Interview
DRS : Frédéric Soltan et moi
travaillons ensemble depuis près de vingt ans. Frédéric était monteur
pour différentes émissions de télé dont THALASSA et moi j'étais alors
iconographe après avoir été journaliste./color>
DRS : Après des vacances
passées en Inde en 1988, nous avons eu envie de travailler ensemble et
dans ce pays. Frédéric qui connaissait bien Georges Pernoud, rédacteur
en chef de THALASSA, lui a proposé de réaliser un documentaire sur les
anciens comptoirs de commerce en Inde. Georges a accepté et notre
premier sujet s'est appelé "Le Miroir aux épices".
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IR
: Et qu'est-ce qui, la première fois, vous a attirés tous deux vers
l'Inde et vers la réalisation de documentaires en Inde ? Est-ce dès ces
premiers pas que l'idée de Sangha Production vous est venue ?
DRS : Frédéric était depuis
toujours attiré par l'Inde et ce premier séjour l'a emballé. Quant à
moi, j'ai mis un peu plus de temps à aimer et à comprendre ce pays qui
est véritablement un "autre monde". Notre envie de faire des
documentaires correspondait aussi à notre envie de travailler ensemble.
L'idée de monter Sangha en 1990 nous assurait une certaine liberté par
rapport aux chaînes et nous garantissait la propriété de nos images.
DRS : Nous avons beaucoup
travaillé pour THALASSA et FAUT PAS RÊVER, ce qui nous a offert la
possibilité de tourner très souvent en Inde sur des sujets très variés.
Aujourd'hui, nous travaillons plus fréquemment pour FRANCE 5.
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IR : Vous avez
parcouru l'Inde en tous sens et avez pénétré dans son intimité : quelles
sont les découvertes les plus marquantes, les images les plus fortes que
vous pourriez évoquer, parmi - je le suppose - quantité d'autres ?
DRS : Même au bout de vingt
ans de voyages, on ne peut pas prétendre connaître à fond un aussi vaste
continent. Ce qui nous a le plus touché en Inde a d'abord été
l'extraordinaire chaleur de l'accueil des personnes avec qui nos avons
travaillé durant les tournages.
Pour nous deux, la présence de la religion, de la spiritualité dans
chaque moment de la vie quotidienne a aussi été l'un des facteurs de
notre attachement et de notre intérêt pour l'Inde. L'un des moments très
forts que nous ayons vécus en Inde s'est déroulé en 2001 quand nous
avons assisté à la Kumbha Mela d'Allahabad. Nous avons partagé à cette
occasion une grande ferveur et beaucoup d'émotions avec des millions
d'hindous.
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IR :
L'Inde des dieux et des hommes, par exemple, est une de vos séries
documentaires les plus accomplies : pouvez-vous nous en dire plus à son
sujet, sur son contenu, ses objectifs, la façon dont se sont faits les
tournages, et dans quelles circonstances ?
DRS : Le documentaire le
plus mémorable de cette série est pour nous, "la dernière vie de Nirmala"
. Nous avons suivi, durant une dizaine de jours une jeune femme, Nirmala,
qui se préparait à devenir nonne dans la communauté des Jaïns. Le
dernier jour de la prononciation de ses voeux, les membres de sa
communauté lui ont arraché les cheveux mèche après mèche. Ce serait trop
long ici d'expliquer la raison de cette pratique mais elle est liée,
malgré les apparences, au devoir de non-violence qui règle la vie des
Jaïns. Cette scène qui a bien duré une heure restera à jamais gravée
dans notre mémoire d'autant plus que Nirmala n'a pas versé une larme et
qu'elle est sortie rayonnante de cette épreuve.
Les autres documentaires de la série se sont faits très souvent à
l'issue de plusieurs tournages et de nombreuses rencontres. Tous nous
ont laissé de très bons et beaux souvenirs de rencontres et de partage.
Ces documentaires traitaient tous d'une des grandes religions de l'Inde
et soulignaient tous l'importance du sacré dans la vie indienne, l'idée
d'en faire un DVD est venue d'elle-même.
DRS : C'est tout à fait la
réalité et c'est bien pour cela que nous ne nous lassons jamais d'aller
là-bas. Chaque voyage est une source de découverte.
DRS : Il n'y a pas vraiment
de cinéma documentaire en Inde parce que la télévision n'a pour ainsi
dire pas de créneau pour ce genre d'émissions. Dans certains états comme
le Bengale de jeunes réalisateurs essaient d'intéresser le public à ce
genre de sujets mais il y a encore beaucoup à faire.
DRS : Nous avons par
ailleurs fait éditer deux livres, le premier intitulé L'Inde de la
mer et des hommes est sorti chez Flammarion en 2004 et le deuxième
Les rendez-vous de l'Inde et du sacré vient de paraître aux
éditions La Martinière.
DRS : La photo est un
instant arrêté, elle dure alors qu'un travail audiovisuel est plus
éphémère. Nous sommes submergés d'informations et d'images
continuellement et , je crois, que nous les oublions vite alors qu'une
photo peut-être vue et revue des centaines de fois sans lassitude, elle
a fixé un moment, un souvenir.
DRS : Nous avons proposé une
série sur l'Inde d'aujourd'hui à France 5 et préparons la maquette d'un
troisième livre.
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