Interview
VSN : J’enseigne
la littérature française et francophone dans un institut d'études supérieures à
Pondichéry, ma ville natale. Je m’intéresse également à la traduction des textes
littéraires du français en tamoul, ma langue maternelle.
VSN :
Mon ami M. Nagarathinam Krishna, écrivain tamoul dont les livres ont été
couronnés de prix littéraires, écrit régulièrement dans les blogs littéraires
tamouls. Cette expérience l'aurait incité à se lancer dans cette entreprise. En
fait, c’est lui qui a proposé cette idée de créer un blog littéraire. Comme vous
pouvez le trouver dans l’accueil de notre blog, il s’agit de promouvoir la
littérature franco-tamoule. Surtout, notre blog s’assigne la mission de
présenter les écrits tamouls au public français et francophone.
VSN : Pour l’instant, nous comptons publier
des traductions des textes littéraires tamouls tels que des nouvelles, des
poèmes, des pièces de théâtre. Dans l’avenir, nous espérons présenter les divers
aspects culturels de l’Inde – les fêtes, la musique, les coutumes…
-
IR/LNRI
: Dans votre démarche de promotion de la
culture indienne, n'êtes-vous pas tentés tous deux, de par vos origines, de
privilégier la culture tamoule ?
VSN :
Oui, bien-sûr. La raison en est simple : on parle davantage de ce dont on est
fier et sûr.
VSN : Il existe des échanges culturels mais
il faut les encourager davantage pour que cette vitalité se renforce.
VSN : La France est toujours appréciée pour
son art de vivre et sa culture.
VSN : Le public est essentiellement indien.
Donc, mes élèves ont leur façon de recevoir, comprendre et apprécier les écrits
littéraires français par le biais de leur propre culture.
VSN : Le Kourounthogai est une
anthologie de 402 poèmes de l’ancienne littérature tamoule qu’on appelle
couramment la littérature du Sangam. Le Sangam remonte aux
origines de la littérature tamoule, au début de notre ère. Cette œuvre doit son
nom (kuṟu – bref, tokai – recueil) à la brièveté des vers : les
poèmes sont composés de quatre à huit vers. Parmi les poètes, 205 sont connus,
d’autres sont restés anonymes. Onze femmes poètes ont contribué à cette
anthologie où tous les aspects de l’amour sont représentés. Le sol est divisé en
cinq régions symboliques qui représentent des cadres poétiques. Ces poèmes
sont des monologues dramatiques. Alors le colophon, mis au début de chaque
poème, sert à présenter le thème ou le contexte du poème. La parole est prêtée
aux différents personnages tels que le héros, l’héroïne, l’amie ou la confidente
de l’héroïne, la duègne, la courtisane, un des passants.
Voici un de textes :
Poème
2
Situation poétique - tiṇai : Région montagneuse - kuṟiñci
Le
héros, après son union prédestinée avec l’héroïne, s'adresse à l’abeille :
"Ô
abeille aux ailes cachées,
tu es
à la recherche du miel.
Dis-moi la vérité,
sans
chercher à me plaire.
Parmi
toutes les fleurs que tu connais,
en
existe-t-il une dont le parfum surpasse
la
douce senteur de la chevelure
de ma
bien-aimée à l’allure de paonne,
aux
dents serrées semblables à des perles
et au
cœur brûlant d’un amour éternel pour moi?
- Iṟaiyaṉār
Note : D’après une légende, le roi Pāṇṭiya de Madurai se demandait si, par
nature, la chevelure de la femme avait un doux parfum. La cour de poètes se
réunit et personne n’arrivait à résoudre cette énigme. Alors, le dieu Siva
composa ce poème et envoya son émissaire Tarumi. Nakkīrar, poète chevronné,
n’accepta pas le message de ce poème. Le dieu lui-même se manifesta et dans sa
colère ouvrit son œil frontal et brûla Nakkīrar.
Il s’agit d’un projet de traduction que j’ai fait pour l’Institut central de
tamoul classique de l’Inde. Cet institut s’occupe de le publier. Cette
traduction est destinée aux lecteurs francophones qui manifestent un intérêt et
une curiosité de bon aloi envers l’ancienne littérature tamoule.
Je souhaite que cette traduction suscite l’intérêt des lecteurs qui veulent
élargir leur connaissance littéraire au-delà de leur propre pays. Elle leur
permettra d’avoir un aperçu général des aspects culturels de l’ancien pays
tamoul.
Ici, je tiens à remercier mes
professeurs Dr. R. Kichenamourty, Dr. Lourdes Tirouvanziam, Mme Sylvie
Lange, qui ont énormément contribué à la réalisation de ce travail. Mes
remerciements vont également à mes amis MM. Robert Alexis, Prof. Lenin
Tangappa, A. Pasoupati, A. Mani, Mu. Ilangovan qui m 'ont soutenu tout
au long de ce travail.
-
IR/LNRI
: Et qu'en est-il
de la méthode d'apprentissage du tamoul, que vous avez conçue ? A quel niveau
d'apprentissage correspond-elle et quels sont, selon vous, ses atouts,
comparativement à d'autres méthodes ?
VSN : C’est une méthode tamoule destinée au
public français et francophone qui voudrait s’exprimer en tamoul. Elle vise
surtout les touristes et les vrais débutants. Cette méthode accompagnée d’un CD
audio permettra aux Français qui voudraient apprendre le tamoul parlé de le
faire sans passer par l’écrit.
VSN : Nous envisageons de créer une maison
d'édition pour poursuivre l'action en faveur des échanges culturels.
VSN : Publier les textes de notre blog,
visiter les sites culturels de l’Inde et des quartiers francophones. Je crois
que le feedback positif est un impératif pour la réussite et la réalisation de
nos projets. Donc, nous espérons qu'un soutien comme le vôtre pourrait motiver à
progresser et prolonger nos objectifs.
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