Dominique Rabotteau-Soltan :

"Nous avons partagé [...] une grande ferveur et beaucoup d'émotions avec des millions d'hindous"

    
  

   Parmi les plus belles images de l'Inde que l'on ait pu voir sur les chaînes de télévision françaises, celles de Dominique et Frédéric Soltan occupent une place privilégiée. Les deux fondateurs de Sangha Productions, structure de production de documentaires spécialisés sur l'Inde, ont en effet une approche à la fois profonde, sensible et esthétique des gens et des réalités du sous-continent. Dominique Rabotteau-Soltan répond ici à nos questions et nous propose quelques images inoubliables.


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Interview

  • IR : Dominique Rabotteau-Soltan, pouvez-vous tout d'abord vous présenter à nos visiteurs ?

DRS : Frédéric Soltan et moi travaillons ensemble depuis près de vingt ans. Frédéric était monteur pour différentes émissions de télé dont THALASSA et moi j'étais alors iconographe après avoir été journaliste.

  • IR : Comment avez-vous débuté dans le domaine du documentaire cinématographique ou, plus généralement, audio-visuel ?

DRS : Après des vacances passées en Inde en 1988, nous avons eu envie de travailler ensemble et dans ce pays. Frédéric qui connaissait bien Georges Pernoud, rédacteur en chef de THALASSA, lui a proposé de réaliser un documentaire sur les anciens comptoirs de commerce en Inde. Georges a accepté et notre premier sujet s'est appelé "Le Miroir aux épices".

  • IR : Et qu'est-ce qui, la première fois, vous a attirés tous deux vers l'Inde et vers la réalisation de documentaires en Inde ? Est-ce dès ces premiers pas que l'idée de Sangha Production vous est venue ?

DRS : Frédéric était depuis toujours attiré par l'Inde et ce premier séjour l'a emballé. Quant à moi, j'ai mis un peu plus de temps à aimer et à comprendre ce pays qui est véritablement un "autre monde". Notre envie de faire des documentaires correspondait aussi à notre envie de travailler ensemble. L'idée de monter Sangha en 1990 nous assurait une certaine liberté par rapport aux chaînes et nous garantissait la propriété de nos images.

  • IR : Pour quels diffuseurs travaillez-vous, et dans quelles conditions ?

DRS : Nous avons beaucoup travaillé pour THALASSA et FAUT PAS RÊVER, ce qui nous a offert la possibilité de tourner très souvent en Inde sur des sujets très variés. Aujourd'hui, nous travaillons plus fréquemment pour FRANCE 5.

  • IR : Vous avez parcouru l'Inde en tous sens et avez pénétré dans son intimité : quelles sont les découvertes les plus marquantes, les images les plus fortes que vous pourriez évoquer, parmi - je le suppose - quantité d'autres ?

DRS : Même au bout de vingt ans de voyages, on ne peut pas prétendre connaître à fond un aussi vaste continent. Ce qui nous a le plus touché en Inde a d'abord été l'extraordinaire chaleur de l'accueil des personnes avec qui nos avons travaillé durant les tournages.
   Pour nous deux, la présence de la religion, de la spiritualité dans chaque moment de la vie quotidienne a aussi été l'un des facteurs de notre attachement et de notre intérêt pour l'Inde. L'un des moments très forts que nous ayons vécus en Inde s'est déroulé en 2001 quand nous avons assisté à la Kumbha Mela d'Allahabad. Nous avons partagé à cette occasion une grande ferveur et beaucoup d'émotions avec des millions d'hindous.

  • IR : L'Inde des dieux et des hommes, par exemple, est une de vos séries documentaires les plus accomplies : pouvez-vous nous en dire plus à son sujet, sur son contenu, ses objectifs, la façon dont se sont faits les tournages, et dans quelles circonstances ?

DRS : Le documentaire le plus mémorable de cette série est pour nous, "la dernière vie de Nirmala" . Nous avons suivi, durant une dizaine de jours une jeune femme, Nirmala, qui se préparait à devenir nonne dans la communauté des Jaïns. Le dernier jour de la prononciation de ses voeux, les membres de sa communauté lui ont arraché les cheveux mèche après mèche. Ce serait trop long ici d'expliquer la raison de cette pratique mais elle est liée, malgré les apparences, au devoir de non-violence qui règle la vie des Jaïns. Cette scène qui a bien duré une heure restera à jamais gravée dans notre mémoire d'autant plus que Nirmala n'a pas versé une larme et qu'elle est sortie rayonnante de cette épreuve.
   Les autres documentaires de la série se sont faits très souvent à l'issue de plusieurs tournages et de nombreuses rencontres. Tous nous ont laissé de très bons et beaux souvenirs de rencontres et de partage. Ces documentaires traitaient tous d'une des grandes religions de l'Inde et soulignaient tous l'importance du sacré dans la vie indienne, l'idée d'en faire un DVD est venue d'elle-même.

  • IR : On dit souvent que l'Inde est un réservoir inépuisable d'images, de sujets... est-ce bien une réalité ?

DRS : C'est tout à fait la réalité et c'est bien pour cela que nous ne nous lassons jamais d'aller là-bas. Chaque voyage est une source de découverte.

  • IR : On connaît le cinéma indien de fiction : existe-t-il un cinéma documentaire indien ? Qu'en retiendriez-vous ?

DRS : Il n'y a pas vraiment de cinéma documentaire en Inde parce que la télévision n'a pour ainsi dire pas de créneau pour ce genre d'émissions. Dans certains états comme le Bengale de jeunes réalisateurs essaient d'intéresser le public à ce genre de sujets mais il y a encore beaucoup à faire.

  • IR : Hormis les films documentaires, quelles sont vos autres productions ?

DRS : Nous avons par ailleurs fait éditer deux livres, le premier intitulé L'Inde de la mer et des hommes est sorti chez Flammarion en 2004 et le deuxième Les rendez-vous de l'Inde et du sacré vient de paraître aux éditions La Martinière.

  • IR : Qu'apporte selon vous la photo, parallèlement à l'audiovisuel, dans votre approche de l'Inde ?

DRS : La photo est un instant arrêté, elle dure alors qu'un travail audiovisuel est plus éphémère. Nous sommes submergés d'informations et d'images continuellement et , je crois, que nous les oublions vite alors qu'une photo peut-être vue et revue des centaines de fois sans lassitude, elle a fixé un moment, un souvenir.

  • IR : Quels sont vos projets ?

DRS : Nous avons proposé une série sur l'Inde d'aujourd'hui à France 5 et préparons la maquette d'un troisième livre.
 

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Galerie

                   

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Site Internet

 

   Sangha Productions propose sur la Toile un site Internet qui ne devrait pas décevoir les amoureux de l'Inde et, plus particulièrement, ceux qui apprécient la beauté des images. Disons-le tout de suite : parcourir ce site est un régal. Une multitude de photos superbes ainsi que des extraits vidéo emmènent le visiteur dans cet "autre monde" dont parle ci-dessus Dominique Rabotteau-Soltan. Vous pourrez en outre accéder aux livres et aux DVD réalisés par ce couple de passionnés de l'Inde, qui sont en même temps de grands professionnels de la photographie et de l'audiovisuel. Le site est ici : www.sangha-productions.com

 
       
       

   

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