Qui
n'a pas entendu parler du "jako" malbar, cet homme-singe grimé qui
se contorsionne pour ramasser des pièces de monnaie avec la
bouche... mais le jako est bien plus que cela...

Photo Ph. Pratx
En fait, les mythes et prouesses du jako ont suivi des générations
de Réunionnais et été vivement appréciés par les masses populaires.
Certains l'ont considéré comme un être grotesque et cruel, d'autres
comme la représentation humaine d'Hanuman, ce roi des singes qui a
été divinisé pour avoir permis à Rama de libérer son épouse Sita,
capturée par le roi démoniaque de Ceylan.
"La danse jako" serait en fait une variante de la "danse du tigre"
encore aujourd'hui pratiquée en Inde, où des jakos paradent dans les
rues au son des tambours.
Autrefois, à la Réunion, les jakos dansaient devant le char des
divinités, le tel, lors de ses déplacements durant les marches sur
le feu. Durant l'Engagisme indien (1848/1882), il y avait quatre
jours de "congés" accordés aux hindous à la fin de la campagne
sucrière, début janvier de chaque année.
Le jako - qui a reçu "le don" d'un ancien danseur - a fait la "promes"
de danser pour le dieu-singe Hanuman. Habillé d'un langouti, muni
d'une chaine et parfois d'une queue en tissu, un foulard rouge
cachant ses cheveux, il se recueille d'abord devant un "padon" et
effectue un rituel d'offrandes devant le "codi" et le "nargoulam"(ce
grand poteau doté d'un drapeau à l'entrée des temples de
plantation). Le pavillon est d'ailleurs hissé au son des tambours.
Le jako esquisse alors quelques pas de danse, procédant à des gestes
et des parades précises.
Il semble en communion avec le dieu, comme pénétré par l'esprit
d'Hanuman. Il s'arrête là ou il y a un groupe de gens. Trois cercles
sont tracés au sol. Dans l'un d'entre eux, une feuille de bétel,
avec une pièce de monnaie dessus. Le jako va devoir la ramasser, en
faisant des acrobaties et en se contorsionnant, uniquement avec la
bouche.
Durant le trajet effectué, le jako peut être invité à bénir une
maison et la famille afin qu'ils soient protégés par Hanuman. IL
terminera souvent cette bénédiction en apposant sa main sur le mur
de celle-ci, constituant ainsi une "garantie", une protection pour
la famille.
Le jako terminera son exhibition en remerciant
Alvan et Nargoulam, en procédant à des rituels et en leur effectuant
des offrandes.
Exposé inspiré d'une émission consacrée au "jako" sur Télé Kréol
lors de l'émission "Vanakam".
Publié
en collaboration avec
http://www.indeenfrance.com/reunion.php
© Patrice Louaisel, 2011 |