Interview
MUG :
Je suis
née à Osaka, au Japon. J’ai commencé ma formation de ballet classique occidental
à l’âge de 3 ans et je me suis ensuite intéressée à l’art du spectacle. Diplômée
de l’université de Keio (Tokyo, Japon), je me suis installée à Paris pour
poursuivre des études de philosophie et d’esthétique de l’art du spectacle à
l’université Paris 8. Au fil de mes études, j’ai fait plusieurs créations de
danse contemporaine avec différents artistes, tels que Geisha Fontaine, Oliver
Coste, Shu Okuno , Ray Nakazawa. Avec cette dernière, j’ai co-chorégraphié une
pièce « Millilitle », qui a été beaucoup appréciée dans le cadre du festival de
danse du Val de Marne, organisé par Michel Caserta.
En 2006, je me suis installée avec mon mari à New Delhi, Inde, et j’ai
commencé à étudier l’une des danses indiennes classiques « Odissi » avec
guru Pratibha Jena, en tant que boursière du gouvernement indien (ICCR).
J’ai découvert le message universel de la danse indienne ainsi que la
richesse de ses langages physique et facial. Je poursuis actuellement ma
formation en approfondissant ma passion pour l’Odissi et tente également
de faire une nouvelle création chorégraphique à partir des vocabulaires
physiques différents que j’ai acquis jusqu’à présent, sans ignorer bien
sur la beauté de chaque style.
MUG : Pas
vraiment, même si la danse indienne commence à être appréciée dans le pays. Au
Japon, il est possible de danser dans les temples, cela ouvre de nombreuses
possibilités de dialogue entre traditions.
MUG :
Son côté
« sinueux », « ondulant », et l’expression très forte des visages, surtout dans
le style développé par mon Guru-ji, par rapport aux autres styles Odissi, plus
sobres à cet égard.
MUG :
J’ai suivi
les cours de Guru Prathibha Jena, la fille de Guru Surendra Nath.
MUG :
Guru
Surendra Nath a développé un style bien particulier, en supprimant certains
mouvements (le style gotipuas) tout en développant un nouveau langage
chorégraphique inspiré du quotidien. Enfin, il a intégré à ses chorégraphies des
influences tantriques jugées « excessives » par d’autres courants.
MUG :
Par
rapport à la danse occidentale, la danse indienne comporte une dimension
méditative. C’est une danse très apaisante, ouvrant sur le spirituel.
MUG :
Oui, bien
sûr. L’une des postures de l’Odissi (chawk) demande une grande flexibilité. Il
en va de même pour certaines postures en suspension. Ma formation à la danse
classique à été très utile à cet égard.
MUG :
Pour l’instant, je voudrais me concentrer sur deux créations de ma
Guru-ji, « Chaya-Jatak » et « Dasavatar », qui chacune à sa manière
apparaît révélatrice du style développé par Guru Surendra Nath Jena. Je
voudrais ainsi mieux faire connaître la beauté du style Odissi, et de sa
portée méditative. Plus tard, je souhaiterais travailler sur une
création personnelle mêlant des influences venues de la danse classique
occidentale et de l’Odissi, en particulier en ce qui concerne les
expressions faciales.
MUG : J’ai
toujours beaucoup compté sur l’ouverture d’esprit des Français… J’ai voulu
saisir cette occasion pour mieux faire connaître l’Odissi.
MUG :
Le plus
difficile, pour une jeune Occidentale qui se lancerait dans l’Odissi, tient au
rapport au Guru. Il faut se montrer humble, apprendre à servir son maître, lui
faire une entière confiance.
MUG :
Actuellement en France pour quelques mois, je souhaiterais faire de nouvelles
connaissances, découvrir de nouvelles danses, de nouvelles musiques, et
collaborer avec des artistes maîtrisant d’autres langages corporels.
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