Christine Teyssier :

"...l'Inde est le berceau de toutes les formes de danse"

      
  

   En ce printemps 2012, c'est à l'occasion d'un spectacle donné sur deux scènes midi-pyrénéennes que nous rencontrons la danseuse et chorégraphe Christine Teyssier. Bien que de formation classique européenne, celle-ci revendique une inspiration indienne profonde et, en proposant des extraits de La Bayadère de Petipa ainsi qu'une création intitulée Nirvana, le confirme de la plus belle des manières.
   Ne manquez pas également le site de la compagnie de Christine Teyssier :
http://www.ballets-christineteyssier.com


Interview  -  Le spectacle


Interview

  • IR/LNRI : Christine Teyssier, pourriez-vous tout d'abord vous présenter à nos lecteurs ?

CT : Je suis née à Paris, dans une famille avec des vraies valeurs de vie, vérité, bonté, respect ; ces valeurs guident toujours ma vie, et surtout au travers de mes spectacles pour le public.
  
Après avoir découvert, à cinq ans, une paire de chaussons de danse dans une malle du grenier de mes parents, j'ai dit à ceux-ci que je voulais être danseuse ; on m'a inscrite à l'école de danse de Rambouillet ; notre professeur nous à emmenés voir un spectacle de danse à l'opéra de Paris : La Belle au Bois Dormant… C'était avec le fabuleux Rudolf Noureev et Noëlla Pontois. J'étais émerveillée par tant de beauté, de grâce. La danse est devenue une passion à l' âge de dix ans, je faisais trois à quatre cours de danse par jour. Je me suis dit que je réussirais par mes efforts, pour apporter du bonheur au public. Certaines personnes pensent que la danse classique c'est beaucoup de travail, oui c'est sûr, mais quand on le fait avec son cœur, on s'oublie, on est dans une démarche altruiste, on trouve de la joie dans le travail et on rentre dans une autre dimension.
   A coté de la danse, un jour, un producteur de cinéma m'a remarquée et j'ai tourné un court métrage : Comme un oiseau Blessé, avec le mime Marceau. Le producteur a dit à mes parents que je devais continuer dans le cinéma, mais j'ai préféré la danse. Je suis rentrée au Conservatoire Supérieur de la Danse de Paris, à l'âge de onze ans, avec une dérogation car j'étais plus jeune que les autres. A seize ans j'ai été acceptée dans ma première compagnie, le Ballet Théâtre Français de Nancy, puis au Royal Ballet de Flandre, et enfin Maurice Béjart m'a remarquée, et j'ai incorporé alors l'un des plus grands ballets pour des tournées dans le monde entier. J'ai donc dansé sur les plus prestigieuses scènes mondiales.
   Après un accident au genou, j'ai eu l'inspiration d'écrire mes propres chorégraphies. Ce fut un besoin aussi fort que de devenir danseuse, une évidence ; ce n'est pas quelque chose que j'ai cherché, c'est comme un destin. Quand j'étais danseuse j'étais timide, je parlais peu, j'écoutais beaucoup. En tant que chorégraphe, je peux dire tout ce que j'ai envie de dire, créer me permet de continuer aussi ma propre évolution personnelle, en me servant du matériel, pour évoluer plus vite au niveau spirituel et de continuer par mes spectacles à sortir les gens de leurs soucis quotidiens, au moins l'espace de deux heures.

  • IR/LNRI : Quelle est votre approche personnelle de la danse, qu'elle soit classique ou contemporaine ? Qu'y cherchez-vous ? Et que lui donnez-vous ? En tant que danseuse et que chorégraphe...

CT : La danse, c'est le troisième poumon, c'est la cinquième dimension, c'est l'alphabet sacré, c'est tout ça, la danse ; et pour mon rapport avec elle, c'est un magnifique outil d'évolution personnelle et universelle. Un proverbe hindou dit : « Si un dieu hindou ne savait pas danser, il finirait par tomber dans l' abime de la fadeur. »

  • IR/LNRI : Quelles ont été les grandes joies de votre carrière ?

CT : Travailler avec Maurice Béjart, un maitre.

  • IR/LNRI : Pouvez-vous nous parler de votre compagnie toulousaine et de la scène chorégraphique de la Ville Rose ?

CT : Notre compagnie est une compagnie privée. Je n'ai pas encore intéressé les responsables des subventions... Un inspecteur de la danse (délégué de la culture) m'a dit que je n'étais pas assez contemporaine et qu'il me conseillait d'arrêter, ce que je n'ai pas fait bien sûr, car j'ai la chance d'intéresser le public et de lui plaire, du moins tous ceux qui viennent, et qui ont vu mes créations, car la Direction des Affaires Culturelles ou autres instances publiques ne font absolument rien pour nous aider ; on nous propose ou impose des salles de spectacle, des mardis, des jeudis, très rarement le week-end, même des dates calées longtemps à l' avance nous sont supprimées au dernier moment...! Aucune information, ni dans la publicité des théâtres... Nous sommes en association loi 1901, mais cela n'empêche pas que l'on nous fait payer très cher les salles, autour de 1900 euros la soirée...
   ... Voilà pour la ville rose. Donc c'est très difficile de faire venir le public, sans rédactionnels médiatiques, mais aussi ces mêmes supports coûtent très cher. En France, la culture servant à l'évolution des êtres est réservée à une minorité et aux institutions et n'est a priori pas la priorité des médias, qui préfèrent les spectacles scandales, provocateurs, et morbides...
   Donc cela tient presque du miracle quand le public voit que l' on se produit, Mais notre motivation est grande !

  • IR/LNRI : Le spectacle dans lequel vous proposez des extraits de La Bayadère de Petipa et le ballet Nirvana a pour fil conducteur une inspiration indienne : pourquoi ce choix ?

CT : Parce que l'Inde est le berceau de toutes les formes de danse, et cet art y est millénaire. La Bayadère fait partie du répertoire classique et la musique est classique, de Léon Minkus. J'ai trouvé intéressant de créer un spectacle d'inspiration indienne, mais seulement avec des musiques hindoues et une histoire complètement différente, avec un mélange de chorégraphies néo-classiques et contemporaines.

  • IR/LNRI : Avez-vous vous-même une connaissance personnelle des diverses formes de danse indienne, classique et folklorique par exemple ? Et de la culture indienne ?

CT : A Paris j'avais pris des cours de danse indienne, mais lorsque je chorégraphie, j'essaie d'oublier tout ce que j'ai appris comme forme de danse, c'est la musique qui me donne les mouvements, pour moi c'est la vraie chorégraphie. La plupart des chorégraphes créent des gestes techniques et ensuite cherchent des musiques pour placer leurs gestes... Cela se voit, et s'entend. Pour moi la musique a une grande importance puisque je ne peux chorégraphier que sur des musiques qui me font vibrer. On peut dire que je suis un chorégraphe d'inspiration organique, j'ai aussi des flashs de ce que je dois faire, tout mon être est dans ma création et c'est un bonheur de le partager avec mes danseurs mais aussi avec toute l'équipe, car je ne suis pas seule : la création est un travail d'équipe qui va du directeur artistique, Ricardo Pineiro, au directeur administratif, Jean Luc Wahl, à la styliste Yvonne Beaugé, et aussi avec le corps des danseurs, leurs façons de bouger, leurs personnalités, leurs caractères, tout cela fait partie de la création. Moi-même chorégraphe je ne suis qu'une pièce du puzzle dans cette univers.

  • IR/LNRI : Dans quelle mesure la danse indienne vous semble-t-elle elle avoir influencé les créateurs de La Bayadère ? L'inspiration indienne s'y résume-t-elle à un simple prétexte exotique ?

CT : L'Inde a toujours fasciné les peuples par son mystère, sa spiritualité, sa poésie, ses légendes et sa réalité. Le dieu Shiva est considéré comme le maitre dieu de la danse. Etant donné que l'Inde est le berceau de toute forme de danse, ce n'est pas étonnant qu' elle ait inspiré les créateurs de La Bayadère, et je ne pense pas qu'elle ait été un simple prétexte exotique, bien que cela corresponde à une tendance de l'époque, avec un contexte romantique.

  • IR/LNRI : Et bien sûr qu'en est-il du ballet Nirvana, dont vous êtes la créatrice ? Comment l'Inde et la danse indienne ont-elles influencé votre création, et comment les avez-vous dépassées ?

CT : Mon ballet Nirvana fut déjà une rencontre avec le coup de foudre pour plusieurs musiques indiennes, qui m'ont inspiré une histoire sortie de mon inconscient, mais aussi un travail d'archive, par exemple pour la danse de la déesse au Lotus : c'est très symbolique car cette fleur nait dans les marais (du néant) pour devenir une fleur de lumière, symbolisant aussi l'espoir de l'être humain dans le monde actuel à s'épanouir comme le lotus... aussi mes propres démarches spirituelles pour atteindre plus de sagesse, de paix : en quelque sorte le « Nirvana ».

  • IR/LNRI : On vous sait impliquée dans une démarche que l'on peut peut-être qualifier d'écologiste, une démarche de sensibilisation à la sauvegarde de la planète : le spectacle dont nous parlons aujourd'hui s'inscrit-il à sa manière dans cette démarche ?

CT : En attirant les gens sur la recherche de leur propre essence, derrière une histoire merveilleuse, alors simplement en les amenant à réfléchir à la source de toutes choses, à la racine du monde, on peut bien entendu les amener à réfléchir sur l'état de notre planète, qui n'est que le reflet des pensées et des actions humaines, pour les amener à réfléchir sur la voie que Gandhi a payé de sa vie pour nous éclairer. Voilà aussi pourquoi la culture est primordiale, pour cultiver les êtres...

  • IR/LNRI : Avez-vous d'autres projets à coloration indienne pour l'avenir ?

CT : Pas pour le moment, mais l'Inde sera toujours dans mes chorégraphies par des gestes, des symboles aussi profonds que millénaires.

 

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Le spectacle

 
       
  

   Christine Teyssier, danseuse toulousaine, soliste de Béjart, propose un spectacle de ballets classique et néoclassique d'inspiration indienne, en deux parties : tout d'abord des extraits de La Bayadère (chorégraphie de Marius Petipa, musique de Léon Minkus), puis le ballet Nirvana, ou la fabuleuse histoire de la déesse tigre...
   Extrait du dossier de presse au sujet de Nirvana : "Dans un paisible village du nord de l'Inde, la déesse Budhi Pallien descends parfois sur terre, à l'Autel qui lui est consacré où le Maharaja, les princes et les villageois viennent déposer des offrandes. Le regard de la déesse se pose sur le prince Vikram, elle se métamorphose en une modeste paysanne et accroche son cœur à jamais. Mais la Maharani, mère du prince, lui interdit de la revoir. La passion prends alors le dessus, la déesse devient tigresse..!
   Ce spectacle « Nirvana » chorégraphié sur le thème de l'Inde, aux trésors culturels millénaires ravira le cœur et l'âme des spectateurs. Les amoureux des spectacles vivants seront séduits. Un voyage à vivre seul ou en famille."

   Le mardi 20 mars 2012 à Saint Orens (31) - SALLE ALTIGONE à 20 h 30 - Prix des Places de 9 à 25 € - Locations www.ballets-christineteyssier.com et points habituels ( Jauge Salle 562 places ).

 

  

   Le jeudi 29 mars 2012 à Cahors (46) - AUDITORIUM ( Place des consuls ) à 20 h 30 - Prix des Places de 9 à 20 € - Locations
www.ballets-christineteyssier.com et points habituels ( Jauge Salle 300 places ). Billetterie à Cahors OFFICE DU TOURISME
  
Choréraphies / Choré-auteur : Christine Teyssier

   Contact : 09 52 93 96 05.


 
La Bayadère Toulouse et Nirvana la déesse tigre... par pestacle

 

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