La dynastie NEHRU est
l’une des colonnes vertébrales de l’histoire de l’Inde moderne.
A l’époque de l’Inde britannique les NERHU, riches et instruits,
appartenant à la caste des Brahmanes, se mobilisèrent pour la
Libération politique de l’Inde.
Jawaharlal NEHRU (1889-1964), éduqué à Londres, juriste de
formation, se lança dans la politique dès son jeune âge à côté de
son père pour demander le départ des Anglais du sol de l’Inde.
Il devint un ami fidèle et un collaborateur consciencieux du
Mahatma GANDHI (1869-1948). Leurs efforts conjugués permirent
d’obtenir l’Indépendance de l’Inde le 15 août 1947. NEHRU devint le
Premier Ministre de l’Inde.
Indira GANDHI (1917-1984), fille de Jawaharlal et de Kamala NERHU,
épousa un homme politique appelé Feroze GANDHI , elle de religion
hindoue, lui appartenant à la petite et riche communauté Parsie,
originaire de l’ancien Iran.
Feroze GANDHI n’a aucun lien de parenté avec la famille de l’apôtre
de la Non-violence le Mahatma GANDHI. Indira mit au monde deux
garçons : Rajiv et Sanjay. Elle deviendra Premier Ministre de l’Inde
en 1966.
Rajiv et Sanjay firent leurs études à Londres. Sonia MAINO, une
jeune et ravissante étudiante italienne née en 1946 à Orbassano près
de Turin, rencontra dans l’enceinte de l’Université de Cambridge
Rajiv né en 1944. Le regard de Rajiv et celui de Sonia se
croisèrent ; ils se plurent et s’aimèrent d’un amour désintéressé
et sincère.
Ils se marièrent en 1968 et s’installèrent en Inde où Rajiv
commença une carrière de pilote sur Indian Airlines. Rajiv et Sonia
n’éprouvèrent ni une grande passion ni un grand intérêt pour la
politique. Rajiv laissa le domaine de la politique à sa mère et à
son frère.
L’Inde, un pays
aux multiples langues, religions ethniques ne rendit pas la vie
facile à la dynastie NEHRU.
A la mort de Sanjay GANDHI dans un accident d’avion, Rajiv, à la
demande incessante de sa mère, se tourna vers la politique.
Sonia, sans grande joie, accepta cette nouvelle étape de la vie de
son mari. Elle était consciente du danger qui planerait sur son
mari. Indira GANDHI, en octobre 1984, fut assassinée par les
séparatistes Sikhs. Rajiv remplaça, au pied levé, sa mère au poste
de Premier Ministre.
En mai 1991, Rajiv, à son tour, sera assassiné par les
nationalistes tamouls, originaires de Sri Lanka. Sonia, à la
disparition de l’Amour de sa vie préférera vivre cloîtrée. Elle
s’éloignera des arènes politiques. Elle s’occupera admirablement de
sa fille et de son fils. Elle n’abandonnera pas pour autant la vie
politique, sociale et culturelle de l’Inde.
Le Parti du
Congrès, devenu presque le domaine privilégié de la dynastie NEHRU,
commençait à traverser plusieurs crises majeures. Ses dirigeants
furent convaincus de la nécessité de mettre à la tête du Parti un
membre de cette dynastie toujours respectée par une majorité non
négligeable de la société indienne. L’Inde politique venait de
tomber entre les mains des nationalistes hindous qui semèrent
parfois malgré eux la discorde entre les communautés religieuses.
Sonia GANDHI, d’abord réticente aux appels répétés des dirigeants
du Parti du Congrès, acceptera de diriger ce Parti en pleine
débâcle.
Elle appartient par son mari à la grande famille NEHRU et porte le
nom de GANDHI. Même si ce nom n’a rien à voir de loin ou de près
avec celui du Mahatma GANDHI, il joue un rôle important dans la
mémoire collective de l’Inde. Certains Indiens pensent même qu’elle
est la belle fille du Mahatma GANDHI. Le mot GANDHI est ancré dans
le cœur des Indiens.
Grâce à sa persévérance et en s’investissant gracieusement dans la
peau d’une authentique indienne, elle est parvenue à faire revenir
son Parti aux Affaires. Lors des élections générales de 2004, elle a
refusé de devenir Premier Ministre. Elle a choisi Manmohan SINGH, un
Sikh, comme Premier Ministre de l’Inde. On pourrait dire que par
personne interposée, elle dirige l’Inde.
A présent les affaires politiques de l’Inde sont entre les mains
d’une femme d’origine européenne et de religion catholique dans un
pays à la forte population de religion hindoue qui a du mal à
abandonner le système des castes.
Cette histoire d’amour entre ces deux êtres de culture, de religion
et de nation différentes n’est pas unique mais elle est extrêmement
rare et originale : une femme heureuse d’avoir rencontré l’Amour de
sa vie et poussée par une suite d’événements inattendus et parfois
dramatiques sur la scène politique nationale et internationale.
Sonia MAINO qui pensait certainement pouvoir terminer sa vie auprès
d’un homme très épris d’elle se trouve investie aujourd’hui d’une
mission politique par une bonne majorité d’Indiens.
Elle aimait un jeune homme venu d’une autre civilisation que la
sienne et la voilà maintenant devenue une jeune et belle veuve en
sari hissée à la tête d’un Pays dont elle ignorait sans aucun doute
les us et coutumes, il y a encore quelques années.
Cette belle histoire entre ces deux êtres – même si elle est
tragique puisque l’homme aimé fut foudroyé par un attentat – prouve
une fois de plus que l’amour domine la haine et comme le dit si bien
le yogi-philosophe Sri AUROBINDO « l’Amour est une des grandes
forces universelles ». ARAGON continue de chanter « Aimer à perdre
la raison ».
Rajiv et Sonia ont tout simplement aimé leur vie et la vie. Ils ont
mélangé dans leur histoire tous les ingrédients des deux traditions
différentes mais non contradictoires pour bâtir leur bonheur.
Sonia a aimé un
homme avant d’aimer le Pays. Le peuple de ce Pays, parce qu’elle a
aimé sincèrement l’un de ses enfants, lui a fait confiance.
© Dêva Koumarane - 2009 |