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CULTURE AU QUOTIDIEN:
L'INDE DE PLUS EN PLUS OUBLIEE
 

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E.gif (4178 octets) l’Inde ?...

   Il ne lui reste guère que deux bastions, assiégés et fragiles. Tout d’abord les habitudes vestimentaires : le sari et le punjabi conservent une place certaine mais contestée dans la garde-robe féminine. On connaît bien le premier, vêtement emblématique de la femme indienne, que l’on drape et plie selon des variantes régionales subtiles. Le second, appelé aussi bazou ou saroual, est composé d’un ample pantalon resserré aux chevilles, le tiouss, et d’une tunique descendant au-dessous du genou. Plus "pratique" que le sari, il garde la préférence de nombreuses femmes, qui le portent toujours avec le long châle léger cachant élégamment la chevelure et encore parfois appelé bouri. (Photo1, photo2).

   Les jeunes filles préfèrent les vêtements à l’occidentale, et le succès des robes colorées ou des jeans ne se dément pas. Dans certaines familles, par contre, c’est l’influence saoudienne qui domine. On rapporte d’un pèlerinage à La Mecque de grandes "capes" noires ou blanches et l’idée qu’il sied à la femme musulmane de ne sortir qu’entièrement voilée. Si bien que l’on rencontre parfois, au hasard des travées d’un grand magasin, d’énigmatiques silhouettes qui ne dépareraient pas dans le décor du désert d’Arabie. Se devine seulement, au-delà de la résille pudique d’un étroit rectangle horizontal, l’ombre d’un regard.

   Les hommes, pour leur part, ont presque tous oublié l’usage de l’atchkhan, sorte de longue redingote typique du Gujerat. Pour eux aussi, l’alternative se situe entre le "pantalon chemise" à l’européenne et la longue tunique saoudienne ou la kourta. Celle-ci s’assortit d’une imposante barbe qui varie du noir profond au blanc immaculé, selon les âges. La calotte basse - "bonnet" ou "topi" - ne saurait être oubliée par l’adulte qui se rend à la mosquée ni par le jeune garçon à la médersa.

   Les périodes de fête sont toujours l’occasion de revêtir ce que l’on oublie ordinairement au fond des penderies et des tiroirs les autres jours. L’habit, à l’étoffe plus riche, aux broderies plus travaillées, devient alors marque d’identité et signe de reconnaissance qu’on arbore non sans fierté. C’est aussi le moment de ressortir les bijoux des aïeules - mais là aussi les modèles occidentaux ou internationaux prennent une place grandissante - et de retrouver le chemin des maquillages traditionnels, avec une façon toute indienne d’appliquer le henné : à l’occasion des mariages, les mains féminines se parent de motifs fleuris, véritables petites œuvres d’art. Les yeux s’enfoncent précieusement dans l’écrin sombre du soulma. (Photo3, photo4).

   Le second domaine où la déculturation ne s’est que partiellement exercée est évidemment celui des pratiques alimentaires. La cuisine réunionnaise, comme celle des Antilles par exemple, unit dans sa diversité les influences, les ingrédients et les arômes de trois continents pour le moins. Nul doute que les immigrants gujerati ont, comme d’autres, contribué à l’originalité de la gastronomie locale.

   Certains de leurs apports se sont même imposés comme des incontournables. Pensons en particulier à ces deux friandises salées, aux saveurs stimulantes, que sont le samoussa et le bonbon piment. On les déguste, on les croque à toute heure, pour tromper une petite faim ou aiguiser les appétits. Le premier se présente sous la forme d’un petit triangle de fine pâte frite, fourrée d’une farce relevée d’oignon vert, d’ail et de massalé... que parfument, au choix, les légumes, le poulet, le crabe... ou même le fromage. Englouti d’une bouchée ou grignoté à petits coups de dents par les enfants, on l’achète partout, et plus volontiers dans la rue même, au comptoir de petites guérites grésillantes de fritures ou à celui des inévitables camions-bars.

   Le bonbon piment joue à peu près sur le même registre des amuse-gueule. Un épais cercle de pâte granuleuse traditionnellement à base de farine de lentilles ou de pois du Cap se referme sur un centre à peine évidé, et le gros piment vert haché, d’une espèce qui a oublié le feu de ses cousines, donne son goût et son nom à la petite pâtisserie obtenue, agrémentée de gingembre et de cotonmili.

   Si ce sont très vraisemblablement les Z’Arabes qui ont introduit ces deux spécialités sur l’île, elles leur ont, depuis, échappé pour entrer dans le patrimoine commun de tous les Réunionnais, qui savent souvent aussi bien les confectionner que les savourer, tout comme par exemple les non moins représentatifs "bouchons" (a), d’origine chinoise.

   Si l’on veut trouver des spécialités plus typiques, de celles qui restent surtout l’apanage des mères de famille, on parlera peut-être du biryani, internationalement connu mais agrémenté dans chaque foyer du tour de main particulier de la cuisinière. Le plat est convivial, à base de riz au yaourt, abondamment garni de viande - agneau, poulet... - ou de poisson mariné dans une sauce épicée ; ajoutez raisins secs, noix diverses, quelques légumes, la chaude couleur du "safran  pays"... et vous obtiendrez un mets riche et savoureux, que l’on déguste, d’abord du bout des doigts, lors des repas de fête ou, dans une version simplifiée, en des occasions plus ordinaires. (Photo5).

   Terminons avec les innombrables douceurs, écho sirupeux des pâtisseries pimentées qui ont ouvert l’appétit, et avec l’inimitable "thé indien", parfumé de cardamome et autres arômes exotiques, allongé de lait et généreusement épaissi de sucre. Il semblerait que cette façon de préparer ce breuvage, commune à une grande partie de l’Inde, ait bel et bien été elle aussi importée par les Z’Arabes à la Réunion. Il est vrai qu’elle n’y connaît qu’un succès bien limité, tout comme la culture de l’arbuste thé lui-même ne fut qu’un épisode éphémère, en son temps, dans l’histoire agricole de la colonie.

   L’évocation des pratiques alimentaires indo-musulmanes ne saurait se passer de celle des interdits. On le sait, l’Islam proscrit à ses fidèles la consommation de la viande de porc et celle des boissons alcoolisées. Les viandes ne peuvent être consommées que sous certaines conditions d’abattage, dont le verset 3 de la cinquième Sourate du Coran - Al-ma-idah : La table servie - donne les principes : "Vous sont interdits la bête trouvée morte, le sang, la chair de porc, ce sur quoi on a invoqué un autre nom que celui d’Allah, la bête étouffée, la bête assommée ou morte d’une chute ou morte d’un coup de corne, et celle qu’une bête féroce a dévorée...". Il va de soi que ces règles sont respectées de tout croyant.


(a) Raviolis à la vapeur.


  
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