Sadanand Kesri :

"Nous avons découvert l’évidence de notre similitude profonde enracinée dans notre nature humaine"

      
  

   Sadanand Kesri vient de publier, début 2012, un ouvrage intitulé Être indien en France : un entretien avec la psychologue Jeanine Mudryk. Ils y abordent essentiellement des questions spirituelles, dans un esprit dont le sous-titre donne un aperçu : "Un cœur oriental ouvert sur le monde occidental".


Interview  -  Le livre  -  Extrait


Interview

  • IR/LNRI : Sadanand Kesri, pourriez-vous tout d'abord vous présenter à nos lecteurs ?

SK : Pour résumer l’objet de mon livre qui est justement de me présenter, je dirai que grâce à mon expérience de double culture, je peux affirmer que la spiritualité, notre ressource universelle est un atout pour nous enrichir des autres. 

  • IR/LNRI : Quelle a été votre vie en Inde, où vous êtes né, et avant de venir en France à l'âge de vingt-cinq ans ?

SK : Une vie centrée sur ma recherche de l’être que j’étais ; je ressentais en effet essentiel pour moi de me développer en tant qu’essence humaine avant de me lancer à la conquête du monde ; j’ai donc donné priorité à la construction de « qui suis-je » profondément avant de répondre à la question : « que vais-je faire dans la vie » ; et la vie m’a ainsi guidé sur cette voie pour me donner la force intérieure grâce à laquelle je me confronte aux difficultés de la vie.

  • IR/LNRI : Quels liens vous unissent toujours à l'Inde et à Varanasi, votre ville natale ?

SK : Je suis profondément indien et spirituel ; Varanasi est mon lieu de référence, celui de ma famille d’origine et celui de mon origine spirituelle.

  • IR/LNRI : Qu'est-ce qui vous a poussé à venir en France et vous y installer ?

SK : Ma rencontre avec ma femme et l’intime conviction que je ressentais d’avoir à sortir des frontières de l’Inde pour représenter un symbole de spiritualité orientale et le témoigner par ma vie, et dans ma vie.

  • IR/LNRI : Vous animez des cours, des stages : pouvez-vous nous en dire davantage ?

SK : Aujourd’hui, beaucoup d’individus,  hommes et femmes confondus, ressentent un mal-être en France alors qu’ils vivent dans un pays dans l’ensemble très agréable. D’autres ne se satisfont pas de la vie matérielle, ont pris leur distance par rapport à toute forme de religion et se posent la question du sens de la vie. Les premiers  recherchent la fuite dans toutes sortes d’addictions médicamenteuses ou autres…. Les seconds recherchent une réponse existentielle à leur questionnement intérieur. Mes stages proposent de trouver en soi les solutions aux interrogations et difficultés qu’ils traversent. Nous sommes des êtres vivants dotés, à l’intérieur de nous, d’une richesse infinie dans laquelle nous pouvons puiser des ressources pour être heureux dans la vie. C’est ce que mes stages préconisent. Ils entraînent à une pratique simple à se découvrir comme élément de la nature vivante, et à changer de mode de vie pour privilégier une vie intérieure au détriment d’une frénésie de la consommation.

  • IR/LNRI : Pouvez-vous aussi nous parler de la Boutique des Indes, de ce que l'on y trouve et de la place qu'elle occupe dans votre vie ?

SK : La Boutique des Indes me situe objectivement ; des objets très divers allant de statuettes aux vêtements en passant par des bijoux, de l’encens et autres permettent d’offrir l’opportunité de disposer chez soi et sur soi, des traces de mon pays d’origine. La Boutique des Indes me relie à l’Inde matérielle. Par son canal, des informations  existent sur l’autre dimension de l’Inde que je fais découvrir dans mes ateliers, lesquels sont de nature immatérielle puisqu’ils sont spirituels. Ils correspondant à l’existence et à l’essence de notre condition humaine, ce qui concerne chacun d’entre nous, tôt ou tard, alors que nous sommes en pleine santé ou pas, que nous soyons jeunes ou pas, que nous soyons croyants ou pas. Pour ma part, je suis croyant.

  • IR/LNRI : Vous venez de publier un livre d'entretiens avec la psychologue Jeanine Mudryk : comment ce projet est-il né et quels sont les objectifs de cet ouvrage ?

SK : Ce livre est une rencontre de deux êtres humains différents, un homme que je suis, une femme qui est Jeanine Mudryk, de deux origines différentes, l’un oriental et l’autre occidental, de deux approches de l’être humain très différentes : la mienne en priorité est spirituelle, la sienne en priorité est psychologique et philosophique. Ce projet conjoint nous a permis de cheminer ensemble pendant la durée de réalisation de ce livre pour échanger en conversant sur des sujets très profonds mais très simples de notre vie quotidienne. Nous avons découvert l’évidence de notre similitude profonde enracinée dans notre nature humaine. Cette harmonie nous a permis de nous comprendre et lui a permis de se mettre à mon écoute pour restituer le sens de mes propos. Elle a pris la place d’un porte-parole de ma spiritualité pour la communiquer, sans la travestir, aux lecteurs afin qu’ils partagent ce lien.

  • IR/LNRI : Être indien en France - c'est le titre du livre - est-ce devenir un peu français ? Est-ce apporter un peu de la spiritualité indienne en France ?

SK : "Être indien en France", c’est découvrir la France et ses richesses mais c’est aussi apporter l’Inde en France, et tenter de faire communier les richesses entre elles pour qu’elles se renforcent. C’est un processus en cours et ma vie est à la disposition de ce projet car je ne cesse de découvrir la France. C’est une situation qui m’enrichit personnellement, c’est une chance pour moi aussi, que je n’oublie pas. Elle me place dans une position particulière car l’Orient et l’Occident sont différents par nature. Mais à l’époque où les distances ne veulent plus rien dire, je suis un accompagnateur symbolique de voyage en Inde, et ceci de façon permanente.

  • IR/LNRI : Vous sentez-vous porteur d'une spiritualité typiquement indienne, ou bien transcende-t-elle les frontières culturelles, religieuses... ?

SK : La spiritualité est à la fois au fond de chacun de nous comme une évidence et un potentiel. Elle est aussi ce qui au-delà du matériel et du mental, nous réunit de façon éternelle. Ma spiritualité m’est personnelle et en même temps elle est universelle puisqu’elle me relie à l’univers entier, au cosmos et à Dieu, comme chacune et chacun d’entre nous. Elle ne demande qu’une décision intime et personnelle pour s’épanouir chez tous les êtres humains. Mes stages sont utiles à cela aussi.

  • IR/LNRI : La plupart de vos propos, dans votre livre, sont empreints d'un optimisme profond, inspirés par votre destin personnel et votre sagesse personnelle : ne craignez-vous pas que l'on vous taxe d'une certaine naïveté ?

SK : Je ne crains aucun préjugé. Je me doute bien d’ailleurs que dans notre société où le matérialisme est roi, prôner une consommation raisonnée et un développement spirituel permanent peuvent être perçus comme naïfs ou décalés. J’assume parfaitement tout cela. Pour moi, l’essentiel est de témoigner comment trouver le bonheur en soi, comment décider d’être heureux de vivre sans toujours attendre de la société et des autres, des moyens pour le devenir alors que ces moyens ne nous le permettront pas, ou de manière fugace. Je crois à la simplicité, à l’humilité et à l’humanité, ce qui sans doute, paraît ringard ! Ma conviction repose bien entendu sur mon expérience de vie, mais viennent me rejoindre dans mon optimiste tous ceux qui pratiquent la méditation et qui ont, pour eux, compris que la méditation et la spiritualité à laquelle elle conduit sont plus fortes que l’image et la consommation. Ceci dit l’être humain est libre de ses choix !

  • IR/LNRI : Dans un monde qui semble de plus en plus marqué par un matérialisme effréné, que faut-il penser de la fameuse phrase d'André Malraux disant que le XXIe siècle serait spirituel ou ne serait pas ?

SK : André Malraux a sans doute compris que toutes les courses effrénées aux réussites matérielles diverses ne conduisaient qu’à engendrer de nouveaux besoins et une infinie insatisfaction doublée d’une fuite en avant permanente. Il a peut-être éprouvé ce malaise profond, ce mal-être existentiel dont la seule thérapeutique naturelle est l’acceptation de soi et de la réalité dans la poursuite de l’exploration de l’essence humaine profonde. Il a annoncé avec quelques années d’avance ce que beaucoup de ceux qui viennent me voir, me disent. Après avoir fait le tour de tout, avoir testé toutes les magiques recettes du bonheur, ils viennent méditer pour évoluer en spiritualité et se rendent compte de ses bienfaits durables.

  • IR/LNRI : Quels sont vos projets personnels ?

SK : Mes projets personnels sont, à plus ou moins long terme, lorsque les conditions le permettront, de me déployer sur trois types d’activités : la première à terme serait de créer un espace de bien-être (ashram ou retraite de méditation) ; la seconde serait d’organiser des voyages dans des lieux de spiritualité en Inde afin de développer une autre façon de voyager, de créer des liens avec des familles indiennes, de mettre l’accent sur l’aspect humain ; la troisième serait de continuer à écrire de façon à proposer une mise en pratique dans le quotidien des occidentaux de la conception du monde orientale qui m’est donnée grâce à mon expérience personnelle de vie racontée dans Être indien en France. Bien entendu, il s’agit pour moi de continuer aussi à promouvoir l’artisanat de mon pays et de le faire apprécier en France.

 

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Le livre

  

   Ce livre est une invitation à un cheminement philosophique, culturel et spirituel sous la forme d'une conversation entre un Indien résidant en France - Sadanand Kesri - et une psychologue française - Jeanine Mudryk -, à partir de nombreuses questions qui se posent dans l'existence.
   De la même façon que Carl Maria Von Weber nous invite à la valse, à nous laisser porter harmonieusement par la musique, cette conversation nous invite au voyage intérieur, promenade harmonieuse où vie rime avec poésie. Au rythme de chaque question, le tempo de cette aventure propose que cette lecture soit pour vous aussi agréable que possible, et ceci dès la première question.

Auteur : Sadanand KESRI - Jeanine MUDRYK
Editeur : The Book Edition
Rubrique : Sciences humaines
Style : Esotérisme
Format : Exlibris (14,8x21cm)
Impression : Noir & Blanc

     
 

Pages : 95
N° ISBN : 978-2-9541065-0-2.
Page facebook.

Pour se procurer le livre : http://www.thebookedition.com/etre-indien-en-france-sadanand-kesri---jeanine-mudryk-p-70475.html.

 

 

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Extrait

Ne croyez-vous pas que les difficultés graves de santé que vous avez connues ont joué dans votre vie un rôle essentiel quant à votre découverte de la spiritualité, à votre sensibilité particulière par rapport à elle et à la place que vous lui avez donnée dans votre vie ultérieurement ?

Certainement. Sans doute est-il important, peut-être nécessaire, d’être marqué par la vie pour prendre conscience, un jour, de ce que veut dire être vivant. Chaque être humain peut trouver dans sa vie des évènements, des signes marquants. Parfois, nous ne les accueillons pas toujours de cette façon, mais en cherchant bien, ils ont un sens. Ils donnent une orientation. Ils jouent un rôle pour nous ouvrir les yeux et le cœur.

Celui qui obtient tout de la vie très facilement n’aura pas nécessairement besoin ni envie de se poser des questions fondamentales de sens. S’interroger sur la spiritualité peut lui donner l’impression que cela ne peut rien lui apporter de plus. Pour moi, alors que je ne manquais de rien sur le plan matériel, je ressentais le besoin du spirituel pour faire sens, j’éprouvais un manque. J’avais pourtant reçu beaucoup d’amour mais ce n’était pas suffisant.

Durant toutes ces périodes difficiles, je ressentais une présence, invisible mais sensible, une sensation que je n’étais pas seul avec moi-même. Cette présence prenait de l’ampleur et de l’emprise sur moi avec le temps. Les trois garçons de notre famille, c’est-à-dire mes deux frères et moi-même, nous avons pourtant vécu de la même façon, vu les mêmes choses, sommes nés au sein de la même famille, avec les mêmes parents, et pourtant, nous sommes très différents. Nous avons assisté tous trois aux prières matinales familiales par exemple, mais tout cela n’a pas produit les mêmes effets sur chacun de nous. Mes deux autres frères ne sont pas semblables à moi

Comment est-il possible d’aimer tous les êtres ? Certains nous semblent plus proches de nous, d’autres plus éloignés, plus hostiles aussi ? Comment nous réconcilier avec ce sentiment ?

Nous parlions de vie, de vibrations, d’âme et de conscience. Or, lorsque nous sommes conscients, nous accédons par la spiritualité et ressentons le fait d’être reliés, d’être connectés à l’énergie divine. Certaines personnes, dans ce cas, disent qu’elles ressentent de bonnes ondes. Ne remarque-t-on pas que lorsque nous portons notre attention de façon plus spécifique à une plante, celle-ci nous rend le bonheur de s’épanouir, de se développer et de fleurir de façon plus harmonieuse que les autres autour ? Tous les êtres vivants ont besoin de l’énergie d’amour et nous sommes porteurs de cette énergie. Les animaux sont sensibles également à l’attention que nous leur portons et, en retour, nous rendent à leur façon les signes de leur gratitude. Lorsque nous sommes conscients de ce qu’est la vie, que la spiritualité nous a irradiés de l’évidence qu’avant tout, il est question d’amour, notre environnement en même temps que nous en est métamorphosé. Le fait que nous nous disions que nous apprécions davantage telle personne que telle autre devient secondaire car dans un premier temps, notre cœur devient assez grand pour y loger tout le monde, avec ses qualités et ses défauts. Ensuite, bien entendu, nous travaillerons davantage avec ceux dont nous partageons les orientations et c’est normal ! Mais il n’y aura plus d’hostilité, de jalousie, d’amertume. Il y aura simplement une acceptation positive des différences et un respect mutuel.

Lorsque des personnes prennent conscience d’un mal-être intérieur, elles se mettent à en souffrir et ressentent un profond malaise. Or, dans notre société, des médicaments « anti-mal-être » peuvent être consommés, qui soulagent de la souffrance tout en évitant de travailler sur les causes. Ces médicaments n’induisent-ils pas une insensibilité au monde extérieur, transformant peu à peu des humains en « robots » imperméables émotionnellement au contexte dans lequel ils évoluent ?

Effectivement, il y a là un problème éthique. Depuis longtemps, il est connu, et aujourd’hui davantage qu’hier, que certains médicaments, les antidépresseurs entre autres, sont souvent inutiles, parfois dangereux et instaurent une dépendance. Par ailleurs, ils créent l’illusion d’un bien-être, plombent les comptes de la sécurité sociale. Or, pour soigner ce type de problèmes chez une très grande majorité de personnes concernées, d’autres méthodes existent et la méditation en est une. Il se trouve qu’aujourd’hui, dans certains hôpitaux, y compris en France, des médecins commencent à utiliser la méditation avec leurs patients. Certains la pratiquent eux-mêmes. Avec la méditation, c’est la conscience qui nettoie le mental et pas les médicaments. Nous avons en nous-mêmes la thérapeutique. La personne n’est pas dépendante, ne connaît pas d’effets secondaires et le budget de la sécurité sociale ne sera pas ponctionné. La source du problème est donc éthique ; l’argent est en jeu, avec toutes les conséquences. Cet argent à gagner, sachant que les gens préfèrent des illusions à effet rapide que des solutions solides à effet lent mais durable, car là encore, l’illusion est plus attractive que l’éradication avec effort. Pour la cigarette, le problème est le même et certaines personnes ont utilisé énormément de pseudo-solutions alors que celles qui abordent la racine du problème est évitée ! Dans tous ces cas, lorsque vous arrêtez les médicaments, comme la réalité n’a pas changé, vous éprouvez un mal-être ou vous vous remettez à fumer. C’est complètement incroyable car c’est parfaitement connu ! Par ailleurs, ce qui est également totalement étonnant, c’est que l’on sait qu’avec la méditation, qui est naturelle, on augmente sa longévité, on ralentit le processus de vieillissement, on améliore sa concentration, sa capacité de mémorisation. Certaines maladies peuvent même disparaître petit à petit, l’organisme ayant retrouvé un équilibre intérieur. Mais parfois, certaines personnes refusent de faire l’effort minimum qui permet de pratiquer la méditation, elles se refusent leur mieux-être ! 

© Sadanand KESRI et Jeanine MUDRYK - Être indien en France - The Book Edition - 2012

 

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