Interview
PYT : Je suis né en 1980 près de Bordeaux. Je suis aujourd’hui
géographe et indianiste, et mes activités de recherche portent sur la
géographie de l’hindouisme en Inde et dans la diaspora. J’ai soutenu une
thèse sur la géographie du culte de Murugan (prononcer « Mourougane »)
en décembre dernier à l’Université de Bordeaux, où j’ai également
enseigné la géographie de 2007 à 2010. Je suis actuellement membre d’une
équipe de recherche du Centre d’Etudes de l’Inde et de l’Asie du Sud, à
Paris, et j’entame un post-doctorat à l’Institut Français de Pondichéry,
en Inde.
PYT : J’ai d’abord été intéressé par l’hindouisme et le bouddhisme
durant mon adolescence. Ce sont ensuite des ouvrages d’anthropologie, un
voyage à Bali, puis les enseignements en sciences humaines et en
géographie de l’Asie du Sud que j’ai suivis à l’université, qui m’ont
amené à proposer une étude sur le rôle de l’hindouisme dans
l’organisation de l’espace en Inde à celui qui allait diriger mes
recherches de la maîtrise jusqu’au doctorat : le professeur Singaravélou.
Ce thème de recherche me permettait de lier deux de mes principaux
centres d’intérêt scientifique que sont les religions indiennes et l’ethnogéographie
– une branche de la géographie qui, comme son nom l’évoque, emprunte à
l’ethnologie certaines de ses méthodes et thématiques. C’est donc dans
le cadre universitaire de la maîtrise de géographie que je me suis rendu
pour la première fois en Inde, en 2002. Je partais alors pour cinq mois
étudier la géographie d’un temple dédié au dieu Murugan dans les
environs de Coimbatore, une ville de l’ouest du Tamil Nadu en Inde du
Sud.
PYT : Pour ce premier départ en Inde, je n’avais
personnellement déterminé que l’objectif général de ma recherche qui
était d’étudier un temple hindou d’un point de vue géographique,
c'est-à-dire comprendre comment s’organisait son espace intérieur,
comment il s’inscrivait dans le paysage, et quelle était son importance
religieuse, culturelle et sociale pour les habitants de sa région. Ce
fut mon directeur de recherche, le professeur Singaravélou, qui
m’orienta avec bonheur vers le grand temple de Murugan à Coimbatore car
il le connaissait, étant lui-même tamoul et originaire de Pondichéry. Je
ne le remercierai jamais assez de m’avoir indiqué ce temple qui fut le
véritable point de départ de mon travail sur le culte de Murugan.
-
IR
:
Vous avez donc soutenu une thèse sur l'hindouisme
tamoul et notamment le culte de Murugan ; l'hindouisme tamoul, ou plus
généralement dravidien, présente-t-il donc des spécificités qui le
différencient significativement de la religion des autres régions ?
PYT : Votre question renvoie tout d’abord à celle de l’uniformité de
l’hindouisme, qui dépend de facteurs rituels, historiques, géographiques
et politiques. Il faut rappeler en premier lieu que l’hindouisme
rassemble une très large gamme de pratiques et de traditions en partie
héritées du védisme. Le terme « hindouisme » est du reste une invention
assez récente et surtout coloniale, formulée au 19e siècle
par les Britanniques pour réunir sous une même appellation la multitude
de pratiques religieuses qu’ils observaient en Inde mais qu’ils ne
cernaient que difficilement. Le terme sanskrit trouvé par les hindous
pour désigner et définir cette religion unitaire qu’ils n’avaient
d’abord pas identifiée comme telle est Sanâtana Dharma,
« l’Éternelle Loi ». Cette religion inclut par exemple aussi bien le
yoga que le sacrifice animal, ou encore l’animisme (minoritaire) que
le polythéisme (majoritaire). S’ajoutent à cela des différences
linguistiques et des traditions régionales, qui ont entraîné des
pratiques et des représentations de l’hindouisme souvent régionalisées,
comme pour le cas de l’hindouisme tamoul. Mais malgré cette diversité,
la plupart des temples hindous se sont progressivement uniformisés de
manière à ce qu’aujourd’hui chaque temple puisse proposer globalement
les mêmes rites et les mêmes doctrines aux croyants.
L’hindouisme du Tamil Nadu, le « pays tamoul », est donc en grande
partie similaire à celui que l’on pratique ailleurs en Inde. Comme dans
les autres régions, l’hindouisme tamoul est multiforme tout en se
structurant principalement autour de deux grands types de cultes : d’une
part ceux adressés aux divinités universelles de la « grande
tradition », telles que Shiva et Vishnou notamment, dont les prêtres
sont habituellement de caste brahmane ; et d’autre part ceux adressés
aux dieux de l’hindouisme dit « populaire », qui sont des divinités
généralement locales, comme les déesses de village auxquelles on peut
adresser des sacrifices d’animaux et dont les officiants ne sont jamais
des Brahmanes.
L’hindouisme tamoul se singularise cependant par plusieurs aspects.
Tout d’abord par l’architecture de ses édifices religieux : les temples
tamouls, dits de style « dravidien » (i.e. sud-indien) ou « agamiques »
(i.e. respectant les préceptes architecturaux des Âgama), sont
surmontés de tours sculptées et colorées typiques appelées gôpuram.
Sur les plans philosophiques et rituels, la relation dévotionnelle
(nommée Bhakti) entre le croyant et la divinité est
particulièrement importante dans les cultes tamouls. Elle emprunte à
l’hindouisme populaire des campagnes tamoules et au courant
philosophique du Saiva Siddhânta, considéré comme la religion
originelle des Dravidiens et centrée sur le culte des divinités du
panthéon shivaïte. Les fameux percements corporels faits en l’honneur de
Murugan, caractéristiques de l’hindouisme tamoul, sont l’une des
expressions les plus spectaculaires de la dévotion tamoule. Autre
particularité majeure, l’hindouisme au pays tamoul s’appuie certes sur
des textes sanskrits comme ailleurs en Inde, mais également sur une
importante littérature, classique et plus récente, rédigée en tamoul et
à laquelle les Tamouls sont très attachés. Enfin l’originalité de
l’hindouisme tamoul rejoint en partie le plan identitaire et politique,
comme ce fut le cas lors de la décolonisation où les dirigeants des
partis dravidiens prônaient le boycott de la religion des Brahmanes et
des cultes adressés aux divinités du nord de l’Inde. Les choses se sont
modérées depuis, mais dans une Inde globalement dominée par New Delhi,
le hindi et la culture indo-aryenne, la forte identité culturelle du
peuple tamoul et le régionalisme dravidien se reflètent encore sur le
plan religieux, à travers notamment un attachement au Saiva Siddhânta
et aux divinités sud-indiennes telles que Murugan.
PYT : Dans l’ancienne littérature tamoule du Sangam, Murugan
est le dieu des chasseurs et des collines (kurinji) du sud de
l’Inde. Il est nommé Cêyôn et déjà associé au paon et au javelot (vêl),
qui sont encore aujourd’hui ses deux principaux attributs. Mais la
figure religieuse contemporaine de Murugan et sa place dans le panthéon
hindou reposent également sur des héritages puisés dans les textes
sanskrits du nord de l’Inde. Dans l’ensemble, cette littérature définit
Skanda, Kârttikêya, Sanmuga, Subrahmanya – autres noms parmi tant
d’autres de Murugan – comme un dieu guerrier ayant parfois six têtes,
mais étant surtout le fils de Shiva et des pléiades et dont le véhicule
est encore le paon. Il en résulte que Murugan est aujourd’hui considéré
comme un dieu universel de la grande tradition hindoue en tant que fils
de Shiva, également reconnu comme le dieu des sommets, de la beauté et
de la jeunesse. Selon les mythes, il peut être représenté en ascète
adolescent, parfois en chef de guerre, d’autres fois encore avec deux
épouses. Il est d’ailleurs intéressant de noter que ces dernières
reflètent l’ambivalence du double héritage historiques et culturel de
Murugan : l’une, Devayânai (ou Devasenâ en sanskrit), est la descendante
des grands dieux puraniques de la tradition sanskrite, tandis que
l’autre, Valli, est la fille tribale des chasseurs des collines
tamoules.
PYT : Il se trouve que j’ai posé cette question à près de trois cents
personnes rencontrées entre 2003 et 2007 dans des temples du Tamil Nadu,
en zone rurale comme en ville. Il ressort de leurs réponses que cette
importance tient au fait que Murugan est un – si ce n’est le
– dieu tamoul, et qu’il a un lien ancestral avec le peuple tamoul
probablement plus fort que les autres divinités du panthéon hindou.
Selon ces personnes, ce lien découle à la fois des relations étroites
entre Murugan, la langue, la littérature et la Bhakti (i.e.
dévotion religieuse) tamoules, mais également de la localisation de ses
temples au pays tamoul. Murugan est en effet une des rares divinités du
panthéon contemporain à être mentionnées, sous le nom de Cêyôn, dans les
plus anciens textes tamouls ; et la poésie dévotionnelle du Moyen Age,
comme celle du renouveau du Saiva Siddhânta engagé depuis la fin
du 19e siècle, le présentent comme le dieu de la langue et de
la littérature tamoule. De même, il faut rappeler que Murugan possède
six grands centres de pèlerinage en Inde, connus sous le nom des « Six
Demeures », et qu’ils sont tous situés au Tamil Nadu. Ces temples sont
considérés comme des lieux saints où Murugan a accompli des exploits
bien connus dans la mythologie régionale, ce qui participe à l’ancrage
régional de cette divinité au pays tamoul. La signification de cette
relation entre les Tamouls et Murugan est donc éminemment identitaire,
car elle illustre à quel point les Tamouls sont attachés à leur culture
propre, Murugan étant le plus tamoul des grands dieux hindous.
-
IR
:
Je suppose que vous vous êtes aussi
intéressé à d'autres divinités importantes dans le Tamil Nadu et ses
villages, ou les états voisins, telles que Maryamman, Madurai Viran,
Munîsvaran, Ayyappan... Pouvez-vous nous dire quelques mots sur la place
qu'occupent ces "personnages" dans le quotidien religieux de l'Inde du
Sud ?
PYT : Maryamman est une des formes de Sakti, l’énergie divine. Il
s’agit aussi et surtout de la déesse (« Amman ») de la variole, l’une
des plus vénérées du pays tamoul. Localement, Maryamman est aussi
souvent reconnue comme la divinité tutélaire de petits territoires,
pouvant même y faire tomber la pluie synonyme de bonnes récoltes. Le
mythe de Maryamman dit que sa tête a été fixée sur le corps d’une jeune
femme « intouchable », mais ce mythe, comme sa figure, peuvent connaître
des variations locales. Le village que j’ai étudié comptait à lui seul
pas moins de cinq Maryamman sur son territoire, chacune étant
protectrice d’un quartier de caste et de ses gens. La divinité tutélaire
de tout le village était également une forme de Maryamman, nommée
Mailiyamman, qui protégeait la localité des mauvais esprits. C’est du
reste devant son temple, situé au centre du village, qu’a lieu chaque
année au mois de mâci (février-mars) le sacrifice d’un chevreau
dont le sang est offert aux démons situés à la frontière du village.
Madurai Viran et Munîsvaran sont deux autres divinités de village, mais
masculines cette fois-ci. Le premier est littéralement le « guerrier de
Madurai », la plus ancienne capitale culturelle du pays tamoul, et le
second une forme de Shiva (« Isvara »). Tout deux sont des dieux
anthropomorphes, dotés une moustache et un dhoti, et ont un rôle de
héros protecteur. Comme Maryamman, Madurai Viran et Munîsvaran sont des
divinités de l’hindouisme populaire des campagnes, alors que la figure
d’Ayyappan est plus complexe. Ce dernier est parfois considéré comme une
forme d’Ayyennâr, le gardien des champs installé à l’extérieur des
villages dans les campagnes tamoules. Mais il est surtout reconnu comme
le fruit de l’union entre Shiva et Môhini, une forme féminine de
Vishnou. L’importance d’Ayyappan dans la vie religieuse tamoule, et plus
largement sud-indienne, ne fait que croître depuis un demi-siècle. Elle
concerne surtout le pèlerinage qu’il suscite chaque année vers
Sabarimala, son grand lieu saint reculé dans les forêts montagneuses du
Kérala, et qui attire chaque année des foules de plus en plus nombreuses
(voir la thèse de Rémy Delage sur ce pèlerinage). Les femmes en âge de
procréer ne sont cependant pas admises dans le temple de Sabarimala.
Il faut enfin rappeler l’importance de
Ganesh, qui est présent dans pratiquement tous les temples tamouls, de
Shiva, figure majeure de
l'hindouisme tamoul, et des déesses, car toutes les localités
sont protégées par une divinité tutélaire féminine.
PYT : Si vous êtes d’accord, je ne parlerai que du
culte de Murugan
que je connais mieux. Bien qu’il soit difficile de
généraliser car les situations sont différentes d’un contexte
diasporique à l’autre et que les cultes hindous peuvent présenter des
variations locales même en Inde, le culte de Murugan conserve
généralement son aspect dit « végétarien » dans la diaspora.
C'est-à-dire que ce dieu reçoit des offrandes sans sacrifice animal, en
raison de l’appartenance de cette divinité au panthéon des grands dieux
masculins universels, dont la pureté ne saurait être mise en relation
avec le sang sacrificiel. A ma connaissance, son culte ne subit pas de
transformation majeure hors de l’Inde ; s’il y en a, il s’agit surtout
de « bricolages » dus à la gestion de la distance avec l’Inde. Comme au
Tamil Nadu, on trouve bien sûr la figure de Murugan dans les temples qui
lui sont consacrés, mais aussi dans les temples tamouls dédiés aux
déesses, à Ganesh ou à Shiva. Des processions sont généralement faites
en son honneur lors de ses grandes fêtes calendaires, même lorsqu’aucun
temple ne lui est spécifiquement consacré. Ces processions se
caractérisent par des danses de kâvadi (arche rituelle décorée de
plumes de paon) portés par les fidèles comme partout au pays tamoul. Les
déplacements de dévots se perçant le corps avec des lances (vêl)
en argent, propres au culte de Murugan, accompagnent les processions de
kâvadi dans les pays où les Tamouls sont présents depuis assez
longtemps, comme dans les Mascareignes ou dans la péninsule malaise,
mais ils sont bien plus rares dans les pays d’installation récente tels
que la France où ces percements sont encore rarissimes. Ces pratiques
dévotionnelles sont liées à des vœux personnels adressés par les fidèles
à la divinité et nécessitent une période préalable d’ascèse qui est
généralement observée aussi dans la diaspora. De même, lorsque des
rituels spécifiques sont célébrés dans les temples lors des grandes
fêtes, comme par exemple les abishêgam, ils sont effectués en
général dans les règles de l’art par des prêtres brahmanes, parfois
employés pour l’occasion, ou du moins par des prêtres initiés. Il
convient toutefois de préciser que ce respect de l’orthodoxie rituelle
est assez récent – timidement enclenché durant l’entre-deux-guerres à
Maurice et dans la Caraïbe – mais qu’il s’inscrit dans un mouvement
désormais général dans la diaspora de renaissance de la culture tamoule.
Les principales différences par rapport à ce qui se fait originellement
en Inde du Sud concernent les édifices religieux des pays d’immigration
récente, où l’installation a souvent lieu dans les villes. Ces nouveaux
temples urbains sont en effet souvent d’anciens édifices profanes
reconvertis en lieux de culte. Ce sont là les difficultés inhérentes à
la reconstruction de la religion d’une communauté en situation de
diaspora, mais là encore, le mouvement de renaissance tamoule entraîne
une tendance générale de rénovation et d’agrandissement des temples,
afin qu’ils respectent au mieux l’orthodoxie architecturale dravidienne
des Âgama. Aussi dans l’ensemble, il me semble que c’est
justement le fait qu’il y ait assez peu de transformations par rapport
ce qui se fait en Inde qui est significatif. Il y a bien sûr quelques
bricolages, ajustements, oublis, ajouts ou variations, mais l’essentiel
tend à être reproduit, préservé. Car ce qui compte ce sont
l’authenticité et la fidélité aux traditions du pays d’origine,
principales garantes de la transmission de l’héritage culturel tamoul
aux générations suivantes.
PYT : Je n’ai malheureusement pas d’expérience de ce qui se fait à la
Réunion, mais je sais que le culte de Murugan occupe une place
privilégiée dans l’hindouisme réunionnais (voir notamment le travail de
Jean Benoist) et que les kâvadi y sont célébrés en grande pompe.
En revanche j’ai étudié le cas de sa voisine, l’Ile Maurice, où les deux
grands fêtes de Murugan, Tai Pûsam et Panguni Uttiram (Cittirai
Pûrnami dans les faits pour la seconde), sont extrêmement
populaires. La première y est même célébrée depuis le 18e
siècle. L’importance des processions de kâvadi à Maurice est
telle que, comme à la Réunion, ces fêtes ont perdu leur nom originel
pour être simplement nommées « Kâvadi ». La fête de Kâvadi du mois de
tai (janvier-février) est même devenue jour férié national à
Maurice. Le culte de Murugan a une place très importante dans la
religion des Mauriciens d’origine tamoule. Cela au point que
conjointement aux nombreux temples dédiés à la déesse Ammen (Amman),
aucun temple tamoul (kôvil) n’est dédié à Shiva mais toujours à
Shiva Soopramanien, c'est-à-dire Murugan. En d’autres termes, Shiva n’a
de place dans les temples tamouls de l’Ile Maurice que sous la forme de
son fils Murugan. Le fait que Shiva soit supplanté par Murugan dans les
kôvil mauriciens renvoie à l’attachement des Tamouls envers le
plus tamoul des dieux hindous, mais également à leur affirmation
identitaire vis-à-vis des Mauriciens d’origine nord-indienne, fervents
fidèles de Shiva. Car dans l’ensemble, et bien que toutes les
communautés hindoues prient harmonieusement tous les dieux à Maurice,
Shiva est plutôt le dieu préféré des hindous originaires du nord de
l’Inde, Ganesh celui des Marathis, Vishnou celui des Télougous et
Murugan celui des Tamouls. La renaissance tamoule est également très
vivace à Maurice. Depuis le milieu des années 1990, la plupart des
kôvil sont en cours de rénovation afin d’être conformes aux normes
architecturales de l’orthodoxie classique tamoule. On voit ainsi de plus
en plus de gôpuram dans le paysage. Il y a de moins en moins de
sacrifices et davantage de prêtres brahmanes qui viennent d’Inde ou du
Sri Lanka pour officier dans les temples. Mais il existe aussi désormais
des écoles de prêtres à Maurice même, qui sont associées à des
monastères du Tamil Nadu, notamment pour les ordinations.
PYT : Le plus significatif concerne peut-être mon étonnement lorsque
j’ai retrouvé par hasard à Maurice un prêtre indien que j’avais
rencontré deux ans auparavant au pays tamoul, car cette rencontre montre
à quel point l’hindouisme est une religion de plus en plus
transnationale, tout en étant solidement attachée à ses origines
indiennes. Ce prêtre brahmane est originaire d’un village du pays
tamoul, où son père et son grand-père officiaient dans un temple et où
il reçut sa formation de prêtre. Toute sa famille, ses terres, ses biens
et son gourou sont dans ce village et il officie habituellement dans une
localité située non loin. L’un de ses frères est le prêtre principal du
temple de son village natal et il l’aide régulièrement pour réaliser les
rituels des grandes fêtes du temple. C’est dans ce contexte que je l’ai
rencontré en 2006. Qu’elle ne fut donc pas ma surprise lorsque je le vis
deux ans plus tard officier en tant que prêtre principal d’un temple de
l’Ile Maurice ! J’étais en effet loin d’imaginer qu’un officiant d’un si
petit village indien pouvait être l’un des nombreux prêtres hindous
voyageurs participant à la vie des temples d’outre-mer.
PYT : Je vais tout d’abord m’intéresser très prochainement à
l’hindouisme réunionnais grâce à l’Ecole Tamij de Saint-Paul qui me fait
l’honneur de m’inviter pour donner une conférence sur le culte de
Murugan pour Dîpavalî. Je retournerai ensuite en Inde du Sud pour
étudier le rôle des temples hindous dans le développement des petites
villes du Tamil Nadu, dans le cadre d’un projet financé par l’Agence
Nationale de la Recherche. Je vais aussi m’atteler à la publication ma
thèse qui vient de recevoir le prix 2011 de l’Association Française de
Sciences Sociales des Religions.
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