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Indes réunionnaises
    

    LE CARROM ET CARROMINFO

   Émilie NEUHAUSER


 Le Carrom : un peu d’histoire…

   Ce jeu, que l'on appelle également "billard indien", a des origines lointaines et forcément obscures.
   La légende prétend que le Carrom fut inventé en Inde par les Maharajahs alors que d’autres pensent qu’il y fut importé par les britanniques lors de la colonisation.
   L'Inde est-elle d'ailleurs son berceau ? Rien n'est moins sûr. D’autres pays sont évoqués comme le Yémen et l’Ethiopie, on a d’ailleurs retrouvé les traces d’un jeu similaire dans une tombe abyssinienne vieille de 2000 ans. Il a en effet existé maintes variantes dans les habitudes et dans les règles, longtemps non écrites, du Carrom, et ce en fonction notamment des divers contextes géographiques où il a été et est pratiqué.
   Cependant, il semblerait que depuis deux siècles environ la forme actuelle du jeu ait pris naissance en Asie du sud, à partir de formes plus anciennes et plus variées.
  
L’origine étymologique est elle aussi multiple.
   Certaines sources avancent que l
e mot, aurait été véhiculé par les Portugais, qui l'auraient diffusé à partir de leurs anciennes colonies indonésiennes, peut-être plus précisément de l'île de Timor. Là-bas, le karom désignait un fruit, que l'on connaît à la Réunion sous le nom de carambole.
   D’autres sources rattachent le Carrom au billard. En effet, les termes « caramboler », « carambolage », « canon » sont
typiques du vocabulaire du billard. D’ailleurs, « Carom » est utilisé pour désigner le billard français et artistique. Les ressemblances étymologiques et le principe du jeu affirment un lien de parenté indéniable entre le billard et le Carrom.
   Quoiqu’il en soit il doit son nom de billard indien à la ferveur qu’il suscite en Inde : il est devenu depuis le siècle dernier le passe-temps favori des habitants de l’Inde, 2
e sport national après le cricket ! Avec plus de 22 millions de licenciés, la Carrom y est une véritable institution au point d’apparaître aux programmes des activités sportives scolaires.

 Description et règles du jeu

   Une table de Carrom ressemble à un mini billard en bois, carré, avec des trous dans chaque coin. Sur le plateau se déplacent 9 pions blancs, 9 pions noirs, un pion rouge appelé Reine et un palet de tir, plus grand. C’est à l’aide de ce palet que l’on joue les pions en essayant de faire rentrer ceux de sa couleur dans les trous.
   Le Carrom se joue à 2 ou à 4. Chaque joueur (ou équipe) dispose d’une couleur de pion et doit les rentrer dans les trous avant l’adversaire pour gagner. Pour cela, il doit les percuter à l’aide d’un palet qu’il envoie d’une pichenette du doigt. Comme au billard, celui qui a rentré tous ses pions et la Reine remporte la partie. Pour améliorer la glisse, on saupoudre le plateau de fécule de pomme terre très fine. Dans les compétitions de haut niveau, une lampe est souvent positionnée au-dessus du plateau de jeu pour accroître la température de la poudre et du plateau en bois, facilitant ainsi la glisse des pions.

   Les règles du jeu

   Le carrom est un jeu qui se joue à deux ou à quatre personnes.
   Au centre du plateau sont disposés 9 pions blancs, 9 pions noirs et un pion rouge également appelé « reine ».

   Celui qui commence a les pions blancs, et le but du jeu est de rentrer tous les pions de sa couleur dans les quatre trous de la surface de jeu. Il faut pour cela les percuter à l’aide d’un petit palet en résine que l’on déplace sur la zone de tir située face à soi.
   Le palet doit toujours toucher les deux lignes de cette zone de tir, et compte tenu de cela, il est possible de viser n’importe quel pion (les tirs en arrière étant donc autorisés).
   Tant que le joueur rentre ses pions, il continue de jouer, reprenant à chaque fois le palet afin de le repositionner sur les deux lignes.
   Dès qu’il manque son coup, c’est au tour de son adversaire de prendre la main.
   Celui qui remporte le plateau est celui qui a rentré tous ses pions le premier, et son score sera déterminé par le nombre de pions qui reste à son adversaire sur le plateau. Le joueur qui atteint 25 points gagne la partie.
   La Reine constitue dans le jeu un bonus de trois points.
   Elle peut être rentrée à n’importe quel moment de la partie à partir du moment où un pion de la couleur de celui qui le tente est déjà rentré. Quand un joueur la rentre, il doit alors rentrer un pion de sa couleur le coup
suivant (pas forcément dans le même trou), et on dit qu’il a confirmé la reine.
   Elle comptera comme bonus uniquement dans le cas où ce joueur remporterait le plateau, et s’ajoutera donc au nombre de pions qui restent à l’adversaire. Sinon elle ne comptera pour personne. Si elle n’est pas confirmée immédiatement après avoir été rentrée, elle est remise en jeu au centre du plateau.
   Quelques pénalités :
 - Si un joueur met le palet dans un trou au cours de la partie, il doit ressortir un pion de sa couleur, que l’adversaire replace dans la rosace, et perd la main.
 - Si un joueur rentre un pion de sa couleur plus le palet dans un même coup, il doit ressortir deux pions de sa couleur, toujours replacés par l’adversaire, et continue de jouer.
 
- Si au cours du plateau un joueur rentre un pion de son adversaire, c’est tant mieux pour l’adversaire, et il perd la main, sauf dans le cas où dans le même coup il a rentré un pion de l’adversaire et un pion de sa couleur.

L’expansion du Carrom dans le monde

   Le Carrom connaît depuis plusieurs décennies un engouement qui ne se dément pas. Le jeu était certes déjà très populaire dans des pays tels que l'Inde, Pakistan, Népal, Maldives, Bangladesh ou Sri Lanka, mais ce sont à présent plusieurs continents qui sont concernés ! Comment expliquer la diffusion du jeu dans le monde ?
  
* transmission culturelle : On retrouve ce jeu dans tous les pays où existe une forte communauté indienne. C’est ainsi que l’Afrique du Sud, la Réunion, l’Ile Maurice, l’Amérique du Nord, les pays du Proche et Moyen-Orient, l’Asie du Sud-Est, l’Australie sont des pays où l’on joue au Carrom.
  
* l’engouement pour l’Inde dans les années 60-70 : Dans les années 60-70, le Carrom a commencé à faire apparition dans les foyers européens du fait de l’engouement que l’Asie et plus particulièrement l’Inde a provoqué chez les jeunes occidentaux à cette période.

L’histoire moderne du Carrom

   L'histoire moderne du Carrom repose sur plusieurs phénomènes.
  
- la fixation des règles
  
Les premières compétitions officielles se sont déroulées en Inde et au Sri Lanka à partir de 1925. A cette époque, le jeu ne connait pas de règles uniformes et la façon de jouer diffère selon les pays et les régions où l’on pouvait découvrir ce jeu. Madras et Bombay ont été pionnières dans l’organisation fédérale du Carrom et, sous l’impulsion de ces 2 villes, est créée, en 1956, la « All India Carrom Federation », première Fédération Nationale de Carrom. Une de ses plus importantes missions, est d’établir une réglementation unifiée, nécessaire à tout projet de compétition organisée. D’autres pays d’Asie suivent et, dès les années 60, se déroulent différentes confrontations internationales.
   En effet, en 1961, une équipe sri lankaise participe au Championnat National Indien à Bombay. C’est la première d’une longue série de rencontre entre ces 2 pays phares du Carrom. Suivent les premiers test matches (sorte de rencontres internationales amicales) entre l’Inde et le Sri Lanka. Dans cette lignée, des championnats nationaux se mettent en place au Pakistan, Afghanistan, Malaisie, Bangladesh, Népal et aux Maldives. Un premier pas vers l’unification des règles de jeu vient d’être fait. C’est d’ailleurs à cette période et ceci pour la première fois, qu’une règle du jeu indienne a été publiée en concertation avec les Fédérations asiatiques existantes.
  
- l'extension des zones géographiques de la pratique du jeu
  
Le Carrom est apparu en Europe dans les années 60. L’importation commerciale a débuté dans les années 70, et des tournois se sont mis en place en Suisse, en Allemagne et en Hollande. Ces 3 pays ont été les pionniers en Europe d’une organisation officielle du Carrom en créant dans les années 80 des Fédérations nationales. Une étape importante pour le Carrom en Europe a été l’organisation des fameux « FICTT » (First Intercontinental Carrom Test Tournaments) qui ont eu lieu en Suisse et en Allemagne en 1985. Ces évènements ont montré la nécessité d’élaborer des règles de jeu communes à tout le monde. A partir de cette époque, le Carrom va prendre une dimension internationale et ce notamment grâce à l’uniformisation des règles. Les 25/03/1986 à Madras (Inde) et 03/04/1986 à Colombo (Sri Lanka), les Fédérations européennes et asiatiques se sont rencontrées et ont mis en place une règle de jeu valable sur le plan international. Celle-ci, appelé « Règle de jeu internationale de carrom », a été établie sur la base de la règle indienne de 1980.
   Cet événement majeur a rapproché les joueurs de carrom du monde entier. Ces règles permettent maintenant à toutes les équipes de s’entendre sur un « Standard International » qui couvre les dimensions du jeu, des pièces et toutes les questions de procédure que l’on peut concevoir.
  
- l'évolution internationale
  
La Fédération Internationale de Carrom (ICF) a été créée le 15 octobre1988 à Madras dans le but de coordonner les activités des Fédérations nationales, les compétitions et la promotion du jeu à l’échelle internationale. Les pays membres de l'ICF sont l’Allemagne, l’Australie, le Bahrein, le Bangladesh, la Corée du Sud, les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne, l’Inde, l’Italie, le Japon, la Malaisie, les Maldives, la Nouvelle-Zélande, le Pakistan, le Portugal, Singapour, le Sri Lanka et la Suisse.
   Trois années plus tard, en juillet 1991, la
Confédération Européenne de Carrom (ECC) a été fondée dans le même esprit que l’ICF mais à l’échelle européenne. Celle-ci regroupe les Fédérations allemande, suisse, hollandaise, anglaise, italienne et française.

Le Carrom en France

   La Fédération Française de Carrom (FFC), dernière née des fédérations européennes, créée en 1998, se montre actuellement une des plus dynamiques en Europe. En 10 ans, elle a déjà organisé 2 Opens Internationaux (1998 à Palaiseau et 2003 à Cannes), 2 Coupe d’Europe (2001 à Millau et 2006 à St-Rome de Dolan) et le Championnat du Monde en 2008 à Cannes, pour la première fois hors d’Asie.
   Son niveau de jeu est aussi à la hauteur puisque Pierre Dubois est double champion d’Europe en titre (2006 et 2007), Steeve Collard vice champion d’Europe 2006 et l’équipe de France vice championne d’Europe 2007.
   De nombreuses associations de carrom existent à travers la France, elles organisent régulièrement des tournois ou des animations. Toutes leurs coordonnées sont sur le blog « carrominfo ».

« Carrominfo », le blog du carrom en France

   Si vous voulez en savoir plus, rendez vous sur www.carrominfo.wordpress.com
   Ce blog, créé en juin 2008 par Émilie (1ère française au classement national), a déjà reçu près de 20 000 curieux à la recherche de :

  • conseils sur le choix du matériel, les techniques de jeux, comment choisir un bon carrom,
  • règles du jeu : officielles ou non,
  • contacts pour jouer au carrom en France et à l’étranger,
  • l’agenda des animations et des tournois,
  • conseils pour créer son association de carrom.

   Ce blog alimenté par les associations de carrom, les joueurs du dimanche et les vrais compétiteurs est agrémenté de nombreuses photos et vidéos.
   Un forum est disponible pour les questions ou commentaires et pour les plus timides, Émilie est derrière le mail  [email protected] pour vous renseigner.

© Émilie - 2009


   Voir aussi notre rubrique consacrée au carrom...

 

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