|
Pagli, c'est l'histoire de Pagli, la Folle. Folle
d'amour. Folle surtout d'avoir craché une salive innocente et corrosive au visage d'une
société cadenassée. Pagli, c'est l'histoire de son amour adultère pour Zil -
si seulement il n'y avait pas dans le mot "adultère" cette idée de faute, mais
plutôt : vérité, beauté, pur amour.
Zil pêche le thon.
Pagli, c'est l'histoire de Terre Rouge, village
mauricien, de sa petitesse lourde et serrée - c'est elle, le cadenas. Un village -
paradoxe riche de féminité - qui va s'embraser de haine sous les pluies torrentielles du
cyclone, et mettre le feu à l'île par ses ruisseaux de boue sanglante.
Pagli, c'est l'histoire... |
|
|
|
|
Mais Pagli n'est pas une histoire. Une
complainte, plutôt. Rude. Une prose poétique à la sensualité rougeoyante. Rouge terre.
Rouge comme le monde injecté de sang que voit la mal mariée à travers le voile de la
cérémonie. Rouge de l'amour fidèle de Mitsy pour son homme. L'amie Mitsy. Rouge viol.
Rouge rage. Vie et mort.
Comme toute complainte, Pagli est aussi un hymne à la
vie et au bonheur. On ne gémit pas si on ne sait pas ce que c'est qu'être heureux. Mais
Pagli ne serait pas complainte si la douleur ne dépassait pas de toute sa tête
obstinée ceux qui lutte contre elle. Et ne l'emportait pas.
J'ai eu pourtant du mal. a entrer dans ce chant âpre et souple.
Comme par la porte étroite d'une allégorie qui, ainsi que toutes les autres, même dans
ses formes les plus charnelles, oublie d'oublier l'immatérialité assoiffante de son
abstraction.
Allégorie ? Car Pagli, c'est Daya. La Pitié... |
|