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Indes réunionnaises
    

     HINDOUISME RÉUNIONNAIS ET HINDOUISME INDIEN.

   Patrice LOUAISEL


     L'Hindouisme est une tradition qui a plus de 6 000 ans si l'on en croit le produit des fouilles opérées au Pakistan et au Nord Ouest de l'Inde sur les sites de Mohenjo Daro en particulier. Quand et Comment s'est-il exporté sur notre petite île de la Réunion ?

   C'est tout d'abord en 1678 que la colonie, ayant un besoin pressant de femmes pour nos colons esseulés, que l'on a fait venir une douzaines de jeunes indiennes afin qu'elles puissent épouser nos colons qui risquaient de déserter l'île. Elles sont venues de la Côte de Malabar, à l'ouest de l'Inde, et plus particulièrement de GOA, ce comptoir qu'un siècle avant, les Portugais avaient colonisé. Ceux-ci avaient été nombreux à épouser des Indiennes, d'où de nombreux métissages. Ces jeunes femmes indo-portugaises étaient donc pour la plupart des métisses. Certaines appartenaient à la famille TEXEIRA DA MOTTA, francisée sous le nom de TECHER. D'autres, à la famille FERRERA, d'où le nom francisé de FERRERE... ces patronymes si communs à la Réunion. Durant l'Esclavage, il y a eu de 7 à 15 % d'Indiens parmi la population esclave, généralement venus des comptoirs français du sud de l'Inde, et notamment du Tamil Nadu, d'où leur nom de Tamouls. Jusqu'à l'abolition de l'Esclavage de 1848, il était impensable de ne pas être chrétien catholique. D'ailleurs tous les esclaves étaient baptisés d'office sur le lieu de traite et rebaptisés en arrivant à la Réunion de peur que ce soit mal fait. La messe était obligatoire tous les dimanches et il y avait amende pour le colon qui se serait dispensé de cette réglementation coloniale. A l'abolition de l'Esclavage, on parle dans les textes de "liberté de culte". En réalité, la pression catholique était forte, celle des colons aussi pour que tout le monde parte à la messe... et seules quelques exploitations ont consenti à l'érection d'un temple pour ne pas perdre leurs engagés qui cette fois étaient libres. Encore que pendant cette période, et compte tenu qu'il s'agissait principalement de "shudras" et "d'intouchables", donc de basses castes et de hors-castes, ces derniers n'avaient pas autorité pour enseigner la religion. Ils ont donc pris quelques manuels de rituels tamouls et ont construit une religion populaire, dégagée des enseignements brahmaniques (il était encore à l'époque hors de question d'autoriser la venue de brahmanes sur l'ile). Depuis le début du XXe siècle, il y a eu un fort développement de la pratique hindoue. Celle-ci, populaire, s'est appuyée sur les pusaris - prêtres locaux - qui ont orienté la pratique sur les temples et l'exercice des rituels et des cérémonies traditionnelles populaires (fêtes KARLI, MARIAMEN, Marches sur le Feu, Cavadees...). La partie symbolique et philosophique de l'hindouisme n'a dès lors été enseignée aux pratiquants volontaires que depuis quelques décennies, le plus souvent par des Swamis d'ashrams à l'arrière des grands temples des villes et dans les ashrams. Il était urgent d'intégrer dans l'hindouisme réunionnais cette part essentielle de l'enseignement des Sages indiens, sous peine de limiter sa pratique à un simple échange entre le pénitent et sa divinité d'élection. Les valeurs morales et éthiques sont en effet fondamentales à toute religion et il y a risque, à défaut, de comportements pathogènes au sein des temples, se traduisant en inévitables conflits.

   Nos fidèles auraient donc tout intérêt à se livrer nombreux à un apprentissage du symbolisme et de la philosophie des maîtres et des Sages, afin d'ouvrir leur cœur et leur âme à l'Absolu et à développer en eux un comportement d'ouverture, de respect, de tolérance non seulement à l'égard des membres de leur communauté mais aussi à l'égard des autres communautés de l'île. Trop nombreux sont encore les temples tamouls fermés aux visiteurs, où il est même interdit de contourner le site religieux, voire de prendre des photos extérieures. Il est aujourd'hui plus difficile d'approcher un temple tamoul que d'entrer ou de photographier une mosquée...

   Où sont donc passés l'Amour et la Tolérance, ces valeurs si fondamentales, prônées par les Maîtres, Sages et Prophètes de toutes les religions du monde ? Mes frères de religion, il est grand temps que nous adaptions nos comportements aux enseignements fondamentaux de l'hindouisme.

© Patrice Louaisel, 2010

 

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