Au
Sri
Lanka,
on
assiste
depuis
quelques
mois
à
certains
gestes,
certes
isolés
mais
toujours
hautement
médiatisés
et
orchestrés
par
le
clergé
bouddhiste,
contre
les
minorités
religieuses du
pays,
musulmane,
hindoue,
chrétienne,
etc.
Il y a quelques semaines, un groupe de moines bouddhistes a mené
une
foule
de
fidèles
à
la destruction
d’un
sanctuaire
musulman vieux
de
300
ans.
Le
prétexte invoqué
est
d'une
simplicité
désarmante
: ce
terrain
avait
été
« donné »
aux
bouddhistes
il y
a
2 000
ans.
Les
policiers
et
les
militaires
présents
ne
sont
pas
intervenus.
Par ailleurs, à Chilaw (centre-ouest du pays), la veille du début
d'un
important
festival
religieux
hindou,
le
ministre
des
Affaires
publiques
du
gouvernement
sri-lankais,
Mervyn
Silva,
est
intervenu
en
grandes
pompes
pour « sauver »
les
animaux
qu’on
s’apprêtait
à
sacrifier.
À la
tête
d’un
cortège
de
caméras
de
télévision,
le
ministre
a
fait
saisir
tous
les
animaux
présents
pour
qu’ils
soient
conduits…
au
poste
de
police.
Les journaux cinghalais ont vite fait de trouver un bon titre pour
dénoncer
les
mécréants
hindous
:
les
« Barbares
du
21e siècle ».
Le
ministre
a
expliqué
qu’il
avait
agi
ainsi en
accord
avec
l’enseignement
du
Bouddha qui,
selon
l’enseignement
religieux
scolaire
au
Sri
Lanka,
aurait
convaincu
le
roi
indien
Bimbisara,
au 6e s.
AEC,
de
cesser
de
tuer
les
animaux.
Le ministre n’a pourtant rien dit à propos des centaines d’abattoirs
du
pays.
Rappelons
que
tandis
qu’une
grande
partie
de
la
minorité
hindoue
est
végétarienne,
les
bouddhistes
sri-lankais
sont
omnivores : plus
de
70
millions
de
poulets
annuellement,
sans
compter
les
animaux
de
boucherie
et
les
poissons.
Il n’est pas innocent que l’événement ait eu lieu à Chilaw,
une
ville
multiethnique
et
pluri
religieuse
où
est
établie,
depuis
des
siècles,
une
importante
communauté
tamoule,
et
dont
le
temple
de Munneswaram, érigé
il y
a
plus
de
mille
ans
et
détruit
à
diverses
reprises,
est
un
des
plus
importants
lieux
saints
de
la
minorité
hindoue
de
l’île.
Également il faut savoir que, depuis deux ans, un important
développement
touristique s’est
mis
en
place
autour
de
Chilaw,
et
que
le
gouvernement
sri-lankais
invoque
la
potentielle
réaction
négative
des
Occidentaux
à
certaines
pratiques
religieuses
minoritaires.
Ces gestes ne sont pas de nature à rassurer les minorités du pays.
Mais
il y
a
pire.
Deux
ans
après
la
fin
de
la
guerre et
la
défaite
des
Tigres
de
l’Eelam
tamoul
(LTTE),
l’État
sri-lankais
continue
d’investir
lourdement
dans
son
budget
militaire.
Le
Sri
Lanka
a en
effet
dépensé plus
de
200
milliards
de
roupies en
2010
au
titre
de
la
défense,
soit
l’équivalent
de
plus
de 2
milliards
de
dollars,
et
prévoit
dépasser
cette
somme
cette
année.
Certains
parlent
d’une
entreprise
délibérée
de militarisation
du
Nord
du
Sri
Lanka,
le
pays
tamoul.
Post-scriptum : Le même ministre Mervyn Silva vient d’annoncer son prochain objectif : s’attaquer aux « écoles internationales » implantées au Sri Lanka, sous prétexte que celles-ci représentent « un danger pour la culture et la religion bouddhistes ».
Triste Lanka.