La
ville de Saint-André est en fête. Comme chaque année, dix jours
avant la pleine lune de fin janvier/début février a en effet lieu
dans cette commune une magnifique célébration : le tai poussam
Cavadee, en l'honneur du deuxième fils de Shiva : le dieu Mourouga,
dieu de la jeunesse et de la beauté.
La veille des dix jours se déroule une cérémonie de purification du
temple et de l'âme des dévots : lavage des mains, absorption d'eau,
exercices respiratoires (pranayama), yargom... Il y a dès lors
purification par l'eau, l'air puis le feu.
Parallèlement, on va semer neuf graines (lentilles, blé, riz) dans
neuf récipients - le symbolisme du neuf correspondant à une
spiritualité accomplie - pour symboliser la purification par
l'élément terre. On va arroser ces graines durant les dix jours de
cérémonie. La germination de ces graines symbolisera la présence
divine.
La montée du "nargoulam" - drapeau - en haut du "codi" - mât - du
temple insistera sur la nécessité de profiter de cette vie pour
s'élever constamment. Elle signera le début du carême pour chaque
pénitent : prières, végétalisme et abstinence sexuelle.
Au pied du pavillon, après voir prié Surya - le dieu Soleil - et
Ganesh - le dieu de l'intelligence, celui qui ôte les obstacles de
notre vie - on aura fixé au mât un bouquet de fleurs, un "kap", avec
une jeune canne à sucre et une gerbe de vétiver.
Puis ce sera le moment de l'engagement individuel : "l'amar-kap" :
le prêtre attache lors d'une petite cérémonie un cordon safrané
composé de trois fils (la trinité hindoue) autour du poignet du
fidèle.
Le rituel se poursuivra avec "l'abishegam" : devant l'assemblée des
fidèles, le prêtre fera la "toilette" des divinités avec cinq
produits sacrés : du miel, du lait, de la banane, du ghee (beurre
clarifié) et du citron, avant de procéder au "yargom" : devant les
koumbons - vases en cuivre surmontés d'un coco - représentant les
divinités vénérées dans le temple, le prêtre fera un petit feu dans
lequel il offrira à celles-ci un mélange de neuf graines et de
pétales de fleurs en récitant 1008 mantras.
Après un repas végétarien partagé entre les fidèles, leurs familles
et les pauvres, et une "puja" - prière collective - a lieu
quotidiennement durant ces dix jours une procession en ville avec la
présence dans le char des divinités de Mourouga et de ses duex
épouses - Valli et Devanesa - représentant le désir et l'activité,
qualités indispensables à la réussite de notre vie matérielle.
Durant cette procession en ville, seront bénies les maisons et
familles en ayant fait la demande au temple. Le prêtre- devant
le barreau où ont été répandues des fleurs d'œillet d'inde, cassera
symboliquement un coco pour montrer qu'il faut nous attacher tout au
long de notre vie à casser notre égo pour atteindre le divin et se
fondre en lui.
La veille du dixième jour, on fabrique le "cavadee" : arche fleurie
que porteront les fidèles en procession le dixième jour, de la
rivière purificatrice au temple où ils entreront à genoux pour
déposer leur arche au pied du divin.
Le dixième jour, après
"l'abishegam" et le "yargom", ils rejoindront la rivière - ou la mer
-, ils se purifieront alors par un bain purificateur, revêtiront des
vêtements neufs, feront bénir leur cavadee, offriront un plateau
d'offrandes aux divinités du char, et parfois se feront piquer des
aiguilles d'argent sur le corps, voire la langue, en signe de
mortification.
Tout au long du parcours, ils seront accompagnés de prêtres
récitant des textes sacrés et de leur famille entonnant des chants
sacrés et des mantras.
Après cette procession, sous un soleil de plomb, sur un macadam
brûlant, avec quelques arrêts pour bénir maisons et familles sur le
trajet, les fidèles déposeront leur cavadee au pied du dieu après
être entrés dans le temple à genoux.
On présentera ensuite les lampes à Mourouga pour recevoir la
bénédiction divine et on partagera le lait et le nectar de fruits et
de miel contenus dans les "sambous"- vases en cuivre - placés de
chaque coté du cavadee.
La cérémonie se terminera par la descente du drapeau - signant
ainsi la fin du carême -. On ôtera aussi le "kap" du poignet du
pénitent lui ôtant tout engagement cérémoniel.
© Patrice Louaisel, 2012 - Site :
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