Interview
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IR :
Anita
Nair, you were born in Kerala : is Malayalam your mother tongue ?
Why did you choose
to write in English ?
Anita Nair, vous êtes née au Kerala : le malayalam est-il
votre langue maternelle ? Pourquoi avez-vous choisi d'écrire en anglais ?
AN
: Malayalam is my mother tongue.
However I choose to write in English because the first
language I studied was English and though I was exposed to Hindi, Tamil
and Malayalam, it was English as a language that I fell in love with.
Moreover a peculiar feature to many of my generation was that since we
were brought up in a rather urban atmosphere English became the language I
thought in.
Le malayalam est bien ma langue maternelle. J'ai
cependant choisi d'écrire en anglais parce que c'est l'anglais qui a été
la première langue que j'ai étudiée, et bien que je me sois trouvée dans
des environnements linguistiques hindi, tamoul et malayalam, c'est de la
langue anglaise que je suis tombée amoureuse. Plus encore, il faut savoir
qu'une particularité de bien des représentants de ma génération est que,
puisque nous avons été élevés dans un contexte largement urbain, l'anglais
est devenue la langue dans laquelle je pense.
AN : As a child
I was fascinated by words and the thought of spinning stories with words.
However I didn’t see myself as becoming a writer/author until much much
later.
J'étais une enfant fascinée par les mots et par l'idée que les mots
pouvaient donner vie à des histoires. Ce n'est cependant que beaucoup,
beaucoup plus tard que j'ai pu penser à devenir écrivain/auteur.
AN : I have always been writing. As far
as I can remember I always have had a note book and a pen in which I
scribble my thoughts. Sometimes I think the desire to write stemmed from
the fact that I am a voracious reader and inevitably I felt the need to be
able to capture the stories in my head. I admire several writers in India.
But to name a few, Allan Sealy, Amitav Ghosh, M. Mukundan, M T Vasudevan
Nair. Out of India too there are several writers I admire too but chief
among them are Annie Proulx, Manuel Rivas, Jorge Amado, John Updike etc.
J'ai toujours écrit. Aussi
loin que remontent mes souvenirs, je me rappelle avoir toujours eu avec
moi un carnet et un stylo pour y noter mes pensées. J'ai tendance à croire
que mon désir d'écrire vient du fait que je suis une lectrice vorace, et
j'ai inévitablement éprouvé le besoin d'être capable de m'emparer des
histoires dans ma tête. Il y a plusieurs écrivains indiens que j'admire.
S'il faut n'en citer que quelques-uns, je retiendrai Allan Sealy, Amitav
Ghosh, M. Mukundan, MT Vasudevan Nair. J'ai aussi de l'admiration pour
bien des auteurs étrangers, en particulier Annie Proulx, Manuel Rivas,
Jorge Amado, John Updike, etc.
AN : Yes
advertising helped immensely. It helped me craft my writing to the extent
that I learnt to edit the flab out. Apart from which
advertising is a great apprenticeship
for a writer.
First, I got used to rejection. Out of every ten brilliant
campaigns, one sees the light of the day. So what are a few rejection
slips ? Secondly, I learnt to curb my temper when someone mauled my
precious lines. Just about everyone in an ad agency from the tea boy to
the CEO ; and outside it, from the client’s grandmother to his daughter’s
dance teacher have a point of view about the campaign and specifically the
copy. So one accepts editing more easily than perhaps a writer who has
been a dog trainer. And finally, as an advertising writer has concocted
enough rhetorical overstatements for middling products he or she will
seldom be a victim of any hype…
Oui, la publicité m'a
énormément apporté. Elle m'a aidée à travailler mon écriture dans la
mesure où j'ai appris à l'alléger de tout le superflu. Par ailleurs la
publicité est un excellent apprentissage pour un écrivain.
D'abord, j'ai appris à accepter le refus. Sur dix brillantes
campagnes publicitaires projetées, une seule voit le jour. Alors, que
représentent quelques lettres de refus ? Ensuite, j'ai appris à réfréner
mon caractère quand quelqu'un déchirait mes précieuses propositions. Tout
le monde, dans une agence de pub, depuis l'employé chargé de servir le thé
jusqu'au PDG, et même à les personnes extérieures à l'agence, depuis la
grand-mère du client jusqu’à la prof de danse de sa fille, trouve son mot
à dire sur la campagne et en particulier sur le slogan. Alors on finit
peut-être par accepter plus facilement de modifier son travail que si l'on
est un écrivain qui a débuté comme maître chien. Enfin, un créatif dans
une agence publicitaire a suffisamment manipulé les ficelles de la
rhétorique emphatique au service de la vente de produits médiocres pour ne
plus être que rarement victime du chant des sirènes publicitaires.
AN : Feminism as I
understand it demands women is treated as equal to men.
I prefer to take a stance where I believe "about the right women
have to be women without having to be inferior beings". And it was this I
wanted to explore with Ladies Coupe. And also depict that it isn't easy to
be a contemporary Indian woman. On the one hand she is aware of her rights
and the need for an identity. On the other hand tradition dictates that
she submerge it in her role as mother and wife...the Indian woman is
someone who has a core of steel despite being wrapped in many layers of
tradition.
Le féminisme tel que je le
perçois exige que la femme soit traitée sur un pied d'égalité avec
l'homme.
Personnellement, je préfère une autre
position : je crois au "droit qu'ont les femmes d'être femmes sans avoir à
être des êtres inférieurs". C'est cet aspect que j'ai voulu explorer dans
Compartiment pour dames. Et aussi montrer qu'il n'est pas facile
pour être une femme indienne contemporaine. D'un côté elle est consciente
de ses droits et du besoin d'avoir son identité. D'un autre côté la
tradition lui impose d'enfouir cela sous son rôle de mère et d'épouse...
La femme indienne est quelqu'un qui a un cœur d'acier même s’il est
enveloppé de bien des couches de tradition.
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IR :
Mistress
is built like a Kathakali play, because you admire Kathakali. What else
among your Keralite roots have some influence on your mind and on your
work ?
Les
neuf Visages du cœur
est un roman
construit comme une pièce de kathakali, parce que vous admirez le
kathakali. Qu'est-ce qui, encore, dans vos racines du Kerala, exerce
quelque influence sur votre esprit et votre travail ?
AN : I wish I could tell
you why Kerala inspires me as it does. All I do know is it does. And again
and again….It is maddening to know that whatever it is defies description…
perhaps it is the sum total of the colours, the scents, the landscape, the
people, their cussedness and humour, the petty politics and the larger
than life ideals…just when you think you have understood some facet of
Kerala, it contradicts itself. Perhaps that is what is so exciting for me
as a writer…
J'aimerais bien être capable
de dire pourquoi le Kerala m'inspire comme il le fait. La seule chose que
je sais, c'est qu'il m'inspire. Encore et toujours... C'est rageant de
savoir que quoi que cela soit, cela se dérobe à la description. Peut-être
est-ce la somme totale des couleurs, des odeurs, le paysage, les gens,
leur esprit de contradiction et leur humour, la politique mesquine et les
idéaux démesurés... Le simple fait d'y penser vous fait déjà comprendre
une facette du Kerala, il se contredit lui-même. C'est peut-être cela qui
est si stimulant pour l'écrivain que je suis...
AN : Yes, I would prefer out if you
could strike out both Indian and lady.
I see myself as a writer without strings attached.
Oui, je préférerais laisser de côté "femme" et "indienne". Je me vois
comme un écrivain libre de toute étiquette.
AN : Literature is as much an art form as poetry.
In fact, I believe that they
have equal weightage. However not all poets can be novelist and vice
versa. Simply because poetry by nature looks inwards whereas the novel
tends to dwell in the world outside. But more than anything else the
novelist has to have a long term vision and stamina to be able to sustain
the narrative itself. Very often in the middle of a novel a novelist can
be plagued with doubts as to the point of the novel itself. It requires
great mental strength to be able to surmount those doubts and move
forward. More than the essayist or the poet this is what makes the
novelist unique – the mental stamina to work on a large canvas over a long
period of time.
La littérature est tout autant un art que la poésie En fait, je suis
convaincue qu'elles ont la même valeur. Quoi qu'il en soit, n'importe quel
poète ne peut pas devenir romancier, et vice versa. Tout simplement parce
que la poésie est par nature tournée vers l'intérieur, tandis que le roman
tend à s'appuyer sur le monde extérieur. Mais par dessus tout, le
romancier doit avoir une vision à long terme, une sorte d'endurance, pour
tenir la distance de la narration elle-même. Très souvent au milieu de son
roman, le romancier peu être assailli de doutes, jusqu’à remettre en cause
l’œuvre elle-même. Cela exige une grande force mentale si l'on veut
surmonter ces doutes et aller de l'avant. C'est surtout cela qui rend le
romancier unique et le différencie de l'essayiste ou du poète : cette
endurance mentale qui lui permet de travailler sur un vaste canevas
pendant une longue période.
AN :
Yes, humour is very important to me. I
believe if one can laugh at life and one self everything becomes less
tedious.
Oui, l'humour est très
important pour moi. Je suis convaincue que s'i l'on est capable de rire de
la vie et de soi-même, tout devient moins ennuyeux.
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IR :
Looking deep inside yourself, what will you answer this raw question :
Anita Nair, why do you write ?
Si vous
regardez au plus profond de vous, que répondrez-vous à cette question
abrupte : Anita Nair, pourquoi écrivez-vous ?
AN : I write because it gives me the
greatest joy. I write because when I do I have a sense of identity – of
someone who is courageous enough to hold up a mirror to society.
J'écris parce que cela me donne la plus grande des joies. J'écris parce
que, quand j'écris, je ressens profondément mon identité - l'identité de
quelqu'un qui a assez de courage pour présenter un miroir devant la
société.
AN : I have three forthcoming projects :
First one a collections of lesser known
Indian Mythology. There are 50 myths showcasing the most enchanting and
magical stories of gods and demons from Indian Mythology written for
children. This book should soon be out – Nov.’07.
A second book is also scheduled for release next year. A light
non-fiction one of all my literary essays. Each essay is a bedtime
rumination and is about books, writers, publishing, book events etc with
personal anecdotal history and I make fun of myself while taking potshots
at the literary world. As you can see, it is a kind of ironic take on
everything around me and my world drawing from my own experiences as a
woman, mother, daughter, wife and published writer...
And the third project is a
novel that I am working on.
J'ai trois projets en cours :
Le premier est un recueil de récits
mythologiques indiens peu connus. Il s'agit de cinquante mythes écrits
pour les enfants, montrant les histoires de dieux et de démons les plus
fascinantes et magiques de la mythologie indienne. Ce livre devrait
paraître en novembre 2007.
Un deuxième livre
est aussi prévu pour l'an prochain. Il s'agit d'une compilation de tous
mes essais littéraires. Chacun de ces essais est une rumination de fin de
soirée, au sujet de livres, d'écrivains, d'éditions, d'événements
littéraires, etc. avec des anecdotes personnelles. Je me moque de moi-même
tout en tirant à vue sur le monde littéraire. Vous voyez, c’est une sorte
de parti pris d’ironie sur tout ce qui m’entoure et constitue mon univers,
à partir de mon expérience de femme, de mère, de fille, d’épouse et
d’auteur publié.
Quant au troisième projet, il s’agit
d’un roman sur lequel je travaille.
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