Soucé Antoine Pitchaya :

"Ces histoires font partie de l’universalité de la culture indienne"

      
  

   Bien connu dans le milieu indo-réunionnais pour son érudition vaste et diverse, Soucé Antoine Pitchaya est l'auteur de plusieurs ouvrages, dont le recueil de nouvelles Le Mendiant de Bénarès, publié en 2007. Nous l'avons interrogé en particulier sur ce livre, qui reprend un ensemble de récits fameux dans la littérature indienne ancienne.


Interview

  • IR : Soucé Antoine Pitchaya, pouvez-vous tout d'abord vous présenter aux visiteurs d'Indes réunionnaises ?

SAP : J'ai fait des études de Sciences Politiques à l'université de Genève, à la London School of Economics et à l'Université d'Aix Marseille, et aussi des études de Lettres  à la Sorbonne (Paris) et de Langues et Civilisation Indiennes à Madras (aujourd'hui Chennai) en Inde. J'ai étudié la philosophie indienne à l'Institut Français de Pondichéry (Inde).
   Après avoir enseigné le français et l'anglais dans le Secondaire francophone et anglophone, je suis devenu interprète-traducteur auprès du ministère des finances de Pondichéry.
   Enseignant de français, langue étrangère, au Centre Culturel Français et à l'Alliance Française de Calcutta dont j'ai occupé les fonctions de Secrétaire Général, j'ai terminé ma carrière après avoir enseigné l'anglais à l'Université de la Réunion, ainsi que la langue hindi et la civilisation indienne à l'Institut de Linguistique et d'Anthropologie (ILA) de cette même université.
   Je suis père de trois grandes filles et grand-père de six petits-enfants.  Ma femme est décédée en 1998.

  • IR : Quelles sont les origines et les motivations de vos travaux sur les cultures indiennes ?

SAP : Mes travaux sur les cultures française et indienne n’ont pas d’autres motivations  que celles de les faire connaître à mes étudiants indiens et français.  En leur enseignant les langues il me fallait aussi leur parler des civilisations qui les sous-tendent et expliquer les allusions culturelles que contiennent les textes littéraires. (Cf. l’Avant-propos de mon premier livre  Pour l’Amour de la Seine et du Gange ).

  • IR : Quels grands moments retiendriez-vous dans votre parcours dans le domaine culturel ?

SAP : Il n’y avait pas de moments particulièrement propices ou fastes  pour parler de la culture !  En Inde, spécialement à Calcutta, ville de grande culture s’il en est, tous les prétextes étaient bons pour parler d’art, de littérature et de cinéma. . .   En tant que Secrétaire Général de l’Alliance française, il m’incombait de participer  aux expositions de livres français, aux rétrospectives de films des grands maîtres du cinéma français, de donner des conférences sur Molière, Malraux …  Certaines de ces conférences se trouvent dans mon livre PASG .
  
A la Réunion, j’enseignais le hindi et aussi la civilisation indienne à l’université (j’enseignais aussi la Civilisation du Commonwealth (Inde) en Maîtrise d’anglais).  En ce qui concernait certains thèmes compliqués  comme la philosophie, il m’arrivait de faire des textes écrits à l’ intention de mes étudiants.  (Cf. PASG).

  • IR : Vous avez publié en 2007 le recueil Le Mendiant de Bénarès et autres contes et légendes de l'Inde. Qu'est-ce qui vous a poussé à la réalisation d'un tel recueil ?

SAP : Quand j’ai pris ma retraite, il m’a paru,  « ô illusion »,  que  j’aurais du temps de libre.  Je me suis surpris à écrire les histoires que vous connaissez.  Elles ont été regroupées et publiées  dans le recueil  Le Mendiant de Bénarès.

  • IR : Comment s'est effectué le choix des récits qui apparaissent dans le livre ?

SAP : Le choix de ces récits n’avait ni motivation ni finalité.  Ce n’était que des histoires que je racontais à mes propres enfants.

  • IR : En quoi a consisté votre travail, pour ce qui est d'une part de la recherche des sources, et d'autre part pour ce qui est de l'écriture personnelle ? Quelles ont été les étapes intermédiaires ?

SAP : Il n’il y a pas eu de ‘recherches des sources’.  Ces histoires font partie de l’universalité de la culture indienne, donc connues de tout le monde depuis les Himalayas jusqu’au Cap Comorin.
  
Quant à  « l’écriture personnelle », j’ai choisi une écriture linéaire pour pallier à la multiplicité des versions afin d’éviter au lecteur de se perdre dans cette jungle touffue.  (Cf. Introduction du MB).

  • IR : A la lecture de ce recueil, et par exemple du dernier récit - évoquant la rencontre du Christ et du roi Shatavahana - il semblerait que ce livre ne soit pas seulement une compilation d'histoires légendaires, mais aussi le porteur d'un message de sagesse et de paix : était-ce votre intention ?

SAP : C’est vrai !  La Rencontre se situe à part.  C’est une histoire inventée, une pure fiction.  On ne connaît pas cette histoire en Inde, quoiqu’il existe un texte ancien sanscrit faisant état de cette rencontre.  Il existe également un très ancien monument funéraire à Srinagar, la capitale du Kashmir, qui est censé contenir les restes mortels du Christ.  Les archéologues n’ont jamais pu vérifier son contenu.
   Quant au fond, je reste fidèle aux Évangiles .  Mais je sors l’enseignement du Maître de la gangue et des scories accumulées par la tradition et l’exégèse durant ces 2000 dernières années.  C’est encore vrai que je souscris à cet enseignement altruiste d’amour qui s’inscrit dans la droite ligne ce ceux de Krishna et du Bouddha.
   Tous les trois, ils forment un « triumvirat » civilisateur de l’humanité.  Mais la conversion de Constantin a tout faussé…
   Effectivement, La rencontre mériterait de longues et profondes discussions !  En avons-nous seulement le temps ?

  • IR : Vous avez aussi travaillé sur les poèmes hindous et sur les poèmes indo-musulmans de Leconte de Lisle, pouvez-vous nous en dire davantage ?

SAP : Les deux livres sur Leconte de Lisle sont des commandes de l’Éditeur qui a une collection  La Réunion des Poètes .  Comme LdL est réunionnais et qu’il a aussi écrit sur des sujets indiens (hindous et musulmans), il m’a demandé de commenter, d’expliciter ses poèmes.  Les Poémes hindous sont déjà parus. Les Poèmes indo-musulmans sont en instance de l’être prochainement.

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