IR : Vos travaux de traductrice vous rendent particulièrement sensible aux liens entre culture tamoule et culture française : quel est l’état de ces liens ? Quel avenir leur voyez-vous ?

SM : Oui ! On dit que les grandes âmes se rencontrent. Cette maxime, ou ce précepte,  m’a menée à la traduction. Le slogan de l’O.N.U, "Tout pays est (mon) pays, tout le monde est (mon) parent" est de Kaniyanpoûmgounranar, un poète  de l’époque Sangam (IIe siècle avant J.C.), et ce qui suit "La science n’a point de rive, l’âge de ceux qui apprennent est  de quelques jours" (mot à mot) se retrouve chez Montaigne : "Tout ciel m’est un" et chez Baudelaire : "L’art est long , le temps est court". Quand j’ai publié Les écrivains français  qui s’allient à Kamban - l'auteur de Ramayana tamij, j’ai donc montré le lien des pensées entre la culture tamoule et la culture française.  Ce que je vais vous dire sera une présentation d'idées sporadiques, avec des exemples un peu désordonnés, car les deux littératures sont vastes.
   Voici quelques citations :

   Le Mal :
"L’arbre épineux, détruis-le quand il est jeune. Quand il atteint la maturité, il blesse la main de celui qui le détruit". Tirouvallouvar
   Nous savons ce que Le Petit Prince dit de l’arbre baobab.

   L’Amour :
Le roi Pandiya s’écroule de son trône et meurt quand il a appris qu’il a condamné à mort un innocent. Tout aussitôt, gît à son côté son épouse. L’auteur explique cette mort comme suit : car on  n’indique pas un (époux) à celle qui a perdu son époux. (Le Roman de l’Anneau de A.DANIELOU et DESSIGANE PILLAI, traduit de CILAPPATIKARAM d’ILANKO ATIKAL)
   La Belle Aude quand elle apprend la mort de Roland par Charlemagne, s’écroule et meurt, alors même que l’Empereur lui propose un prétendant.(La CHANSON DE ROLAND).

   En tant que traductrice, je sélectionne les œuvres qui sont des pilotes sans qu’elles soient de genre didactique. En plus, dans la littérature tamij, il n’y a pas eu des mouvements littéraires  à vrai dire comme ceux de l'Europe. Il y a eu des imitations.
   L’avenir est un peu flou. Il y a beaucoup de traducteurs mais  il faut des clients.


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