Inde du Nord,Gloire des princes, louange des dieux
Patrimoine musical de l’Hindoustan, du XIVe au XXe siècle : exposition, concerts, danse, cinéma, forums

du 19 mars au 29 juin 2003
    
  
  Plusieurs mois de manifestations culturelles à la Cité de la Musique : un événement de premier ordre. Indes réunionnaises vous propose le dossier de presse intégral et ultérieurement, dans la mesure du possible, diverses interviews de participants.

Page 1 : Introduction  -  Repères  -  Image  - Tarifs
Page 2 : Plan de l'exposition
Page 3 : Liste des oeuvres exposées
Page 4 : Concerts et spectacles      -     Jeune public


Introduction

   Carrefour de rencontres et d’échanges, située à la croisée des voies maritimes qui reliaient les civilisations du Vieux Monde, l’Inde a vu déferler sur ses terres et accoster sur ses rivages des vagues successives de conquérants attirés par ses innombrables richesses. Théâtre d’une histoire mouvementée dont elle sut s’enrichir en préservant ses valeurs originelles, l’Inde possède aujourd’hui un héritage unique présent jusqu’au cœur d’une vie sociale et culturelle encore relativement mal connue.
   Cette exposition est consacrée au patrimoine musical de l’Inde du Nord depuis les premières influences musulmanes jusqu’au début du XXe siècle. Ce voyage au cœur de l’Hindoustan offre l’occasion d’admirer un ensemble d’œuvres exceptionnelles provenant de collections internationales publiques et privées. Les instruments de musique, manuscrits, peintures et dessins qui composent le parcours chronologique de cette histoire, révèlent le dynamisme et la créativité sans cesse renouvelés d’une remarquable tradition artistique et démontrent à l’évidence le niveau d’excellence atteint par les artistes, facteurs et artisans qui les réalisèrent. Les scènes musicales et portraits de musiciens représentés sur ces peintures plongent le visiteur dans le riche contexte de cette culture indo-persane et font revivre dans leur environnement les instruments ici exposés. Beaucoup d’entre eux n’ont encore jamais été montrés au public et leur association au sein de cette exposition avec quelques-uns des chefs d’œuvre de la peinture indienne, constitue sans aucun doute un événement sans précédent.
   Cette exposition est placée sous le haut patronage du Président de la République.


Repères

   La musique dans la culture de l’Inde du Nord
   Peu après la fondation d’un sultanat à Delhi à l’aube du XIIIe siècle, la musique interprétée à la cour était essentiellement arabo-persane, jouée par des musiciens venus pour beaucoup de Perse et d’Asie centrale. Cependant, le célèbre poète-musicien Amir Khusrau (1253-1325), l’un des personnages les plus influents de Delhi fit à plusieurs reprises l’éloge de la musique indienne dont il exalta les qualités, la considérant comme supérieure à celle de toute autre contrée. Progressivement et pendant plusieurs siècles se développa alors dans le nord de l’Inde une culture musicale issue de la rencontre de ces deux mondes persan et indien et que nous appelons aujourd’hui la musique hindoustanie.
   L’empereur moghol Akbar (1556-1605), stratège et souverain d’une grande intelligence fut aussi un mécène particulièrement attentif à l’intégration réciproque des cultures persane et indienne. Son chroniqueur et biographe Abul Fazl rapporte combien les arts s’épanouirent alors : « Sa Majesté accorde une grande attention à la musique et prend sous sa protection tous ceux qui pratiquent cet art enchanteur. La cour compte de nombreux musiciens et musiciennes — des Hindous, Iraniens, Touraniens et Cachemiris. Les musiciens de la cour sont répartis en sept groupes, un pour chaque jour de la semaine. »
   Un ensemble instrumental naubat, importé du monde musulman et composé de timbales, trompes et hautbois, jouait aussi à la cour un rôle essentiel. Exclusivement dévolu à la musique militaire, aux processions et cérémonies officielles, il incarnait le symbole de la puissance impériale, accompagnait le souverain dans ses campagnes et annonçait la venue de haut dignitaires.
   Les instruments, formes et répertoires musicaux persans et indiens s’enrichirent d’influences réciproques jusque sous le règne de Shah Jahan (1628-1658). Grâce à la générosité et à la curiosité de mécènes cultivés, les musiciens purent alors explorer les voies de l’expérimentation et de l’innovation pour enrichir une tradition musicale qui s’est développée jusqu’à nos jours.
   Les souverains moghols furent aussi les commanditaires de quantité de peintures qui reflètent avec un réalisme surprenant les fastes et les splendeurs de leur époque. L’âge d’or de cette extraordinaire production picturale se situe durant les règnes des plus éminents monarques de la dynastie moghole : Akbar (1556-1605), Jahangir (1605-1627) et Shah Jahan (1628-1658). Ces trois empereurs, ainsi que les sultans et rajas de nombreux royaumes d’importance diverse, encouragèrent les artistes à une éblouissante création artistique qui demeure aujourd’hui révélatrice des fastes et de la grandeur passée. Un grand nombre de miniatures d’inspiration musicale aux sujets variés furent ainsi réalisées pendant plus de deux siècles. Scènes de danses devant le souverain, célébrations officielles, princes en compagnie d’ascètes, portraits de musiciens, raga-ragini (peintures thématiques incarnant les caractéristiques propres aux différents raga), etc., ces peintures sont autant de témoignages attestant de la vitalité de la vie musicale dans l’Inde moghole.

   L’essence de la musique : le raga
   Le mot raga dérive de la racine sanskrite ranga qui exprime l’idée de coloration d’un état affectif. Le concept de raga, développé à partir du 9e siècle sur la base de structures mélodiques anciennes, est une entité musicale caractérisée par un ensemble de règles (nature des échelles ascendantes et descendantes, intonation, notes prédominantes, consonantes, contours mélodiques, etc.) qui permettent d’identifier précisément les nombreux raga (quelques centaines) qui composent le répertoire traditionnel. Dès le 13e siècle, les raga furent distingués en genre masculin, féminin et neutre. Ce système de classification, basé sur le rasa (la « saveur ») associé à chaque mélodie, évolua sensiblement au cours des siècles. Une évocation poétique accompagne également chaque raga ainsi qu’une description picturale sous forme de miniature appelée ragini. Quelque unes de ces ragini seront présentées au public. Ces peintures étaient souvent rassemblées en albums, ragamala (guirlande de raga) qui connurent un grand succès. Les peintres des ateliers impériaux comme ceux des « écoles » provinciales mogholes et indiennes produisirent un grand nombre de ces ragamala, constitués souvent des 36 raga principaux tels qu’ils étaient décrits dans les différents systèmes de classification.

   Les récits de voyage ou la découverte des Indes fabuleuses
   Les récits des premiers voyageurs occidentaux aiguisèrent la curiosité et la convoitise de nombreux européens en quête d’aventure, de gloire ou de fortune. Si le mythe de la bayadère est devenu dans l’imaginaire occidental un thème récurrent tout au long des XVIIIe et XIXe siècles (Marco Polo fut le premier à en donner une description lors de son voyage le long des côtes du Coromandel vers 1290), la plupart des voyageurs et missionnaires regardèrent avec indifférence et mépris le raffinement qu’avaient atteint la musique et la danse dans une culture, dominée selon eux par une idolâtrie démoniaque qu’accompagnaient des mœurs abominables. Leurs impressions sont le plus souvent stéréotypées, affabulatrices et reflètent un ethnocentrisme viscéral au travers duquel souffla pour un temps un terrible vent d’inquisition.
   Cependant, il fut quelques esprits qui surent être sensibles aux charmes d’une musique qui s’inscrivait déjà dans un contexte culturel composite. Pietro Della Valle, poète, musicien et compositeur était une personnalité marquante de la vie artistique à Rome dans la première moitié du XVIIe siècle. Il voyagea en Asie entre 1614 et 1626 et ses écrits attestent de son émerveillement et de sa fascination face à une extraordinaire culture artistique empreinte d’influences turques, iraniennes et afghanes.
   Le vénitien Nicolao Manucci (1639-1717) comme le français François Bernier (1620-1688), le « joli philosophe », tous deux médecins des proches de l’empereur Shah Jahan, furent les témoins de la vie quotidienne auprès des grands de la cour et relatent avec admiration les fastes et splendeurs de cette période. L’Inde du XVIIIe siècle attira de nombreux voyageurs : aventuriers, mercenaires et marchands qui connurent des fortunes diverses. Quelques-uns de ces personnages hors du commun adoptèrent un mode de vie calqué sur celui des classes supérieures de la société indienne et furent particulièrement sensibles à la vie artistique de leur époque. Parmi eux, le Colonel Antoine-Louis Polier comme le Colonel Jean-Baptiste Gentil constituèrent d’importantes collections de manuscrits et peintures et entretinrent même des groupes de musiciens et danseuses qui venaient régulièrement les divertir à demeure.

Commissariat de l’exposition
Philippe Bruguière,
conservateur au musée de la Musique
Joep Bor, directeur de recherche du Collège de Musique et de Danse de Rotterdam


 

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Image


Douze musiciens jouant des
instruments indiens et persans - Illustration du Sakinama de Zuhuri,
Deccan 1685 Londres, The British Library
(image transmise par la Cité de la Musique)

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Tarifs des visites :
Individuels - Sans conférencier :
- billet unique et collection permanente : 6,10 €
- moins de 18 ans : 3,20 €
                - Avec conférencier :
- adulte : 10 €
- moins de 18 ans : 5 €

Groupes - Sans conférencier (à partir de 10 personnes) : 4,80 € par personne
              - Avec conférencier : tarif pour le groupe : 214 €, moins de 18 ans : 76 €


   

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