Texte

elle me donne envie de pleurer et je sais que c'est bête d'en parler, de citer l'évidence, de citer ce qui est absurde mais c'est comme ça, c'est plus fort que moi, je n'y peux rien, elle me donne donc envie de pleurer et je veux poser ma tête sur son ventre, écouter le roulis des nuages ou les berceuses de son sang, je ne sais trop, je ne sais jamais vraiment rien mais poser ma tête sur son ventre et être à nouveau un enfant, ne plus être, ne plus penser, ne plus devoir, être comme ça, en dehors du temps, de tout, laisser s'écouler les inconsciences du doute et des remords, elle me donne envie de pleurer parce qu'elle est belle, très belle, rien de spectaculaire bien sûr, mais il y a en elle quelque chose, sans doute indéfinissable, qui échappe aux mots, je ne sais trop si ce sont ses yeux ou sa peau trop douce mais quelque chose qui me touche, violemment, comme une hache qui coupe, tranche, qui m'éviscère, elle me donne envie de pleurer car, - mais c'est une illusion, je le sais, je ne le sais que trop bien -, son corps abrite les origines du sens, car son corps est refuge quand tout s'effondre, quand tout s'effondrera, elle me donne envie de pleurer parce qu'elle est un peu ma mère ou ma sœur et qu'elle réalise tout ce qu'il y a de meilleur en moi, enfin je ne sais trop, je ne sais jamais vraiment rien mais elle me donne envie de pleurer car je l'aime, à ma façon, sotte façon, un peu bête, je le sais, c'est inutile d'en parler, c'est même ridicule, cela ne sert à rien, je n'y peux rien, c'est plus fort que moi mais elle me donne envie de pleurer et je l'aime, je l'aime.

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