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De la fillette contrefaite, interdite d'existence,
du début, il n'existera décidément plus rien, vraiment rien à la fin, que le souffle
évaporé d'un ange embuant à peine la surface de l'improbable dernière page de ce
récit. Entre temps, elle aura vécu ce que d'autres lui auront imposé par l'enfermement,
vécu ce que nul autre n'aura vécu. Ces autres - cette ordinaire humanité, aux accents
d'hindouisme mauricien qui auraient pu être ceux de n'importe quelle autre routine,
quelque part sur la planète - ont interdit à la fillette les pauvres joyeusetés d'une
vie normale, lourde d'ennui à force d'être normale, aigre à force d'ennui, cruelle à
force d'aigreur. |
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L'enfermement dans ce four à chaux, fait pour brûler la pierre et
digérer les chairs. L'enfermement dans cet asile de fous. Dans ce cocon presque
maldororien tissé par des pattes menues et les mandibules suaves des insectes de la
folie. Mais de l'enfermement même naît l'évasion, son germe et son fruit, l'exaltation
d'un rêve de vie autrement gorgée de l'Être. Tuée. Nourrie des cendres d'une
grand'mère bonne et rebelle respirées à pleine bouche. Frottée de la compagnie d'un
chien fraternel, partageant avec sensualité la viande crue des rats chassés en meute.
Enlacée d'un roi clochard. Tuée. Mère infanticide. Tuée enfin.
Ananda Devi, comme dans Pagli, porte un regard sans
concession sur les hommes. Ici encore, tout est violence et souffrance et désir. Un
masochisme instinctif et innocent, tant il est profondément vital, définit à lui seul
la soif d'existence de ce petit être qui dit "je" avec patience tout au long du
roman. Ananda Devi m'a étonné, poussé de ses rebuffades répétées dans des coins
sombres et contusionnés, car les ressources douloureuses de son imagination, car le
souffle fantasmatique de son imaginaire ne sont pas de ceux qui grisent, plutôt de ceux
qui griffent consciencieusement le lecteur, jusqu'à laisser des marques anarchiques... |
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