Shyamala Surendran

"Mohiniyattam movements are as soft as the tender paddy plants swaying in the soft breeze"

    
  

   Indes réunionnaises a déjà eu l'occasion de vous proposer des interviews de danseuses et danseurs, en particulier des spécialistes de bhârata-natyam, la grande danse classique du Tamil Nâdu. Nous vous proposons ici une incursion sur les terres de l'état voisin, le Kerala, pour y découvrir Shyamala Surendran qui, après un parcours atypique, pratique au plus haut niveau cette autre forme classique qu'est le mohini-attam. Aux commandes de Dharani, une institution établie à Ernakulam et réputée pour ses cours de danse et de musique, Shyamala Surendran a effectué de nombreuses tournées à l'étranger, comme récemment - en cette année 2005 - aux États-Unis  et en Russie.


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Interview

  • IR : Shyamala Surendran, first could you please introduce yourself to our visistors ?
    Shyamala Surendran, pourriez-vousd'abord vous présenter à nos visiteurs ?

ShS : I am Shyamala Surendran a house wife who took up dancing at the age of 34 years. Until this time I was sailing with my husband who was a Merchant navy Captain. I used to do folk dance and a sort of Bharatanatyam without knowing any thing of the item. I did not know the raga or tala of the item I learnt. Just copied what Guru taught at college like a parrot to perform for the college annual day. Formal training started in 1982 under a disciple of The Dhananjayan Couple of Chennai at Kochi. Did my arrengetram (debut) in 1984 at Guruvayoor Srikrishna temple. In 1985 went to Chennai and started learning under the Dhananjayans themselves and learnt Abhinaya under Padmabhushan Kalanidhi Narayanan whith whom I was staying as a paying guest. In 1986 Oct. I started learning Mohiniyattam the solo dance of Kerala.
   Now I teach Bharatanatyam but I perform Mohiniyattam because that is
more my style.

   Je suis Shyamala Surendran. J'étais femme au foyer et j'ai débuté la danse à l'âge de trente-quatre ans. Jusque là, je naviguais auprès de mon mari, qui était capitaine dans la marine marchande. Je faisais de la danse folklorique et une sorte de bhârata-natyam sans rien y connaître. Je ne connaissais pas les râga ni les tâla propres à la danse que j'apprenais. Je me contentais de copier comme un perroquet ce que le Maître nous enseignait à la faculté, pour la fête de fin d'année. J'ai commencé une formation en bonne et due forme en 1984, à Kochi, sous la houlette d'un disciple du couple Dhananjayan établi à Chennai. J'ai présenté mon arangetram en 1984 au temple Guruvayoor Srikrishna. En 1985, je suis partie à Chennai pour étudier directement auprès des Dhananjayan, et j'ai appris l'Abhinaya (ensemble des gestes et postures corporelles propres à la danse classique) avec Padmabhushan Kalanidhi Narayanan, chez qui je résidais en pensionnaire. En octobre 1986, j'ai commencé mon apprentissage du mohini-attam, la danse en solo du Kerala.
   A présent j'enseigne le bhârata-natyam, mais je donne des représentations de mohini-attam, parce que cela correspond davantage à mon style.

  •  IR : And could you also introduce Dharani and its purpose ?
       Pourriez-vous aussi nous présenter Dharani et nous dire quels en sont les objectifs ?

ShS : I started Dharani so that I can be in touch with dance in Kochi , when I came back from Chennai and also to take away the children from looking at dance  just as a means for joining the unhealthy competition (Youth Festivals held by the Kerala Government for schools and colleges). I started trying to change just a few but now I have about 200 students. We have started Society Dharani as a subsidiary of the Trust to bring good classical programmes to Kochi.

   J'ai fondé Dharani de manière à pouvoir rester en contact avec la danse à Kochi, lorsque je suis rentrée de Chennai, mais aussi pour inciter les enfants à chercher dans la danse autre chose qu'un moyen de participer à des compétitions à l'état d'esprit malsain (les festivals pour la jeunesse organisés par le gouvernement du Kerala pour les écoles et les facultés). J'ai commencé par en changer quelques-uns seulement, mais maintenant j'ai environ deux cents élèves. Nous avons fondé la compagnie Dharani, en tant que filiale du Trust (School of Performing Arts Trust) pour apporter à Kochi de bons programmes classiques.

  • IR : When and how did you become a professional dancer ?
       Quand et comment êtes-vous devenue danseuse professionnelle ?

ShS : I have been performing since my debut performances just once in a way. I did go for two months  performing with my Guru Padmabhushan Kalanidhi Narayanan  in U.K., Europe, USA and Canada. But from 2000 onwards I have been going outside India to perform more often. This year I went for two  months with seven of my students to the USA and performed from West to East. And then I went alone to Russia for two weeks for performing and taking  workshops.

 
  Au début de ma carrière artistique, j'ai commencé à me produire sur scène seulement de temps en temps. Je suis partie pour deux mois de représentation avec mon Maître, Padmabhushan Kalanidhi Narayanan, au Royaume-Uni, en Europe, aux USA et au Canada. Mais depuis 2000 j'ai plus souvent eu l'occasion de me produire hors de l'Inde. Cette année (2005), je suis partie avec sept de mes élèves pendant deux mois aux USA où nous avons donné des représentations de l'ouest à l'est du pays. Puis je suis allée seule en Russie pendant deux semaines, pour des spectatcles et des ateliers.

  • IR : How would you define Mohini Attam ? How would you describe its specificities ?
       Comment définiriez-vous le mohini-attam ? Comment décririez-vous ses particularités ?

ShS : Mohiniyattam is a very soft and lasya dance form (very graceful). The rule Yatho Hasta thato Drishti. Yatho Drishti thato manaha yatho Manaha thaho Bhava yatho Bhava thato rasaha is used in this dance form totally. Well I cannot explain this artform fully. You just feel it when you do it and when you see it. It enchants the dancer as well as the perceiver. Its movements are as soft as the tender paddy plants swaying in the soft breeze. As the name implies it enchants the audience.

  
Le mohini-attam est une forme de danse très douce et très "lasya", très gracieuse. La règle "Yatho Hasta thato Drishti. Yatho Drishti thato manaha yatho Manaha thaho Bhava yatho Bhava thato rasaha" est utilisée pleinement dans ce type de danse. Eh bien je ne peux expliquer complètement cette forme d'art. On le sent quand on le pratique, et quand on le voit. Il envoûte la danseuse aussi bien que le spectateur. Ses mouvements ont la douceur des tendres pousses de riz balancées par une douce brise. Comme son nom l'indique (mohini signifie "enchanteresse"), le mohini-attam envoûte le public.

  • IR : Could you tell us more about this particular white costume and its meaning ?

  •    Pourriez-vous nous en dire plus sur ce costume blanc, particulier, et sur sa signification ?

    ShS : Each dance form develops from the culture of that place. So if you look at it, it could be possible that the costume is also taken from the simple off  white SET& MONDU that the Keralite women wear. Set & Mondu is the two piece saree like outfit worn by the Kerala women. It is not as long as the saree. One mondu you wear like the Dhothi and the other one you wear like a half saree. It is always in Off White colour with Zari, coloured and plain borders.

       Chaque danse se développe à parir de la culture du lieu dont elle est originaire. Aussi, si l'on regarde bien, il est possible que ce costume soit directement inspiré du "set et mondu", blanc cassé, que portent les femmes du Kerala. Le "set et mondu" est une tenue faite de deux pièces et comparable au sari, portée par les femmes du Kerala. Il n'est pas aussi long que le sari. L'une des pièces se porte comme un dhotî, l'autre comme un demi sari. La couleur est toujours blanc cassé, avec des bordures
    "zari", colorées et unies.

  • IR : What are the differences and similarities between Mohini Attam and Bharata Natyam (and other forms of Indian dances) ?
       Quelles sont les différences et les similitudes entre le mohini-attam et le bhârat-natyam (et d'autres danses indiennes) ?

ShS : The main difference is that Bharatanatyam has straight lines movements and Mohiniyattam has rounded movements. There is a spring like effect for the Mohiniyattam whereas in Bharatanatyam there is a marked finish which is strong. This is very clear only when you show the two styles. The mudras are different. The similarities are in the reportoire. Some of the items are common but done at a very slow pace in Mohiniyattam.

   La principale différence est que le bhârata-natyam a des mouvements rectilignes, alors que le mohini-attam a des mouvements courbes. Il y a comme un mouvement de ressort dans le mohini-attam, alors que pour le bhârata-natyam le mouvement final est fortement marqué. Cela devient évident quand on peut voir les deux styles. Les mudrâ sont différents. Les similitudes résident dans le répertoire. Certains motifs sont communs, mais sont exécutés de façon beaucoup plus lente dans le mohini-attam.

  • IR : Are they some particular links with the other dance from Kerala : the well known Kathakali ?
       Existe-t-il des liens particuliers avec cette autre danse du Kerala qu'est le fameux kathâkali ?

ShS : All the art forms of Kerala uses the same hand gesture taken from the book called Hastalakshana Deepika, the author is unknown. Other than the mudras (hand Gestures) the music is also sopana style of rendering though carnatic style has been adapted for the style.

   Toutes les formes artistiques du Kerala recourent aux mêmes gestes empruntés au livre Hastalakshana Deepika, dont l'auteur est inconnu. Hormis les mudrâ (gestes des mains), la musique est aussi de style sopana, même si celui-ci a subi l'influence de style canatique.

  • IR : According to you, is Mohini Attam representative of Malayali culture and Malayali soul ? In which ways ?
       Selon vous, le mohini-attam est-il représentatif de la culture et de l'âme malayali ? De quelle manière ?

ShS : Yes it does represent the Malayali culture especially the women of Kerala who seem very soft and mild outside but very strong inside ; Mohiniyattam is also very soft outside but it has strong posture and stance.

   Oui, le mohini-attam est bien représentatif de la culture malayali, en particulier des femmes du Kerala, qui semblent extérieurement très douces et tendres, mais sont intérieurement très fortes ; le mohini-attam est aussi très doux dans ses apparences, mais il suppose ue posture et une position pleines de force.

  • IR : Which are the Malayali artists (performing arts, painting, literature, cinema, etc.) you appreciate particularly ? Why ?
       Quels sont les artistes malayali (dans les arts du spectacle, la peinture, la littérature, le cinéma...) que vous appréciez particulièrement ? Pourquoi ?

ShS : Malayali artistes. There plenty of them. Each fields I take there are so many names to be mentioned. Cinema Mohanlal is a very versatile artiste. Bharat Gopi, late Sathyan, late Shobha is a born actress. Even artistes like Suhasini, Urvashi Sharada who have come from other states show their best in the malayalam movies.  In Koodiyattam we have late Mani Madhava Chakkiar and now we have Ammannur Madhava Chakkiar. Sri Ammanur Madhavan Chakkiar is an artiste I can never forget. His Bali Vadham where he takes the last nine breaths of Bali is incredible. Raja Ravi Varma's paintings are so real, they are beautiful. Even his stekches that are there at the museum in Trivandrum are mesmerising. Late Kalamandalam Krishnan Nair in Kathakali and now Sri Kalamandalam Gopi, Kathakali sangeetham , Sri Kalamandalam Hyderali & Kottakal Madhu and Sri Kavalam Srikumar for carnatic and sopana music. Sri Kavalam Srikumar of Trivandrum is very good in singing. His Classical Kutcheri (carnatic) is very touching and when he sings he feels the song. Even his Sopana music (usic of Kerala) is very good.

   Les artistes malayali. Il y en a foule. Dans chaque domaine auquel je pense, il y a tant de noms qu'il faudrait mentionner. Dans le cinéma, Mohanlal est un artiste aux talents multiples. Bharat Gopi, feu Sathyan, feue Shobha était une actrice née. Même des artistes comme Suhasini ou Urvashi Sharada, qui sont venues d'autres états, donnent le meilleur d'elles-mêmes dans les films en malayalam. Pour ce qui est du kûdi-attam, nous avions feu Mani Madhava Chakkiar, et nous avons maintenant Ammannur Madhava Chakkiar. Sri Ammannur Madhava Chakkiar est un artiste que je n'oublierai jamais. Son Bali Vadham, au cours duquel il interprète les neuf derniers souffles de Bali, est incroyable. Les peintures de Raja Ravi Varma son tellement réalistes, elles sont magnifiques. Même ses croquis qui se trouvent au musée de Trivandrum sont fascinants. Dans le domaine du Kathâkali, je retiendrai feu Kalamandalam Krishnan Nair et, pour le présent Sri Kalamandalam Gopi ; pour la musique de Kathâkali : Sri Kalamandalam Hyderali et Kottakal Madhu ; pour la musique carnatique et sopana : Sri Kavalam Srikumar. Sri Kavalam Srikumar, de Trivandrum, est un excellent chanteur. Son classique Kutcheri (musique carnatique) est très émouvant, et lorsqu'il chante, il ressent vraiment ce qu'il chante. Même sa musique sopana (musique typiquement keralaise) est très bonne.

  • IR : According to you how is Malayali culture different from other Indian or South Indian cultures ?
       Selon vous, en quoi la culture malayali diffère-t-elle des autres cultures de l'Inde ou de l'Inde du sud ?

ShS : You can't say that it is different from other states. We do have a lot of folk art forms in Kerala almost as good as classical art forms. The martial art Kalaripayattu is very graceful and strong. The only sanskrit theatre left in India is here in Kerala the Koodiyaatam. Due to its geographic position they were trades coming into Kerala and Keralites going out even from very early times so it has influenced the people.

   On ne peut pas dire qu'elle soit différente de celle des autres états. Au Kerala, nous possédons de nombreuses formes artistiques populaires qui atteignent presque le niveau des formes classiques. L'art martial appelé Kalaripayatt est plein de grâce et de puissance. Le seul théâtre sanskrit qui subsiste en Inde se trouve ici, au Kerala : il s'agit du kûdi attam. En raison de sa situation géographiqe, le Kerala a attiré les commerçants étrangers, et les Keralais ont voyagé hors du pays depuis les temps les plus anciens : cela a influencé la population.

  • IR : Do you know about people of Indian descent in Reunion Island ? Would you like to go there to perform ?
       Avez-vous connaissance des Réunionnais d'origine indienne ? Aimeriez-vous donner des spectacles dans l'île ?

ShS : No I have nobody in the Reunion Island. I have heard of the place as a very beautiful place. Smt. Shanta Dhananjayan told me that it is a beautiful island and that there are lot of Indian descents there.  Yes of course I would like to perform anywhere dance is appreciated provided my travel and hopitality at that end is taken care off. 

Je ne connais personne à la Réunion. J'en ai entendu parler comme d'un très bel endroit. Smt. Shanta Dhananjayan m'a dit que c'est une île magnifique et qu'il s'y trouve de nombreux descendants d'Indiens. Bien sûr j'aimerais me produire dans n'importe quel lieu où l'on aime la danse, dans la mesure où le billet et le logement sur place sont pris en charge.

Indes réunionnaises remercie Mme Annie MOUITY-NZAMBA pour sa contribution à la traduction française de cette interview.

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Site Internet

  

   Superbe page d'accueil, en musique qui plus est, pour le site de Dharani. Cette page donne accès à huit rubriques : présentation de Shyamala Surendran, de l'association Dharani, danses du Kerala, galerie de photos, programmes, "news and views", et coordonnées de contact. La présentation est soignée et le contenu de qualité. Bref, une visite à ne pas manquer sur la Toile, en particulier si vous êtes anglophone.
   Le site se trouve ici : www.shyamaladharani.com

     
  

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