Interview
AK : J'ai commencé la danse indienne il y a plus
de quatre ans et je n'en démords pas, c'est une façon pour moi d'entretenir
mon corps et mon esprit. Je suis une élève assidue, toujours partante
pour danser. A coté de ça, j'ai un diplôme niveau Bac+5
d'administratrice de projets culturels et je gère l'association Bolly
Deewani au quotidien avec grand plaisir. J'aime organiser, communiquer,
dénicher des bons plans et être disponible pour ceux qui m'entourent.
AK : La création de
l'association est venue d'un
constat : aucun cours à Paris ne proposait de découvrir différentes
danses indiennes : Bollywood, Kollywood et Bhangra. La mode était au
Bollywood et les cours de Kollywood et de Bhangra n'avaient pas
pignon sur rue. Avec mes amies, le temps d'un déjeuner à la
Chapelle, nous avons révolutionné tout ça, lancé un casting pour
trouver des chorégraphes des différentes danses indiennes, imaginé le logo,
trouvé le nom de l'association et établi les règles de base. Une
semaine après, le casting se faisait et la semaine suivante nous
lancions une première session d'un mois. Depuis, nous enseignons
près de quarante heures de cours mensuellement : Bollywood, Kollywood, Giddah, Bhangra et des
fusions Bolly-Kathak, Bolly-Kalbelia, Bolly-Barath par session d'un
mois. Nous laissons les danses classiques aux spécialistes qui
savent enseigner dans le plus grand respect ces danses imprégnées de
spiritualité et qui nécessitent des années d'implication pour les
élèves. Nous souhaitions dès le départ tenir un rythme
assez dynamique dans l'apprentissage et nous nous sommes fixé une
chorégraphie par
mois à apprendre, quelle que soit la danse et le niveau du cours. C'est
motivant pour les élèves qui ont un but à atteindre. Nous souhaitions
aussi faire monter sur scène tous les élèves plusieurs fois dans l'année
pour les stimuler, leur donner un rôle au sein de l'association.
AK : Nos adhérents sont à
95% féminins mais de tout âge : des enfants dès six ans, des adolescentes,
des étudiantes, des mères de famille, des business women et même des
provinciales qui se déplacent une fois par semaine. Elles trouvent chez les Bolly Deewani un
lieu possible de partage, un espace culturel où l'on découvre l'Inde à
travers la danse par la gestuelle, la traduction des chansons, la grâce,
les expressions du visage. C'est une occasion de faire du sport tout en
se cultivant.
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IR
: L'objectif majeur de
l'association est donc de "promouvoir la culture indienne à travers
l'expression artistique et corporelle" : mais cela ne se limite pas
à la danse,
notamment à la danse Bollywood, à laquelle le nom de l'association
semble faire référence ? Quelles sont les diverses activités que vous
proposez ?
AK : Effectivement Bolly Deewani pourrait se
traduire de l'hindi par "la folie douce du Bollywood", mais nous sommes
ouvertes, vous l'aurez compris, aux autres styles de danse et à
l'ensemble de la culture indienne si vaste et si riche. L'inscription à
un mois de danse inclut la possibilité de participer à des ateliers pour
s'initier à l'art du henné, à l'art culinaire indien... C'est un
ensemble qui est offert à chacun et ce sont des moments plus appropriés
pour discuter, mieux nous connaitre et échanger nos connaissances sur
l'Inde.
AK : Nous ne perdons pas une occasion de monter
sur scène pour partager notre folie de la danse indienne : lors
du festival France-India, pour Les Comptoirs de l'Inde, lors du Salon
Spectaculaire, pour les fêtes de Pongal, Lohri, Holi, Diwali... En
février 2009, j'ai organisé la première soirée de l'association, le
"Let's deewani Show" pour clore un stage avec un chorégraphe indien
de Chennai que nous avions invité en France pour un workshop très
enrichissant. Nous avons eu un succès incroyable, la salle était
pleine, nous avons assuré une heure trente de spectacle dans une ambiance terrible. A la fin
de la soirée, nous avons fait une haie d'honneur aux spectateurs que
nous avons applaudis. C'était un moment fort partagé avec la foule, j'ai
adoré.
Sur notre lancée, on a invité en avril
dernier une autre chorégraphe indienne, de Singapour cette fois, pour
une semaine intensive de Bollywood très énergique. Aujourd'hui, je suis
sollicitée par les chorégraphes du bout du monde, ça a fait le tour de
la planète mais je ne peux pas tous les inviter !! C'est très complexe
d'organiser leur venue.
AK : Pour résumer, nous avons la particularité de
proposer différentes danses indiennes en cours, aucune obligation de
s'inscrire pour l'année mais plutôt au mois ou au trimestre à des prix
imbattables permettant d'être accessible à tous. Nous offrons plus qu'un
cours de danse, nous ouvrons notre coeur et partageons notre passion
pour l'Inde et pour la danse.
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IR
: Quel regard portez-vous sur la
vie des cultures indiennes en France et à Paris en particulier ? Les
choses "bougent" beaucoup, les événements sont relativement nombreux :
cela vous enthousiasme-t-il ? Y voyez-vous une sorte de phénomène de
mode, avec les travers que cela suppose, ou bien un authentique
engouement aboutissant à des réalisations de qualité ?
AK : Je profite et m'enrichis d'un
maximum d'évènements indiens de Paris et sa banlieue. Cela peut
paraître curieux
mais je prends note des erreurs pour ne pas les reproduire. J'ai un
regard critique mais je sais bien qu'il y en faut pour tout le monde :
les experts, les passionnés, les curieux, les "papillons" qui se posent
un peu partout et nulle part à la fois.
L'Inde en France ne se limite pas à
Bollywood, bien heureusement, c'est un chemin comme un autre pour y
accéder.
A la longue le public fait de lui-même le
tri entre les profiteurs et les gens sincères. On tombe rarement deux
fois dans le même panneau ! Des évènements de qualité, il y en a, et nul
besoin de louer le Palais des Congrès pour cela.
AK : Il me semble que l'Inde est futée et capable
de détrôner de grandes puissances. Il ne faut pas pour autant abandonner
la moitié de sa population. Encourageons les entreprises sociales et
solidaires de ce pays pour qu'elle devienne une grande nation.
AK : "Besoin d'un peu de folie dans votre vie,
partageons ce moment ensemble."
AK : Je cherche un espace à Paris pour
l'association avec studio de danse, salle de réunion et bureau.
Pour 2010, on n'est plus dans les rêves mais
dans les projets concrets : en avril, nous partons à une vingtaine en
Inde pour suivre des cours de danse, faire des spectacles et tourner des
clips. Une programmation d'enfer nous attend là-bas.
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