Shivaji Ganesan

  

   Viluppuram Chinnaiah Ganesan a débuté, dès l'âge de neuf ans, par le théâtre, notamment par des rôles de femmes à une époque où les convenances voulaient encore qu'ils soient assumés par des homes. C'est aussi à l'occasion d'une pièce de théâtre qu'il reçut le surnom de Shivaji, qui devait lui demeurer : Sivaji Kanda Indhu Rajyam, une pièce historique de C.N. Annadurai sur le grand souverain marathe. Recruté au dernier moment pour jouer le rôle, il est dit qu'il apprit en un seul jour les quatre-vingt-quinze pages de dialogues !
   Né près de Thanjavur le 1er octobre 1927 et décédé le 21 juillet 2001 à Chennai, le "Marlon Brando du cinéma asiatique" ou - selon le Washington Post - le "Clark Gable indien, , mais aussi chevalier dans Ordre des Arts et des Lettres (décoration

     
française) a eu une carrière et une existence exceptionnelles,  faisant de lui peut-être le plus grand acteur tamoul de tous les temps.
   Lorsque C. N. Annadurai, l'écrivain, passa au cinéma, c'est à Shivaji qu'il confia le premier rôle, dans le film Parashakthi, en 1952... un des films les plus controversés du cinéma tamoul avec ses longs monologues et les idées politiques et rationalistes chères au parti DMK (de C. N. Annadurai, encore lui) sur la religion et les prêtres. Du reste, Shivaji s'éloigna des idées du DMK, à la suite d'un voyage dans la ville sainte de Tirumala, adopta les idées d'un parti nationaliste tamoul, puis adhéra au Congrès, le grand parti d'Indira Gandhi, puis fonda son propre parti, Thamilhaga Munnetra Munnani, avant de se retrouver dans l'opposition, au Janata Dal. Une tumultueuse et piteuse carrière politique, bien pâle au regard des mille feux de sa réputation d'acteur.
   Des regards de feu, une voix comparée aux rugissements du lion, des maquillages voyants... le jeu de Shivaji à l'écran était souvent outré, et critiqué, mais aussi admiré, imité sans jamais être égalé. "Qu'est-ce que jouer un rôle ? déclarait-il, c'est faire quelque chose qui n'a rien de naturel. A partir de là, où est la question de trop en faire ?".
   Shivaji pouvait jouer toutes sortes de rôles, exprimer toutes sortes d'émotions, mais il a sans doute été un des tout premiers à imposer une image en fonction de laquelle les réalisateurs créaient leur personnage, et non plus l'inverse.
   Il a triomphé tout au long des années '50 et '60, avec environ quatre-vingt-dix films au cours de ces deux décennies, notamment Vîrapandya Kattoboman (1960) que certains considèrent comme ce qu'il a fait de mieux. Plus de cinquante tournages, encore, dans les années '70, et, malgré les changements de générations, malgré la venue de nouvelles vedettes (Kamal Hassan, Rajnikanth et d'autres encore) des grands rôles jusqu'à la fin de sa vie, avec notamment un remarqué Muthal Mariyathai en 1985. Sa dernière apparition à l'écran fut celle de 1999, dans Padayappa. Au total, environ trois cents films, en tamoul pour la grande majorité.

 

Haut de page


    

Retour à la page précédente

SOMMAIRE