Ailleurs
Ailleurs, où les enfants sont
beaux
Comme des fils de rois et des
filles de reines
Et vont pieds nus, vêtus de
grâces plus qu’humaines,
Sans manières, sans
oripeaux !
Ailleurs où les femmes
jolies
Tout ainsi que des fleurs aux
sombres vénustés
Evoquent en marchant tant de
divinités
Qu’on les croit de
bronze polies !
Un mystère en leurs
yeux profonds
Brille comme un tison au fond
des nuits sans lune
Et les voiles soyeux s’ouvrent
sur leur peau brune
Comme de troubles
abandons.
La misère même est
parure
Et les dieux et démons, mêlés
au fond des temps,
Semblent ne plus savoir, ivres
d’ors et d’encens,
Séparer l’élu de
l’impure.
Ô souvenirs au goût de
miel,
Qui pourrait oublier, sur les
champs, la rivière,
Tous les chapeaux de riz
penchés dans la lumière,
Blancs papillons sur
l’eau du ciel !
Daniel Lapierre |