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Ce petit recueil, à la présentation des plus
esthétiques, regroupe vingt-cinq contes d'inspiration védantine. Une sagesse à usage
personnel. "Posez-lui une question, inquiète ou espérante, en tout cas intime, une
de ces questions d'au-delà de l'intelligence que d'ordinaire on pose à son coeur, les
yeux fermés. Ouvrez-le au hasard. Quelqu'un est là, qui vous parle. Il ne vous dit pas
seulement quelque chose de plus ou moins intéressant, non. Il répond à cette question
que vous n'avez même pas dite à voix haute". Ainsi s'exprime Henri Gougaud dans un
"mode d'emploi" qui ouvre le livre.
Ajoutons la présence d'une iconographie abondante et réussie, et nous
obtenons un petit bijou de chevet à la présence douce et discrète... |
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Nous proposons ici, avec l'aimable autorisation de l'auteur
et des éditions du Seuil, le texte intégral de l'un des contes du recueil. Compassion
Râmânuja, l'un des grands maîtres du
Védânta, était généreux. Il regardait tous les humains pareillement, offrait à tous
son attention, aux hommes comme aux femmes quelle que soit leur caste. Il était même
chaleureux à l'égard des hors-caste. Il scandalisait les gens de son temps.
Au temps où il cherchait encore sa voie, il approcha un maître et le pria
de l'initier. Il lui offrit une noix de coco. Le maître, reconnaissant une grande âme,
prit la noix, la fendit d'un coup sec. Ainsi fut-il dit sans parole que son mental était
brisé et que son ego pouvait s'écouler.
Puis il murmura à l'oreille du disciple le mantra sacré.
- Répète-le avec tendresse, avec intelligence bien sûr, avec abandon et passion,
avec détachement surtout. Ce mantra est d'une grande puissance, il te libérera sans
faute de l'ignorance. Répète-le en secret, garde-le au fond de ton coeur, ne le
communique à personne.
- Pourquoi donc ne puis-je le dire à haute voix, devant les gens ?
- Si tu le divulgues il libérera celui qui l'aura entendu, mais toi, tu
continueras à errer dans ce monde, plein d'ignorance et de douleur.
Râmânuja quitta le maître, grimpa aussitôt sur le toit du temple le plus
haut. De là il appela la population d'une voix forte :
- Venez et écoutez bien : le maître m'a donné le puissant mantra qui sauve
assurément celui auquel il est transmis. Entendez-le, répétez-le : "Aum namo
narayana." Vous l'avez bien entendu ? "Aum namo narayana. Aum namo narayana
!"
Le maître aussi l'avait entendu, évidemment. Il fit appeler Râmânuja. Le
disciple vint sans tarder.
- Pourquoi, malgré mon avertissement, as-tu divulgué ce précieux mantra sur la
place publique ? lui demanda-t-il, effaré.
- Je suis prêt à vivre encore mille vies d'ignorance et de douleur si ceux que je
vois là, devant moi sur la place, sont tous sauvés dès cette vie, répondit
paisiblement le disciple. |
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