DJ Ganesh,

La rencontre de la musique indienne
et de la techno...

    
  
   Le mois dernier, Indes réunionnaises présentait l'interview de Fabienne Shanti Desjardins, d'origine pondichérienne et vivant à Paris. DJ Ganesh est dans une situation identique, mais il s'exprime à travers la musique. Une musique résolument jeune, rencontre des racines indiennes et de la modernité techno. Il nous en parle, ainsi que de son vécu culturel indien dans la capitale française...

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Interview

  • IR : DJ Ganesh, pouvez-vous tout d'abord vous présenter aux visiteurs du site ?

    DJG : Nom : Ramin, prénom : Ganeche, d'où Ganesh , âge : 28 ans , né de parents indiens de Pondichéry.

  • IR : Quelles ont été les différentes étapes de votre carrière musicale ?

    DJG : Je suis passé du saxophone aux platines en l'espace de dix ans, j'ai commencé vers 19 ans à m'intéresser à la musique comme forme d'expression. J'ai joué dans un groupe de blues : "Blue Vibes", puis de funk, "Cosmic Slop", ensuite j'ai tripé dans du funk psyché dans "Fuzz 2 Fly", s'en suit "d-fé" groupe de métal afro ; aprés quoi il y a eu DJ Ganesh et un projet plus récent "Drav'indianz".

  • IR : Quelles influences musicales reconnaissez-vous ou revendiquez-vous ?

    DJG : Hendrix, Funkadelic, Karsh Kale, Talvin Singh, Ravi Shankar , Zakir Hussain, Bill Laswell, Miles Davis, Coltrane, Badmarsh and Shri, Fundamental, Rage against the Machine, Body Count et bien d'autres...

  • IR : La musique indienne est, depuis des décennies, utilisée dans des expériences de "fusion" (jazz, celtique...) : quel regard portez-vous sur cette musique (indienne et fusion) ?

    DJG : Les mélanges sont parfois intéressants , par exemple Miles Davis dans Bitches Brew, mais souvent décevants quand ils ne retiennent que le côté superficiel de la musiqe indienne  (George Harisson).
    Prenons encore la musique hip hop qui pille dans le patrimoine indien que ça soit Dr Dre ou Missy Elliot, là encore il y a du détournement de la musique indienne qui à la base est spirituelle, et là elle devient limite vulgaire, pro-commerciale. Ceci ne veut pas dire que les fusions actuelles R'n'B ne sont pas bonnes, d'ailleurs je remercie tous ces artistes qui samplent car c'est aussi grâce à eux qu'il y a une sensibilisation des auditeurs moyens à l'Asian sound.


  • IR : Techniquement, artistiquement, comment expliqueriez-vous votre musique, rencontre de "tradition" indienne et de techno ?

    DJG : Oui c'est vraiment une rencontre entre le son traditionnel (sitar, flûte, tablas, nagaswaran...) et les sonorités techno actuelles (house, jungle, breakbeat) avec une utilisation des platines vyniles pour le côté classique et l'emploi d'un pc portable comme une ouverture vers l'avenir technologique. Je mixe de la lounge indienne, du hip hop /bhangra  Asian, puis je passe à des rythmes plus speed, genre 2step breakbeat, j'enchaîne sur de la house, puis je fais un pont vers la jungle drum'n'bass, toujours en gardant un lien logique qui est l'Indian vibe que j'apporte avec des samples sortant de mon pc. En fait je n'ai pas de style défini, j'aime la bonne zic électronique, je l'utilise comme un support pour véhiculer des émotions indiennes. Il 'marrive souvent de créer la surprise en passant des morceaux tamouls de pur folklore "kouteu", en plein milieu de set quand le public est chaud.

  • IR : La scène house et techno à Paris s'ouvre rarement à des créateurs de couleur : comment cette situation est-elle vécue par un Tamoul comme vous ?

    DJG : L'ariste George Clinton a intitulé un de ses albums : Paint the White House Black !, concernant la Maison Blanche au States, eh bien pour la house et la techno c'est pareil , faudrait y mettre un peu plus de couleurs ! Et je ne parle pas des deux, trois blacks ou métis qui sont là pour jouer les clowns ou amuser la galerie. Je devais jouer pour une boîte américaine à Paris (je ne leur ferai pas de pub), je leur envoie la démo, et puis ils me demandent d'envoyer des photos, quelques jours plus tard , plus de réponse...
    La musique techno est à l'origine née à Detroit par des mains noircies suant le funk et aujourd'hui on ne voit plus qu'un cartel de blancs qui tient le devant de la scène. Pour faire partie du milieu et y arriver plus facilement, il vaut mieux être blanc, bi, aimer les drogues et être bien entouré, bref avoir du fric !

  • IR : De manière générale, et plus seulement sur le plan musical, vous sentez-vous pleinement intégré dans la société française ? La vie d'un Indien à Paris est-elle facile ?

    DJG : On ne peut parler vraiment d'intégration quand on est issu d'une autre culture et qu'on s'adapte à un nouvel environnement ; il est évident que pour se faire valoir dans la société quand on est indien, il faut assurer partout , sinon personne ne te respecte. J'ai souvent entendu : " T'es pas comme les autres Indiens..." Pourquoi le fait de faire de la musique serait t il interdit à un Indien ? Pourquoi n'y aurait il pas de dj indien ? En fait, on n'aime bien les Indiens en France, surtout quand ils ne font pas de bruit. La vie est ce quelle est, je ne peux pas me plaindre de cette situation, il y a toujours pire quand tu y réfléchis.
    Pour la musique, tu peux toujours jouer dans un vieux bar miteux , mais dès que tu veux aller plus haut, on te fait comprendre poliment que tu n'as pas la bonne tête ; mais ça ne m'empêche pas de continuer car j'ai justement envie de prouver par a + b que les Indiens peuvent assurer aussi dans ce domaine.

  • IR : Quels sont vos liens, si loin du pays ancestral, avec la culture indienne : habitudes alimentaires, vestimentaires, comportementales, culturelles, familiales... ?

    DJG : La société occidentale m'a perverti dans mes habitudes alimentaires, ça ne m'empêche pas de me taper des restau indiens. Côté vestimentaire,  je porte une tunique indienne avec des habits streetwear, des t-shirts asian ... Pour les habitudes culturelles, j'enlève mes chaussures avant de rentrer chez moi, je ne me coupe pas les ongles le mardi et le vendredi , et plein d'autres trucs ... J'ai un "canar" tableau à l'entrée de la maison représentant un personnage effrayant pour repousser le mauvais oeil...

  • IR : Vous restez attaché à la religion hindoue, qui est encore loin, en France, d'une reconnaissance comparable à celle que rencontrent les grandes religions monothéistes ou même le bouddhisme : comment vivez-vous cette marginalité et votre pratique religieuse ?

    DJG : Je suis croyant, mais je ne peux pas dire pratiquant à 100%, donc je n'ai pas forcément de contraintes. Le fait de pratiquer une religion qui ne s'est jamais exportée par la force, donne au caractère marginal une autre dimension.

  • IR : Que savez-vous de la Réunion et des communautés d'origine indienne qui y vivent ? L'île pourrait-elle devenir une prochaine destination pour le DJ que vous êtes ?

    DJG : Je sais qu'à la Réunion, nombreux sont les frères, les cousins éloignés, et c'est pour eux aussi que je me bats derrière les platines, afin qu'ils n'aient plus de chaînes à leurs pieds, avec le troisième millenaire, les chaînes sont virtuelles, donc pas forcément visibles... Le fait de venir jouer sur l'île me comblerait de joie, dés qu'une occasion se présente je n'y manquerai pas ! Si vous avez des plans , n'hésitez pas à me mailer sur mon site (http://www.djganesh.fr.st).

 

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Site Internet

      Le site Internet de DJ Ganesh, où le Flash se taille une place de choix, fait en quelques rubriques le tour de l'essentiel à savoir sur l'artiste. On retiendra en particulier la page biographique, les photos, les vidéos, la rubrique "plans", annonçant les sorties de DJ G. sur la place parisienne... et surtout la page "Audio", avec plusieurs morceaux à écouter ou à télécharger.
   DJ Ganesh from Paris se trouve ici : http://perso.wanadoo.fr/djganesh/
     
  

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