il se
doit ravaler pour s’accommoder à sa force. A faute de
cette proportion, nous gâtons tout ; et de la savoir
choisir, et s’y conduire bien mesurément, c’est l’une
des plus ardues besognes que je sache ; et est l’effet
d’une haute âme et bien forte, savoir condescendre à ses
allures puériles et les guider. Je marche plus sûr et
plus ferme à mont qu’à val.
Ceux qui, comme porte notre usage, entreprennent
d’une même leçon et pareille mesure de conduite régenter
plusieurs esprits de si diverses mesures et formes, ce
n’est pas merveille si, en tout un peuple d’enfants, ils
en rencontrent à peine deux ou trois qui rapportent
quelque juste fruit de leur discipline.
Qu’il ne lui demande pas seulement compte des mots
de sa leçon, mais du sens et de la substance, et qu’il
juge du profit qu’il aura fait, non par le témoignage de
sa mémoire, mais de sa vie. Que ce qu’il viendra
d’apprendre, il le lui fasse mettre en cent visages et
accommoder à autant de divers sujets, pour voir s’il l’a
encore bien pris et bien fait sien.
MONTAIGNE – Essais, livre I, chapitre 26 – Fin
du XVIe s.
(1)
« L’autorité de ceux qui enseignent nuit le plus souvent
à ceux qui veulent apprendre ». Cicéron, De la nature
des dieux, I, 5.
Images
La Vierge au chancelier Rolin - Jan van Eyck (vers 1435)
L'Ecole d'Athènes - Raphael (1509)
L'Homme de Vitruve - Léonard de Vinci (1490)
Vision de Saint Augustin - Vittore Carpaccio (1503)
L'Education de Gargantua - Gustave Doré (XIXe siècle)
Pour aller plus
loin
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Eloge de la folie - Erasme -
vers 1510
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Gargantua - Rabelais - 1534
-
Les Essais - Montaigne - XVIe
siècle
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Artemisia - film complet en
français (cliquer
ici).
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