Dans les années 1970s/1980s,
le mouvement identitaire en Guadeloupe avait une orientation exclusivement
« négriste ». La Guadeloupe politique, intellectuelle, bref, lestablishment Guadeloupéen ignorait volontairement ou non que notre pays nétait pas peuplé que de Nègres descendants desclaves Africains. Cest dans ce contexte que commencent à se manifester les militants de lIndianité. Il sagissait certainement , daller à contre courrant du mouvement dominant, et de rappeler à la Guadeloupe quelle comptait en son sein des descendants dimmigrants Indiens qui eux aussi contribuaient à son développement et à lexistence du peuple Guadeloupéen. Fatalement, autour de cette manifestation identitaire, se greffèrent des concepts que la situation de lépoque justifiait. Il fallait non seulement montrer à la Guadeloupe toutes les facettes de cette Indianité, à travers des conférences et autres manifestations à caractère culturel, mais il fallait en même temps tout faire pour « sauver la race », car cétait par elle que ce véhiculait la culture des Indiens de Guadeloupe. Noublions pas que toutes les grandes revendications Nationales excluaient les IndoGuadeloupéens, quil sagissent du combat pour la reconnaissance du Créole ou de la lutte Anticolonialiste. Le Créole était Nègre, la Guadeloupe était Nègre, le Gwoka était la musique Nationale, nous étions tous des descendants dAfricains, voire des Africains tout court. L « Indien de Guadeloupe » navait donc guère dautre alternative que dopérer un repli sur lui même et craindre toute éventuelle évolution du pays. Des associations apparurent et sattachèrent dune part à conforter chez lIndien tout ce qui faisait de lui un Guadeloupéen différent des autres culturellement, et dautre part à diffuser cette culture auprès des autres composantes de la société. Ce travail a porté des fruits et aujourdhui, on ne peut pas dire que le fait Indoguadeloupéen soit ignoré par qui que ce soit. Bien au contraire, beaucoup de non Indiens sy intéressent de plus en plus, et pour des raisons diverses. Mais aujourdhui le danger vient de lintérieur . En effet on assiste depuis quelques années à lémergence dun nouveau courrant identitaire Indoguadeloupéen , fruit sans doute dune ouverture sur lextérieur mal contrôlée et dune Indianité mal assumée. Des Indoguadeloupéens , aidés par dautres compatriotes tentent dimplanter dans notre pays, un Hindouisme de type nouveau. Leur démarche consiste à dénigrer les pratiques religieuse traditionnelles Indoguadeloupéennes ; celles-ci seraient dun autre temps (« daprès les « écritures ») et il faut donc que la Guadeloupe se mette elle aussi à lHindouisme Brahmanique, cest à dire lhindouisme pur, moderne. Ainsi, lapparition de nouvelles pratiques religieuses comme le « Shiva ratri (fête du Dieu Schiva), ou encore le « Diwali »(fête des lumières) sont présentées avec une malhonnêteté déconcertante comme étant des fêtes Guadeloupéennes. Mais plus grave selon nous est que ce courrant coïncide avec la mise en place de la nouvelle politique de lactuel Gouvernement Indien dobédience intégriste Hindoue, dont voici quelques grandes lignes : - répandre lHindouisme Brahmanique partout où cest possible et par tous les moyens, - faire de tous les descendants dIndiens et surtout des pays riches, des citoyens Indiens à part entière en leur octroyant la double nationalité afin quils se considèrent avant tout comme des « enfants de la mère patrie »,ou membre de la diaspora indienne, et contribuent ainsi au développement non pas de leur pays natal mais de lInde, - créer partout où cest possible un lobby Indien. La menace est bien réelle car il existe bien en ce moment dans notre pays des inidus qui partagent ces objectifs . Cela nous ramène à la sempiternelle rivalité entre Inde du sud et Inde du nord, entre Dravidiens et Indo-Aryens. Rappelons simplement : - que les pratiques religieuses traditionnelles Indoguadeloupéènnes puisent leur origine dans lInde profonde quelle soit du nord ou du sud, - quaujourdhui encore et contrairement à ce que prétendent certains, ces pratiques ont cours en Inde et dans dautres pays ayant où résident des descendants dIndiens, - que certains citoyens Indiens en découvrant notre Indouisme Guadeloupéen nont pas pu sempêcher dexprimer leur émotion de voir que nous avons préservé à travers des siècles ce qui chez eux na pu résister totalement à lhégémonie du nord. Par conséquent, personne dici ou dailleurs na le droit dessayer dimposer des modèles venus dailleurs. Il y a certainement la place dans notre pays pour un Hindouisme Brahmanique, mais son implantation ne doit pas se faire au détriment de et en dénigrant lHindouisme Guadeloupéen authentique et de toute la Culture quil véhicule. Il y a certainement la place pour la « Shivaratri », la « Diwali », et toutes autres pratiques culturelles ou religieuses Hindoues venues dailleurs ; mais cela doit se faire dans le cadre dun élargissement des connaissances sur la Grande Tradition, dune ouverture sur celle-ci, mais en complémentarité de nos pratiques traditionnelles, et non pas en ayant à les abandonner. Et cette cohabitation des pratiques traditionnelles et des pratiques dites modernes est tout à fait possible. Evitons de transposer en Guadeloupe, le modèle Indien où la domination du Nord Aryen sur le Sud Dravidien sexerce sans aucune retenue. Aujourdhui la question IndoGuadeloupéenne ne peut se poser ni comme dans les années 70/80s, ni daprès lactualité de lInde ou dailleurs. Afin déviter toute dérive il faudrait se poser une question fondamentale : Quest- ce-que lIndianité Guadeloupéenne ? Pour y répondre, il faudrait répertorier tous les éléments culturels propres aux Indoguadeloupéens, c- à-d ceux hérités de la période de limmigration et ainsi on pourrait les distinguer des faits culturels récemment introduits. Elle doit trouver son encrage dans la réalité profonde Guadeloupéenne. Il sagit avant tout dun problème Culturel et il convient dêtre prudent afin de ne pas gommer tout le travail fait au cours des années précédentes pour faire accepter par tous ce fait culturel Guadeloupéen . La commémoration de larrivée des premiers Indiens naurait pas de sens si elle ne consistait pas essentiellement à valoriser tous ces faits culturels authentiquement Indoguadeloupéens ainsi que ceux qui les perpétuent quotidiennement : Les « tapou kalen » (tanbouyés), les « matalon kalen » (joueurs de matalon), les «talon kalen » (joueurs de talon), «les kenbè kabrit », les « koupè kabrit », les « pousali », les « vatialou », les cuisiniers, les danseurs et danseuses, bref tout ceux qui avec tambour mais sans trompette perpétuent quotidiennement la tradition laissée par ceux de 1854 Il convient de tout faire pour que lintégration des IndoGuadeloupéens se poursuivent en évitant la manifestation violente des rivalités ethniques qui existent bel et bien encore même si elles saffirment moins ouvertement. Les campagnes électorales ponctuées soit par le vote Indien ou le vote anti indien sont là pour nous le rappeler. Sauver ce pan de notre Culture Nationale ne se résume pas à « sauver la race » ; il faut être réaliste et admettre que le métissage est incontournable, à moins que lon décide de choisir soit le mariage consanguin ou soit limportation de femmes Indiennes La survivance de notre héritage culturel dépasse les questions ethniques ; limportant est dagir en tant quéléments dun même Peuple en évitant de copier sur des modèles étrangers. Lhéritage culturel IndoGuadeloupéen est multiple : cultuel, culturel, culinaire, musical etc et a besoin dêtre valorisé comme élément du patrimoine National Guadeloupéen à part entière. Tout doit être fait pour que lintégration des descendants dIndiens en Guadeloupe se poursuive dans les meilleures conditions possibles. Pour ce faire il lui appartient à lui dabord de faire le minimum nécessaire cest à dire simpliquer davantage dans la société Guadeloupéenne, dans tous les domaines : culturel, sportif, associatif, politique, économique, etc Il doit participer activement à la construction du pays, et cela quel que soit le statut politique. Mais il doit en même temps éviter les dérives intégristes risquant de mettre en cause la cohabitation pacifique des différentes composantes de notre société, en réveillant certains discours dun autre temps.
|