Interview
MR : Je suis française d’origine indienne, je
suis danseuse-comédienne-costumière mais aussi professeur de danse et de gestuelle indienne,
et fondatrice de l’association MudraDanse, « le corps qui parle ».
MR : Tout simplement, j’ai été adoptée enfant par une
famille française, et ayant passé ma petite enfance en Inde, j’ai toujours été
très attachée à mes origines.
MR : La formation de comédienne m’a beaucoup apporté
en termes de liberté, d’épanouissement de soi. Le langage verbal est plus
difficile pour moi, mais avec de la volonté et du travail, on y arrive.
À travers un texte, une pièce, je prends un réel plaisir à faire passer
des émotions aux autres, à le rendre vivant, à pouvoir endosser différents rôles. Finalement, la danse indienne est pour moi source de bonheur. Mon parcours a toujours mêlé le théâtre et la danse. Dans le théâtre, j’aime
le fait de raconter des histoires, de visualiser des personnages et de les
incarner. Dans la danse indienne, j’aime l’énergie, la dynamique, le rythme, les
images, les costumes, le côté spirituel. Etant de nature réservée et timide, je trouve que la danse indienne me donne
la possibilité de m’exprimer. Théâtre, danse, poésie, percussions, chant, costumes, maquillages, décor...
voilà les domaines dans lesquels je m’épanouis pleinement.
MR : Costumière
de formation, j’ai suivi les cours d'une école d'infographie-stylisme,
j'ai ensuite suivi la formation de CAP flou, et de stylisme-modélisme à la
Chambre Syndicale de la
Couture Parisienne, ainsi que des stages en tant que costumière de spectacles.
J’ai travaillé dans des
entreprises de confection : haute couture, robe de mariée et costumes pour les
hommes, également dans diverses entreprises du domaine des spectacles. Actuellement je fais des costumes pour ma compagnie et d’autres
compagnies de spectacles... C’est pour moi non seulement une source de revenus
mais je dois avouer que j’y trouve beaucoup de plaisir. Créer des
costumes n’est pas seulement de la couture, mais tout un art.
MR : Elle a été
créée en 2012. Après diverses recherches auprès d’autres compagnies j’ai décidée de fonder ma
propre association, et ainsi de pouvoir réaliser mes projet artistiques. C’est
une façon de ne pas faire de compromis. Les objectif de l’association sont simples
: promouvoir la culture indienne, et bien sûr réaliser divers spectacles. L’association veut permettre un échange culturel, en invitant
artistes et personnalités… Découvrir l’autre permet aussi de se découvrir soi-même.
Le but est personnel mais aussi social. En tant que personne
atteinte de surdité, je souhaite que l’association évolue en partenariat avec diverses
institutions d’état, afin d’apporter de l’aide, du rêve, à toutes ces personnes
auxquelles la vie n’a pas fait de cadeau.
MR : La compagnie
TarakaDance, n'en est pour le moment qu’à ses débuts, quelques spectacles ont été
proposés. En relation avec divers artistes (musiciens, danseurs, etc..), la
compagnie poursuit un but simple… promouvoir la culture indienne.
MR : Sans hésitation la
danse de style sattriya, que j’affectionne particulièrement et où je me retrouve
pleinement, mais aussi le kandyan , le kathak , l’odissi, le kathakali, les danses
folkloriques du nord de l’Inde. L'Inde est d’une telle richesse et beauté en
matière de danse et de musique !
MR : Evidemment le fait de
ne pas entendre suppose d’appréhender autrement les choses, ceci ne concerne
pas que la danse mais aussi la vie en général. Concernant la danse, il faut faire appel à d’autres sens. Les
vibrations, le visuel, le ressenti sont aussi des outils sur lesquels on peut
s’appuyer. Sur scène, on arrive même à oublier son handicap... La magie
s’exerce quand même.
MR : S’exprimer avec des
signes existe depuis la nuit des temps. Ce n’est pas forcement réservé aux
personnes atteintes de surdité. Concernant la danse indienne et en tant que personne sourde, j’ai
trouvé beaucoup de similitudes entre la langue des signe et la gestuelle
indienne. Plus qu’essentiels, les mudras sont pour moi une sorte
de continuation du
langage des signes, je dirais même une part de rêve, de poésie… C’est pour moi un sens à part entière
.
MR : Mes élèves sont tout
le monde ; j’ai remarqué que le profil type n’existe pas. Malgré de nombreux
clichés, la danse indienne n’est pas réservée aux baba cools (rire). Bien
sûr
je plaisante, il y a autant d’enfants, d’adultes jeunes et moins jeunes, tous
milieux sociaux confondus. Je pense que dans notre monde et
notre société où on entend parler de crise, de guerre, de chômage, de
peur etc., la danse indienne permet de se
retrouver. Plus précisément, je travaille sur la technique, sur la gestuelle,
j’essaye d’apporter par mes connaissances la maîtrise de cet art. Je propose aussi des rencontres avec de grands artistes indiens,
des masters class, des stages de danse et percussion, de chant signe, des spectacles…
Je projette pour l’année prochaine de réorganiser des masters
class avec Bhabananada Barbayan en danse sattriya et avec d’autres
artistes pour les disciplines que j’affectionne particulièrement (music, chant).
Il est important d’avoir le maximum d’informations, de rencontres
possible… avec les personnes issues directement de cette culture. L’association permet aussi cela, à des tarifs plus qu’abordables,
car tout le monde n’a pas les moyens de voyager en Inde...
MR : En occident, la
danse en général est considérée comme un sport, au mieux un art. Pour moi,
c’est plus qu’un art : la danse est un lien direct entre notre corps et notre
esprit, l’un ne peut marcher sans l’autre. En Inde, où la
pratique religieuse et spirituelle fait partie intégrante de la vie, la
danse ne peut s’envisager sans le côté spirituel. J’essaye de ne pas oublier cette dimension dans mon enseignement. Personnellement, la spiritualité me permet de m’élever et de me
sentir plus en adéquation avec notre monde, notre planète, et tout être vivant
sur cette terre…
MR : Déjà je m’envole en
automne 2012 pour l’Inde. Un retour aux sources… Pour la
rentrée 2012, un spectacle est en projet, mais chaque chose en son
temps... Bien sûr, les cours reprennent en septembre et sont ouverts à tous.
Pour suivre l’association, rendez-vous sur mon site :
www.mudradanse.com.
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