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Les bateaux de
papier
Prenez tout ce que j’ai,
Prenez-moi ma fortune,
Prenez-moi ma jeunesse,
Mais rendez-moi les moussons de mon enfance,
Ces
pluies qui me faisaient danser,
Ces
bateaux de papier qui me faisaient chavirer le cœur,
La
plus vieille mémoire du quartier,
Cette grand’mère que tout le monde traitait en enfant,
Les
rides centenaires de son visage…
Personne ne me les fera oublier.
Prenez tout ce que j’ai,
Prenez-moi ma fortune,
Prenez-moi ma jeunesse,
Mais rendez-moi ces si longues histoires de rois et de reines (1),
Ces
si courtes nuits à les écouter,
Ces
sorties en plein midi sous un soleil tapant,
Ces
bulbuls (2) que j’imitais,
Ces
papillons que j’attrapais,
Ces
disputes avec mes petits voisins,
Ces
chutes des balançoires,
Ces
bracelets cassés qui étaient mes jouets…
Personne ne me les fera oublier.
Prenez tout ce que j’ai,
Prenez toute ma fortune,
Prenez-moi ma jeunesse,
Mais rendez-moi les moussons de mon enfance,
Ces
pluies qui me faisaient danser,
Ces
bateaux de papier qui me faisaient découvrir le monde.
Azad Monany
Poème inspiré par un Ghazal chanté par
le chanteur indien Jagjit Singh,
intitulé "kâgaz ke kashti"
(1)
Les contes indiens commencent
par « il était un roi, il était une reine … »
(2) Bulbul :
rossignol indien
(Notes de l'auteur). |
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