Mridusmita Das :

" There is a very sacred feeling associated with Sattriya dance"

      
  

   La danse Sattriya, profondément ancrée dans cet état particulier du nord-est de l'Inde qu'est l'Assam, a été reconnue en 2000 comme forme classique, au même titre par exemple que le style Bharata Natyam. La jeune virtuse Mridusmita Das est une des artistes les plus reconnues dans cette spécialité. Elle nous parle avec beaucoup d'enthousiasme de cet art, de ses origines, de ses spécificités...
  


   Il est à noter que l'interview a été réalisée alors qu'il était encore autorisé d'utiliser les couleurs rouge et noire pour le costume de Sattriya. A présent en 2011 ces couleurs ne sont plus autorisées.

   Please note that this interview was made at a time red and black colours were allowed for Sattriya costume, now from 2011 red and black are no more allowed.

Interview  Site Internet  -  Vidéo


Interview

  • IR : Mridusmita Das, would you please first introduce yourself to our visitors ?
      
    Mridusmita Das, voudriez-vous commencer par vous présenter à nos visiteurs ?

MD : I am currently doing my graduation from Lady Shri Ram College for Women under Delhi University. I finished my schooling in the year 2007 from Assam Valley School with an aggregate with of 92.5%.
  
I have learned Baharatnatyam  and right now I am specializing in Sattriya dance. I have extensively given performances in and around Assam and also in prestigious platforms like Delhi Talkatora Stadium, Pragati Maidan, Orissa Barabhati festival, Balijatra festival under prestigious banners like the Cultural Affairs of Assam, Sangeet Natak Akademi, North-east zonal cultural centre, etc.

  
Je suis actuellement en train de préparer mon diplôme du Lady Shri Ram College, dépendant de l'Université de Delhi. J'ai terminé mes études secondaires en 2007, à l'Assam Valley School, avec une réussite de 92,5%.
   J'ai étudié le Bharatanatyam et pour le moment je me spécialise en danse Sattriya. Je me suis beaucoup produite dans l'Assam et au-delà, notamment au Delhi Talkatora Stadium, au Pragati Maidan, au festival Orissa Barabhati, au festival Balijatra, sous l'égide d'organisme prestigieux tels que celui des Affaires Culturelles de l'Assam, la Sangeet Natak Akademi, ou le North-East Zonal Cultural cCntre, etc.

 

  • IR : When and why did you start to learn dance ? Did you learn only Sattriya dance ?
       Quand et pourquoi avez-vous débuté l'apprentissage de la danse ? Ne vous êtes-vous consacrée qu'au style Sattriya ?

MD : I have started learning dance at a very tender age of five. I did start with Guru Indira P.P.Bora in Bharatnatyam and after three years I started learning Sattriya simultaneously. My first guru in Sattriya was Guru Bhuban Bora and then my primary teaching in Sattriya till today’s time is guided by my Guru Ramkrishna Talukdar.
   I started learning dance because in my childhood I danced around everywhere I went and dancing is something that my mom always wanted to learn which never happened. Very hazily I still remember that day on my fifth birthday, while my mom and my cousins were decorating the house for a party, I stood on the table and began dancing. I kept dancing till everyone was annoyed. Being such a dancing annoyance my mother asked my cousin to admit me in one of the dance schools nearby which happened to be run by a very famous dance exponent Guru Indira P.P. Bora. During my first few years of learning, I used to dislike going for dance classes as it was such a physical exhaustion as well because I would have to miss the television soaps and cartoons at that hour on a Sunday morning. Sunday was the only day I could play with my neighbour friends which too was taken away by my dance classes. All such things made me dislike ‘going for’ dance in my childhood. I never understood what I was doing.

 
 J'ai commencé mon apprentissage de la danse très jeune, à cinq ans. J'ai débuté avec pour gourou Indira P. P. Bora qui m'a enseigné le Bharata Natyam, et après trois ans j'ai commencé la danse Sattriya. Mon premier gourou pour la danse Sattriya a été Guru Bhuban Bora, puis c'est Guru Ramkrishna Talukdar qui m'a guidée dans ce domaine jusqu'à aujourd'hui.
   J'ai débuté l'apprentissage de la danse parce que, durant mon enfance, je dansais partout où j'allais ; de plus, ma mère avait toujours eu le désir d'apprendre la danse, mais n'avait jamais pu le réaliser. Je me souviens encore, très vaguement, de mon cinquième anniversaire : tandis que ma mère et mes cousines décoraient la maison pour la fête, je me suis mise à danser sur la table. J'ai dansé jusqu'à finir par agacer tout le monde. J'agaçais tellement les gens avec ma manie de danser que ma mère à demandé à une cousine de m'inscrire dans une école de danse près de chez nous, qu était dirigée par une artiste renommée, Guru Indira P. P. Bora. Durant mes premières années d'apprentissage, je n'aimais pas aller aux leçons de danse : c'était physiquement épuisant et, en plus, cela me faisait manquer les séries et les dessins animés à la télé le dimanche matin. Le dimanche était le seul jour où je pouvais m'amuser avec mes amis du voisinage : mes cours de danse m'en ont empêchée aussi. Ce sont de telles choses qui ont fait que, durant mon enfance, je n'aimais pas "aller à" la danse. je ne comprenais pas ce que j'y faisais.

  • IR : Is learning Sattriya like learning any other dance, with long and difficult teachings of a guru ?
       L'apprentissage de la danse Sattriya se fait-il, comme pour les autres danses, à travers l'enseignement long et difficile dispensé par le gourou ?

MD : With its revelation it was observed that Sattriya had a lot of matter. For instance, in the course of learning Bharatnatyam, Odissi and others only six to seven dances are required to complete the entire course which would take about six to seven years for proper learning, but in sattriya there are various and variety of dances to be learnt, this may take around eleven to twelve if learnt properly. It is a very rich art form. The richness of this art was unknown for a long time even to its natives. So it is definitely a long, difficult and arduous training with the ‘guru’ in ‘Guru Shishya parampara’ if learnt properly !

   Au moment où on l'a redécouverte, on a pu voir que la danse Sattriya était très riche. Par exemple, pour le Bharata Natyam, l'Odissi et autres, il est nécessaire d'apprendre seulement six ou sept formes de base pour parvenir à un apprentissage complet, ce qui correspond à six ou sept ans d'études, alors que pour le style Sattriya, il faut apprendre une grande variété de formes, ce qui demande onze ou douze ans pour parvenir à une maîtrise correcte. C'est une forme artistique très riche. Cette richesse est longtemps restée inconnue, même chez les habitants de l'Assam. Alors oui, on peut vraiment dire que pour  parvenir à une maîtrise satisfaisante, c'est un apprentissage difficile, rude, avec le gourou, tout au long du "Guru Shishya parampara".

  • IR : What is different in Sattriya, compared to other classical dances ?
       Qu'est-ce qui différencie le style Sattriya des autres danses classiques ?

MD : A dance can be recognised as “classical” only when it fulfils all the criteria put down by the “Natya Shastra” and various classical texts like “Abhinaya Darpan”. Sattriya and other classical dances are governed by a set of rules which makes them ‘classical’ ; those such elements in all classical dances such as kinds of ‘rasa’ (mood), ‘hastas’ (hand gestures), kinds of ‘abhinaya’ (expressions) etc will be similar. But it is interesting to note that every dance or art form is associated with a particular place, environment, language, beliefs and very certainly associated with a particular tradition and “history” of its origin. In context to the Sattriya dance form, one can observe how it devotes itself to only one god, i.e. Lord Vishnu, thus promoting monotheism. This is a major factor of its origin. The great Vaishnavite Saint Srimanta Shankardeva founded this art form as a means of promoting monotheism at a time when social evils dominated the Assamese society. Another difference is that Sattriya unlike other classical dance forms does not use silk in its costume, rather it use a very authentic material which is “pat muga” (a form of silk produced locally). An artiste of this dance is also seen with its jewellery which is emblematic of Assamese culture and tradition. These jewelleries are made up of “pat-son” (a kind of gold). In Sattriya one can also notice that a male dancer wears a “paguri” (i.e. a turban) which is not seen in other male classical dancers. Sattriya also follows a set of local (“Tholuwa”- as referred in vernacular) hand gestures which differ from other classical dances. Differences in each of the dance forms let them retain their uniqueness giving an identity of its own and showcasing the fact that India is indeed a country of “Plurality in Multiplicity”!

   Une dance peut recevoir le label "classique" seulement si elle satisfait à tous les critères mentionnés dans le Natya Shastra et divers textes classiques tels que l'Abhinaya Darpan. La danse Sattriya et les autres styles classiques reposent sur un ensemble de règles qui en font justement des danses "classiques" ; cela concerne les notions de "rasa" (humeur), "hasta" (position des mains, "abhinaya" (expressions), etc. qui seront similaires. Mais il est intéressant de remarquer que chaque danse ou forme artistique est associée à un lieu particulier, un environnement, une langue, des croyances et, certainement, à une tradition particulière et une "histoire" de ses origines. Lorsqu'on situe la danse Sattriya dans son contexte, on peut voir comment elle est consacrée à un dieu seulement, à savoir le Seigneur Vishnou, incitant ainsi à un monothéisme. C'est un élément essentiel concernant son origine. C'est le grand saint vishnouite Srimanta Shankardeva qui donna forme aux bases de cet art comme moyen d'inciter au monothéisme à une époque où la société assamaise était en proie à de graves problèmes. Une autre spécificité est que dans la danse Sattriya, à la différence des autres, on n'utilise pas de costumes de soie, mais un tissu très authentique qui s'appelle "pat muga" (une sorte de soie produite localement). Les bijoux portés sont eux aussi représentatifs de la culture et de la tradition assamaises. Ce sont des bijoux en "pat-son" (un or particulier). Le danseur de Sattriya porte également le "paguri" (un turban), attribut qui n'est pas utilisé par les hommes pratiquant les autres danses classiques. La danse Sattriya a aussi recours à des gestes des mains ("Tholuwa", en langue vernaculaire) qui diffèrent des autres danses classiques. Ces différences qui distinguent tous les styles leur permettent de conserver leur unicité, leur propre identité, ce qui met en évidence le fait que l'Inde est réellement un pays de "pluralité dans la multiplicité".

  • IR : Sattriya started to be considered as a classical dance later than other classical dances... Who decides that a dance can be classical ? Was the day it happened important for you ? Why ?
       La dans Sattriya a été considéré comme classique de manière tardive... Qui décide qu'une danse peut être considérée comme classique ? Le jour où cela est arrivé pour la danse Sattriya est-il important à vos yeux ? Pourquoi ?

MD : The origin of Sattriya goes back centuries. It was around the closing of the 15th century or in the early 16th century that this art form had evolved. For many years this art was practiced and is still practiced within the walls of the “Sattras” (which is a monastery like institution for the “Vaishnavite” monks). Outsiders were not allowed in the monasteries and monks in the monasteries never went out and performed. In most “sattras” entry is restricted to the women even today. Since women were not allowed in “sattras”, only male dancers prevailed. It was only towards the end of the 20th century that this art was seen practising beyond the precincts of the “Sattras” which was then noticed. On observation by various scholars it was observed that it had all that it requires to be recognised as a classical art form. Then with tireless efforts of Late Moniram Dutta Muktiar Borbayan, Late Maheswar neog, Late Roseswar Saikia Borbayan and finally with efforts of Dr.Bhupen Hazarika, Sattriya was acknowledged as one of the classical dances of India. It is indeed the prestigious Sangeet Natak Akademi which was founded by India’s first prime minister Pandit Jawaharlal Nehru which is responsible in acknowledging whether a dance should be recognised as classical or not. This very institution consents a dance to be classical, it gives out prestigious awards and also provides exposures to artistes in various fields of music and dance.
   The year 2000 was a memorable one not only to the ones involved in dance and music but also to the entire Assamese population. The beginning of the millennium added more to the Assamese identity, through a beautiful work of art. Assam is now known even better.  It no more remained a geographical entity known mostly for tea and internal commotion. In the year 2000 I was only in my eleventh year, I could hardly realise the significance of that occurrence. The only significant thing I knew was that the number of students increased in this dance form and in many occasions Sattriya recitals were showcased  (earlier more of Bharatnatyam was seen performed in almost all the occasions). And the only thing I kept over-hearing was that now there will be immense scope and exposures. But as I went along, I understood the gravity of what had happened few years ago and how it has changed the lives (though in a much smaller way) of many people. It has changed the cultural identity of Assam as a whole.  Now I definitely understand what impact of that event has brought into my life
!

   Les origines de la danse Sattriya remontent à plusieurs siècles. C'est vers la fin du XVème siècle ou le début du XVIème que cette forme artistique a pris son essor. Durant de longues années c'est un art qui a été pratiqué, et qui continue à l'être, dans le care des "sattras" (des monastères vishnouites). Aucune personne extérieure n'était admise dans ces monastères et les moines eux-mêmes ne se produisaient pas à l'extérieur. Encore aujourd'hui, dans la plupart des "sattras", les femmes n'ont pas droit d'accès. Puisque l'accès était interdit aux femmes, seuls des hommes pratiquaient la danse Sattriya. Ce n'est que vers la fin du XXème siècle que l'on a commencé à voir des représentations de Sattriya hors de l'enceinte des monastères. Divers chercheurs on alors observé que la danse Sattriya avait toutes les qualités requises pour être reconnue en tant que style classique. Ensuite, au bout d'efforts inlassables, notamment de la part des regrettés Moniram Dutta Muktiar Borbayan, Maheswar Neog et Roseswar Saikia Borbayan, et finalement grâce aux efforts du Dr.Bhupen Hazarika, la danse Sattriya a fini par être reconnue comme une des formes de danse classique indienne. De fait, c'est la prestigieuse Sangeet Natak Akademi, fondée par les premier des Premiers Ministres de l'Inde, le Pandit Jawaharlal Nehru, qui a la responsabilité de décider si une danse peut ou non être reconnue comme classique. Cette institution accorde donc le label de danse classique, attribue des récompenses prestigieuses et fait connaître des artistes dans les divers domaines de la musique et de la danse.
   L'an 2000 fut mémorable, non seulement pour les personnes impliquées dans la danse et la musique, mais aussi pour toute la population assamaise. Le début du millénaire a apporté un plus à l'identité assamaise, à travers la reconnaissance de cette belle forme d'expression artistique qu'est la danse Sattriya. A présent on connaît encore mieux l'Assam. Elle n'est plus cette entité géographique connue seulement pour son thé et ses troubles civils. En l'an 2000, je n'avais que onze ans, je ne pouvais pas vraiment me rendre compte de la signification de cet événement. La seule chose que j'ai comprise, c'est l'augmentation du nombre d'élèves apprenant la danse Sattriya et l'augmentation du nombre de spectacles (auparavant, c'était surtout du Bharata Natyam que l'on proposait en toute occasion ou presque). Et la seule chose que j'entendais partout et sans cesse c'est qu'à présent la danse Sattriya se ferait connaître largement et avec éclat. Avec le temps, j'ai compris l'importance de ce qui s'était passé quelques années auparavant et combien cela avait changé la vie (ne serait-ce que très modestement) de nombreuses personnes. C'est toute l'identité culturelle de l'Assam qui a été concernée. Aujourd'hui je comprends vraiment l'impact que cet événement a eu sur ma propre vie !

  • IR : Personally what do you feel when dancing Sattriya ? Which kind of fulfilment does it bring to you ?
       Personnellement, que ressentez vous en dansant le Sattriya ? Quelle satisfaction cela vous apporte-t-il ?

MD : There is a very sacred feeling associated with Sattriya dance. While dancing I feel very close to God. I don’t think I can ever explain to anyone what I exactly feel while dancing Sattriya. There is a very spiritual connotation attached with it. But apart from this I really feel honoured to be able to take forward my culture, tradition and the assets of Assam beyond its precincts. It brings much satisfaction to know that among all the great and important things in this world I am being able to preserve my culture, language tradition and showcase its richness.
   While talking about fulfilment I can refer to my emotions as a “peaked feeling”. It is a feeling that nothing can be greater than this. It’s a feeling of greater self satisfaction. While dancing in front of the audience, the sounds of the claps rings like music to my ears. It’s like being in a different world altogether !

   Il y a quelque chose de très sacré que l'on ressent dans la danse Sattriya. Lorsque je dans, je me sens très proche de Dieu. Je ne crois pas pouvoir jamais expliquer à quiconque ce que je ressens exactement en dansant le Sattriya. Il y a quelque chose de très spirituel. Par ailleurs je me sens fière de pouvoir mettre en valeur ma culture, les traditions et le patrimoine de l'Assam au-delà de ses frontières. C'est quelque chose de très gratifiant que de savoir que parmi toutes les choses grandes et importantes dans ce monde, je suis capable de préserver mes traditions culturelles et linguistiques et d'en faire valoir la richesse.
   Et puisque nous parlons de satisfaction, je peux aussi mentionner mes émotions, cette sorte de "paroxysme émotionnel". Un sentiment à la hauteur duquel aucun autre de se hisse. Le sentiment de la plus complète des satisfactions. Lorsque je danse devant le public, le bruit des applaudissements résonne à mes oreilles comme une musique. C'est comme se retrouver dans un monde totalement différent.

  • IR : What would you say to a young one to encourage her being a Sattriya dancer ?
       Que diriez-vous à une jeune personne pour l'encourager à pratiquer la danse Sattriya ?

MD : The youth are the faces of tomorrow. I feel in this globalised world one should identify with its roots to some extent. It forms their identity. Sattriya, for a matter of fact is a very scientific art form. When one goes deep into the matter of Sattriya dance one finds that it is the exercises here are very similar to “Yoga” the end result of “yoga” can also be achieved through the exercise here. These exercises are known as “Mati-Akhara”.  Mati-Akhara is the most important lesson of Sattriya dance. This is the first lesson which corrects posture, fitness and is referred as the grammar of Sattriya dance. Sattriya has immense scope. It needs a young generation to take it forward and to be “the one“to take it forward representing a culture is of great privilege. Also dance and music together makes a mind relax which is very important at this time. Whatever one does one should do it properly with proper knowledge and appreciation for it. I believe that “you are never given a wish without being given the power to make it come true.”

   Les jeunes sont les visages de demain. Je pense que sur cette planète mondialisée l'on devrait toujours garder une part d'identification à nos racines. Ces racines constituent notre identité. La danse Sattriya est réellement une forme artistique très scientifique. Lorsqu'on s'intéresse de très près à ce qu'est cette danse, on y découvre des pratiques très comparables au yoga, et l'aboutissement en est le même. Ces pratiques sont connues sous le nom de "Mati-Akhara". Elles constituent ce que la danse Sattriya a de plus important à nous apprendre. C'est la première leçon qui corrige notre posture, notre état physique et là se trouve la grammaire de la danse Sattriya. Celle-ci est quelque chose de très vaste. Il faut une jeune génération pour la pousser de l'avant, et être celui ou celle qui la pousse de l'avant pour représenter cette culture connaît un grand privilège. De plus, la rencontre de la musique et de la danse apaise l'esprit, ce qui est quelque chose de très important à notre époque. Quoi qu l'on fasse, on doit le faire correctement, en acquérant les connaissances et les jugements appropriés. J'ai la conviction que "il n'y a pas de voeu qui soit accordé sans la capacité de le réaliser".

  • IR : Are there any other kinds of dances in Assam? Can you tell us more about it ?
       Existe-t-il d'autres formes de danse dans l'état d'Assam ? Pouvez-vous nous en parler ?

MD : Assam is one such state in India which consists of a multiple of tribes. Each of these tribes has a particular tradition associated with it. And associated with it are particular forms of dance which are representative of their tradition. We have “Jhumur” dance for the Adivasi tribes, “Bagrumba” for the Bodo tribes, “Bihu” for the Assamese, then there are dances for Mising tribes, Karbi tribes, Dimasa tribes, Deuri tribes, Tiwa tribes and etc. Assam is a land of diverse tribes ; perhaps, no other place has so many varieties in tribes as much as Assam has. There are also dances like “Deudhani”, “Bhortal Nritya” of Assam. It is a very culturally rich place.

   L'Assam est un état formé de multiples ethnies. Chacune a ses propres traditions. Et à chacune de ces traditions ses formes particulières de danse. Nous avons la danse "Jhumur" chez les Adivasi, la danse "Bagrumba" chez les Bodo, la danse "Bihu" chez les Assamais, mais il existe des danses aussi chez les Mising, les Karbi, les Dimasa, les Deuri, les Tiwa, etc. L'Assam est une terre de diversité ethnique ; il n'y a peut-être pas d'autre endroit où celle-ci soit aussi grande qu'en Assam. Il existe aussi des danses appelées "Deudhani", "Bhortal Nritya". C'est vraiment un endroit culturellement très riche.

  • IR : Is Sattriya popular in Assam and outside, in India and in the world ?
       La danse Sattriya est-elle bien connue en Assam et au-delà, en Inde et dans le monde ?

MD : Sattriya is definitely very popular in Assam and in entire India. It is also very popular in distant countries. I keep reading on papers about performers performing in places like France, U.K, U.S.A, Germany etc.  It is popular and this is the reason why there are many invitations from foreign countries to showcase this dance form. However it is fair enough to say that it is not as popular (in distant countries) as is other classical dance since its recognition as classical has come very late. But being recognised so late its impact and popularity has been much greater.

   Oui, c'est une danse bien connue en Assam et dans l'Inde entière. Mais également dans des pays lointains. Je lis fréquemment des articles sur des artistes qui se produisent en France, au Royaume-Uni, aux USA, en Allemagne, etc. Le Sattriya est bien connu, et c'est la raison pour laquelle l'on est souvent invité à se produire dans les pays étrangers. Il faut cependant reconnaître que notre danse est moins connue (à l'étranger) que d'autres formes de danse classique, notamment parce que sa reconnaissance comme style classique a été très tardive. Mais cette reconnaissance tardive lui a donné une popularité et un impact beaucoup plus grands.

  • IR : What is special in Assamese culture ? What do appreciate especially in it ?
       Qu'y a-t-il de particulier dans la culture assamaise ? Qu'appréciez-vous spécialement en elle ?

MD : The one thing I really love about Assamese culture and will like to mention is the tradition of respecting elders. This is expressed in a certain way. For example in our festival Bihu in one of the days the elders are offered “gamocha” a hand woven towel which is given out as a symbol of Assamese culture. On that day the young ones touch the feet of their elders and offer them “gamocha” and in return the elders of course give them their blessings and a gift. This “gamocha” is also given out to people as an expression of respect, love and also remembrance. In many occasions it is used as a souvenir. I see my uncle and aunty (my father’s younger brother and his wife) doing it to my father and my father to his elder cousins. I like it because in that festive occasion there is certainly a very happy feeling and looking at such events it brings out the closeness of the bond, the respect and also the love. This is not only seen on the festive occasion but also otherwise. However, very sadly in the fast moving globalised world many people have lost their touch with their own culture and tradition and very much with their families.

   Ce que j'adore vraiment dans la culture assamaise et dont j'aimerais parler, c'est la tradition du respect des aînés. Cela s'exprime d'une façon particulière. Par exemple lors de notre fête de Bihu lors de l'une des journées on offre aux aînés un "gamocha", une serviette tissée à la main, un vrai symbole de la culture assamaise. Ce jour-là, les jeunes touchent les pieds des aînés et leur donnent le "gamocha" ; en retour les aînés leur donnent bien sûr leur bénédiction ainsi qu'un cadeau. Ce "gamocha" est aussi offert aux gens en signe de respect, d'amour et aussi de souvenir. Nombreuses sont les occasions où il sert de souvenir. je revois mon oncle et ma tante (le frère cadet de mon père et son épouse) en offrant un à mon père, et celui-ci en offrant à ses cousins plus âgés. C'est quelque chose que j'apprécie parce que cette fête est l'occasion de partager des moments vraiment heureux, cela resserre les liens, renforce le respect et l'amour. Mais cela ne se limite pas au moment des fêtes. Il est malheureux de constater que, dans cette période de mondialisation galopante, bien des gens ont coupé le lien qui les unissait à leur propre culture, à leurs propres traditions, à leur propre famille.

  • IR : What are your future plans ? Would you like to perform in Reunion Island ?
       Quels sont vos projets ? Aimeriez-vous vous produire à la Réunion ?

MD : Right now I am doing my graduation and after that I am keen on doing my masters. However in the field of dance I really want to showcase this dance form internationally and bring at par (in terms of its popularity) with other forms and styles of dance. I am thinking of also acquiring a doctorate on this subject. Not only this dance but it will be of great privilege to do work for the betterment of Assamese culture and traditions. After I finish off with my studies I would definitely love to come to Reunion Island and showcase this art form.

   Pour le moment je travaille pur l'obtention de mon diplôme, puis je vais m'attaque à ma maîtrise. Pour ce qui est de la danse, j'ai vraiment la volonté de faire connaître le Sattriya dans le monde et l'amener à un degré de popularité comparable à celui des autres styles. J'envisage aussi de passer un doctorat sur le sujet. Et puis il n'y a pas que la danse ; ce sera un grand privilège de travailler à l'enrichissement de la culture assamaise et de ses traditions. Lorsque j'en aurai terminé avec mes études il est bien certain que j'aimerais beaucoup me rendre à la Réunion pour y faire connaître la danse Sattriya.

 

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Site Internet

  

   Si vous souhaitez en savoir plus encore sur Mridusmita Das, je vous recommande son site Internet, en anglais, qui comporte six rubriques principales. Vous y retrouverez notamment une page biographique, une présentation de la danse Sattriya, une évocation du gourou de l'artiste, une rétrospective des spectacles donnés et, bien sûr, des photographies pour illustrer le tout. Une page de contact vous indiquera les coordonnées téléphoniques et électroniques de la danseuse.
   L'adresse du site est : http://www.mridusattriya.com

     

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