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Indes réunionnaises
    

     LA SIGNIFICATION SYMBOLIQUE DU KOUMBON

   Patrice LOUAISEL


     La plupart des cérémonies tamoules, lors de l'exercice de leurs rites, ont l'habitude de représenter leurs divinités par un koumbon. Chacun d'eux représente une divinité de prédilection. Cela permet aux pusaris de faire en un même lieu précis rituels et offrandes à l'ensemble des divinités vénérées dans le temple.

Celui-ci est composé d'un vase en cuivre - "le sembou" - entouré de fils et surmonté d'une noix de coco posée sur des feuilles de manguier et de talpé, et entouré d'un ruban.
Chaque élément a une valeur symbolique :
Le sembou rempli d'eau parfumée de girofle, de cardamome, de soucou, de gingembre... évoque le corps humain.
Les fils qui l'entourent symbolisent les systèmes nerveux et vasculaires.
Les feuilles de manguier et de talpé représentent la peau.
Le coco qui surmonte le sembou représente la tête de la divinité.
La couleur du ruban correspond également à celle de la divinité qui est ainsi évoquée.
   La feuille de manguier a le pouvoir sacré d'absorber les mantras, formules sacrées, elle aurait aussi un pouvoir microbiocite. Les tamouls en ornent les portes et les fenêtres de leurs maisons quand ils sont en carême. En Inde, les femmes portent dans les cérémonies des feuilles de manguier pour assurer une longue vie à leur mari.
   Le talpé, herbe originaire de l'Inde et cultivé près des temples, est placé sur le koumbon car il a le pouvoir de conduire les mantras
jusqu'à l'eau du sembou et de faciliter ainsi la consécration de celui-ci en introduisant le reflet de la divinité.
   C'est le dieu Shiva qui a révélé aux rishis le secret de ces plantes.

L'EXEMPLE de la CEREMONIE du YARGOM effectuée tous les matins lors des cérémonies de "MARCHE SUR LE FEU" :
  
Vers 10 heures, le prêtre s'installe sur le parvis de la chapelle pour confectionner le koumbon de Pandyalé.
   Après avoir disposé par terre quelques feuilles de bananiers, il place dessus le vase de cuivre (sembou) surmonté d'un coco, lui-même dominé d'un faisceau de vétyver tressé. Le tout étant décoré de guirlandes d'œillets d'Inde.
   Devant ce koumbon, il amoncelle des petits morceaux de bois, de manguier, jacquier et caoutchouc afin de faire un petit feu ensuite.

Il dispose - toujours sur les feuilles de bananiers - son matériel :
- un plateau de cuivre avec une feuille de bétel sur laquelle il a mis une pièce, de la cendre, du camphre et de la poudre vermillon (pour le potou).
- un vase en cuivre rempli d'eau
- une sorte d'encensoir rempli de braises
- une petite louche
- une sorte de vase à long col contenant du parfum.

A côté, il prépare ses fournitures pour "l'égyon": - neuf types de grains (lentilles, haricots secs, pois du Cap etc...)
- une corbeille de pétales de fleurs
- une bouteille de lait de vache
- des fruits et des bananes dans lesquelles il a fiché des bâtonnets de santal.

   Assis en tailleur, entouré en arc de cercle par les pénitents, il va alors réciter des prières reprises en choeur par les pénitents. Tous vont en même temps jeter des pétales de fleurs sur le koumbon (offrandes à la divinité représentée par celui-ci). Le prêtre va ensuite enflammer le petit tas de bois en y déposant du camphre allumé. Pour l'attiser, il va verser du beurre (ney) et alors que les flammes s'élèvent les pénitents vont y jeter les grains en récitant 1008 mantras...

© Patrice Louaisel, 2011

 

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